En ce dernier samedi de février nous avons décidé d’explorer une des vallées qui descendent du Coronat. Avec ses 2172 mètres le massif fait face au Canigou et reste souvent un des derniers sommets à être couronné de neige.
Après avoir abandonné à Ria les fous de ski qui se ruaient en ce jour de début de vacances sur la route du Conflent, nous avons vite fait halte au charmant village de Conat pour mettre le cap sur le hameau de Llugols par un sentier escarpé.
Nous avons été une fois encore soufflées de voir à quel point les anciens étaient industrieux. Où que se porte la vue ce ne sont que terrasses, orris et impressionnants murs de pierre sèche qui rythment la grimpette. Même chose pour la vertigineuse descente au retour.
Dire que tous ces lopins de terre furent cultivés !
Nous ne l’affirmerons pas mais il y a fort à parier qu’en prime le sentier était aménagé car en de nombreux endroits le sol est empierré avec une telle régularité que ce ne semble pas être le fruit du hasard !
Cela se justifierait d’ailleurs puisque Conat est surplombé par la chapelle sainte Marguerite de Nabilles perchée à quelques 800 mètres. Elle veille depuis le treizième siècle sur un hameau dont il ne reste que quelques murs écroulés.
Est-ce la peste qui en a décimé la population comme ce fut le cas à Llugols ?
Le point de vue est époustouflant et très décoiffant surtout par forte Tramontane et bien qu’assez dégradée, la chapelle est d’une grande beauté.
Cette fois cependant nous poursuivions un but bien précis, trouver les fameuses pierres gravées qui couvrent le Pla de Balençou. Sans doute ne le savez pas mais nous sommes des fadas de vieilles pierres. Nous pouvons faire des kilomètres pour admirer un tas de cailloux. Nous pistons les dolmens, les tumuli. Les gravures rupestres nous font délirer.
Nous n’avons pas été déçues. Le Pla de Balençou est un haut plateau parsemé de thym et pour la grande joie de Virgile de bouse et de crottin. Nous y avons également découvert une multitude de dalles, quasiment horizontales recouvertes de motifs gravés : des croix, des formes géométriques, une possible représentation humaine.
De nombreuses cupules creusées dans la roche donnent à penser que des offrandes étaient régulièrement pratiquées sur ce plateau et que ces représentations peuvent sans doute être associées à un culte (païen) puisqu’elles sont antérieures au christianisme.
En voilà d’ailleurs une découverte qui m’a étonnée à une époque : la Croix n’a pas toujours été un symbole chrétien.
Elle est l’un des 4 symboles fondamentaux avec le Centre, le Cercle et le Carré.
Que des « C » !
La croix a une symbolique cosmique, c’est entre autre la symbolisation de la communication Terre-ciel.
Le Carré symbolise la Terre, c’est la solidification, la stabilisation dans la perfection.
Le cercle est le symbole de la perfection car la manifestation de l’être unique.
Quant au centre, c’est « Tout ».
Avec les moyens du bord, du crottin séché réduit en poussière, nous avons retracé les contours d’une foule de signes.
Lorsque l’on regarde ces figures gravées, toutes réunies sur une seule et même pierre, on reste confondu !
Non ?
Reste pour nous un mystère à résoudre : qui étaient ces hommes qui vivaient là ?
Vivaient ils du pastoralisme dès que la saison était propice ?
Est-ce dans le cadre de cette vie nomade qu’ils pratiquaient leur culte car nul doute qu’il s’agissait d’un culte (monothéiste vu la présence du cercle) ?
Quelles merveilles sur fond de Canigou !
Dire que j'oubliais les 2 ponts romans sur le trajet du retour. C’est beau, non ?
Do