C’est le titre que nous avions choisi il y a bien longtemps pour ce recueil que nous avons décidé de mettre sur notre blog.
Nous avons décidé de le faire connaître par ce biais ayant renoncé à l’éditer.
C’est décidément trop galère !
Cela ne rapporte vraiment qu’à l’éditeur, éventuellement aux libraires.
L’auteur, lui, n’a jamais le produit qui se vend bien.
Comme ce qui nous importe est de faire connaître ce recueil et non de toucher des royalties, nous allons donc vous le présenter par épisodes successifs.
Tous ces enfants sont adultes aujourd’hui mais nous avons de leurs parents les autorisations de publier leurs portraits.
Voici donc la préface et la page de couverture. C’est parti !
Pourquoi tu m’rigoles ?
Ce recueil a pour mission de témoigner de ce que fut la Maternelle telle que nous l’avons connue « jadis », un lieu où tout était sérieux, surtout le jeu.
La maîtresse, nous en étions, attrapait tics et manies des enfants.
Peinture dans les cheveux, paillettes aux joues, ongles endeuillés d’encre de chine, notre look était parfois peu valorisant.
Il n’était alors pas question de professeur des écoles, « l’instituteur » selon un terme qui renvoie à Montaigne « de l’institution des enfants » était un personnage extraordinaire aux yeux des enfants.
Pour eux, nous étions de purs esprits ne quittant pas l’école, épargnées par les vicissitudes de la vie. C’est à peine s’ils admettaient que nous savions faire du vélo sans petites roues. Nous ne nous en formalisions pas.
Invités dans les familles, les enfants nous attendaient comme le Messie, nous arrivions auréolées de gloire. Gloire que seuls les Inspecteurs de l’Education Nationale affectaient d’ignorer.
Aujourd’hui, tout a changé, la Maternelle que nous avons connue, où nous avons pris plaisir à enseigner, a vécu. Elle n’est plus !
Les ministres successifs ont sonné le glas de « la petite école » qui avait tout d’une grande !
Les petits y entraient à 2 ans et pour autant nous ne changions pas les couches. Les enseignants parlaient d’affectif et ce n’était pas un « gros mot » comme cela se disait récemment dans un certain IUFM. Avant de nous adresser à nos élèves nous ne perdions pas de vue qu’ils étaient des enfants et qu’une bonne dose d’Amour aide à bien grandir.
Les parents n’étaient pas nos ennemis, nous avions plaisir à nous rencontrer, à partager mais il était entendu que nos rôles étaient complémentaires.
Les fêtes d’école n’avaient pas vocation à faire du « fric ».
Gérer la coopérative scolaire ne requérait pas des compétences d’expert comptable. Nous n’étions pas contrôlés avec le zèle qui est de mise aujourd’hui mais que ne connaissent même pas les politiques véreux.
Le « tout sécurité » n’avait pas encore été inventé.
Nous y avons cuisiné, dégusté tout ce que les parents préparaient à notre intention, bonne occasion de travailler sur leurs recettes !
Personne ne se posait la question de savoir si le chien de la maison était présent ou non au moment de la conception du produit et si la cuisinière s’était correctement lavée les mains.
Les « instits » n’étaient pas accusés de rendre la France obèse avec leur collation matinale.
Comme nous ne nagions pas comme Johnny Weissmuller, nous allions à la piscine où des maîtres nageurs dispensaient leur savoir. Nos inspecteurs admettaient que le corps enseignant ait quelques lacunes ! Nous bénéficiions d’initiation au hockey, à l’équitation, au patin à roulettes.
En cas de chutes nous n’avions pas à craindre de nous retrouver au trou d’ailleurs il était inutile d’harnacher les enfants de protections multiples pour tester la glisse des patins « Fisher Price ». Ségolène Royale n’avait pas encore sévi.
Hiérarchie, parents admettaient que le risque zéro n’existe pas, il n’y avait pas obligatoirement de coupable. Les parents reconnaissaient même qu’en famille les accidents étaient possibles.
Nous avons eu la chance d’enseigner selon l’esprit de Célestin Freinet en privilégiant une pédagogie s’appuyant sur le vécu. L’enfant était l’acteur de son apprentissage.
Il ne remplissait pas un cahier de vie, il vivait !
L’enfant expérimentait, tâtonnait.
Personne n’aurait songé à instaurer du soutien scolaire durant les vacances, ce n’était pas nécessaire ! Il n’y avait pas à proprement parler d’échec, au mieux l’échec était formateur !
Nous avons mené nos classes comme nous le sentions, apporté du bonheur aux enfants lors de leurs années d’école jusqu’à l’heure de notre cessation d’activité, notre qualité d’ancien nous ayant permis de faire de la résistance passive.
Nombreux sont ceux de nos élèves qui en témoignent aujourd’hui.
Exaspérées de temps en temps dans l’exercice de notre profession, nous avons très souvent craqué devant les frimousses et les réflexions des bambins que nous avons eu mission d’instruire. Il n’y avait qu’un seul responsable à notre malaise : notre hiérarchie.
Ce regard sur l’enfance, nous l’avons porté tout au long de notre carrière nous donnant comme mission d’en conserver la trace.
Nous restituons ici l’enfant poète malgré lui, plein de gouaille ou d’amertume, sans complaisance, au travers de photos et de petits mots collectés en classe, en sorties ou en centre de loisirs où nous avons sévi 23 ans !.
« Pourquoi tu m’rigoles » n’est rien d’autre qu’un recueil poétique !
A suivre
Do et Frédo