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2 décembre 2024 1 02 /12 /décembre /2024 21:08
De notre passé d'enseignantes et nous ne sommes pas seules, il nous est resté quelques particularismes langagiers principalement, mais pas que !
Nos références littéraires peuvent sembler basiques à certains mais précisons que si nous nous régalons des Trois Brigands de Tomi Ungerer ou du Sacré Père Noël de Briggs nous sommes capables d'avaler des ouvrages que beaucoup considèrent indigestes comme le Serpent Cosmique de Jérémy Narby (que je vous recommande chaudement).
Toujours est-il que nous sommes restées jeunes dans notre tête et que cette petite nouvelle est née d'un délire commun avec Frédo.
Ce que je vous présente aujourd'hui est en fait un rêve que nous aurions bien aimé concrétiser lorsque notre mère était en Maison de retraite.
En compagnie de notre fox Virgile nous y avons pratiqué des animations au pied levé, servi et partagé les goûters, donné de l'attention aux résidents.
Fifine notamment était une de nos chouchoutes mais n'a pas eu la chance du personnage de ma nouvelle l Pour toute réponse à sa fugue, sa famille et la direction l'ont basculée dans l'espace sécurisé des personnes atteintes d’Alzheimer !
En fait cette nouvelle poursuit un but, faire en sorte qu'un jour cela devienne une réalité. Ce n'est pas parce que l'on attrape un âge certain, et même un grand âge, que l'on n'a plus envie de vivre.
Notre grand-oncle Georges s'était inscrit au tir à l'arc à 95 ans, Jeannine notre mère appréciait les bains de mer ou en piscine à 96 ans sonnés !
Alors ?
Pourquoi pas !
Bonne lecture
Dominique

 

 

Y’a de la joie

Nouvelle de Dominique Longville
Il est des jours où tout s’annonce sous les meilleurs auspices, c’est le cas en ce lundi pour Bianca. Une semaine placée sous le signe de la joie.
Animatrice à l’EHPAD « les Arbousiers », elle peine généralement à mobiliser les résidents ; encore n’est-ce pas son seul problème car beaucoup cèdent devant sa joie de vivre, son bagout et surtout sa gentillesse. Elle connaît les travers de chacun et d’instinct perçoit la faille qui va lui permettre de faire sauter la carapace d’indifférence que certains se construisent pour oublier leur solitude.
Le vrai problème est le directeur de l’établissement. Un administratif pur et dur qui ne partage jamais ses idées et même si les membres du Conseil de Vie Sociale approuvent ses initiatives, Bianca peine à mettre en œuvre ses multiples projets.
Face à un homme qui parle chiffres uniquement, reste indifférent au bien-être des résidents et traite le personnel avec mépris, l’animation est le cadet de ses soucis.
Elle a pourtant réussi à imposer son point de vue quant à ce qui est devenu le fer de lance des Arbousiers en matière d’animation. Un projet qui ne coûte pas un sou à l’établissement mais lui vaut une notoriété certaine.
Si beaucoup de résidences pour personnes âgées accueillent des enfants d’âge scolaire pour des moments festifs voire de petits ateliers, aux Arbousiers rien de tel ! Les visiteurs, il serait plus juste d’ailleurs de parler de visiteuses, ont l’âge des résidents mais un peps du tonnerre !
Tout est parti d’un conseil de vie sociale au cours duquel Bianca exposait un projet d’atelier art plastique qui lui tenait à cœur. La virulente opposition du directeur avait été balayée par la détermination de l’un des membres de ce conseil. En un tour de main, l’affaire était bouclée et tous les problèmes de logistique résolus avant même d’avoir été évoqués.
C’est ainsi que depuis une petite année maintenant, au moins deux fois par mois, un groupe de septuagénaires déjantées vient prêter main forte à Bianca pour animer des ateliers créatifs.
Muguette, Yéyette, Féerique, Labelle et Quinine bousculent de leur bonne humeur le calme des Arbousiers et réjouissent Bianca.
Enseignantes en maternelle en cessation d’activité, elles se connaissent depuis de nombreuses années. D’abord par jeu puis par habitude, elles ont pris le pli de s’appeler tel que les prénommaient leurs petits élèves.
Les soirées « resto », les randonnées, le jardinage en bonne compagnie ne leur suffisant plus, elles piaffaient, cherchant comment se rendre utile.
C’est en rendant visite à une amie « enfermée » contre son gré aux Arbousiers par une famille ingrate et intéressée que Labelle a décidé de passer à l’action.
Sortir son amie d’une routine mortifère était devenu son cheval de bataille mais hors de question pour elle de ne pas inclure d’autres résidents.
Elle venait à peine de décrire la triste situation de sa vieille copine que Quinine montait sur ses grands chevaux. Telle Muriel Robin dans un de ses sketchs phare, elle se mit à énumérer tout ce qui lui passait par la tête comme possibilités d’actions.
Il s’en est fallu de peu qu’elle monte un commando pour venir enlever la malheureuse !
Elles décidèrent de se proposer pour seconder Bianca dans l’animation des ateliers d’arts plastiques ! Chacune avait gardé la nostalgie de ces moments privilégiés quand, avec les enfants, priorité était laissée à l’imagination. Restait à ressortir la documentation qu’elles avaient conservée au fil de leur carrière pour l’adapter à leur nouveau public.
Leur arrivée aux Arbousiers ne passa pas inaperçue. Pour parer à toute difficulté liée au manque de moyens, elles arrivèrent chargées comme des baudets avec tout un matériel issu de leurs réserves personnelles.
Passé un temps d’observation, un groupe d’aficionados s’est constitué et ses membres n’auraient manquer sous aucun prétexte les ateliers des premiers mercredis du mois, des ateliers qui jouaient invariablement les prolongations les mercredis suivants.
D’abord cantonnés à l’intérieur de l’établissement, le projet prenant une certaine envergure, les « maîtresses » comme les appellent les résidents eurent l’idée de dépasser le stade des « patouilles ».
La fugue de l’une des pensionnaires des Arbousiers fut le déclencheur. Fifine, une petite dame toute menue de 90 printemps, décida un beau jour de rentrer chez elle. Sa fille domiciliée en Cerdagne n’ayant pu faire la route depuis plusieurs semaines compte-tenu des conditions météorologiques hivernales, Fifine se languissait de solitude. Nantie d’une excellente motricité, elle était déjà parvenue à la porte de son ancien domicile quand le jardinier de l’EHPAD l’intercepta une demie heure après son départ. Il fallut beaucoup de persuasion au nouvel occupant du dit domicile pour obtenir le droit de ramener lui-même Fifine dans l’après-midi. La joie de la vieille dame se retrouvant dans ses murs était si touchante que le jardinier n’insista pas.
Féerique se repassait en boucle cette escapade, elle y voyait un signe du destin. Sortir les résidents, les remettre dans la vie, voilà qu’elle était leur mission.
Elles allaient tâter le terrain lors du prochain atelier et voir si la perspective de visites à caractère culturel en tentait certains. Après tout les villages des environs offrent quelques chouettes découvertes, une source d’inspiration pour des ateliers créatifs !
Le premier mercredi de Mai, elles étaient sur le pont et Bianca qui avait été mise au parfum piaffait dans les starting-blocks. Un dénommé « Prof » fut le premier à arriver, suivi de peu par celle que tout le monde surnommait « madame Grincheuse ». Pas vraiment sympa comme surnom mais au palmarès des rabats-joie, elle battait tout le monde à plate couture. Il avait été convenu que ce serait Yéyette qui prendrait la parole au désespoir de Muguette.
Yéyette avait toujours enseigné en petite section de maternelle, son langage était précis, sans phrase alambiquée, tout le contraire de Muguette qui se perdait toujours dans une foule de détails rendant ses propos difficilement compréhensibles.
Fifine fut la première à réagir, elle était partante et déjà gagnait la porte.
Madame Grincheuse, de son côté, voulait des précisions, pourquoi sortir des Arbousiers, quand, où irait-on et comment ?
Ce fut au tour de Quinine de prendre la parole. Une belle exposition était proposée au Musée transfrontalier du village voisin, des fragments de mosaïques de l’époque romaine étaient exposées, ce pourrait être leur première sortie avec en bonus un goûter à la cafétéria.
L’enthousiasme fut général.
Le premier obstacle, bien évidemment était venu du directeur, hors de question d’utiliser la petite estafette de 8 places pour sortir les « patouilleurs » !
Qu’à cela ne tienne !
Les maîtresses, immédiatement trouvèrent la parade, servir de taxi et véhiculer les résidents, tout en imaginant bien que le directeur allait trouver à y redire ! Pour le court-circuiter Labelle, qui connaissait pas mal de familles, se chargea de recueillir leur assentiment pour sortir leurs parents !
Il ne s’en trouva pas un pour refuser. Après tout que d’autres fassent ce qu’ils ne pouvaient ou voulaient pas faire n’était pas pour leur déplaire.
Bianca connut alors un grand moment de jubilation quand, comme chacun s’y attendait le « dirlo », - il avait hérité récemment du surnom -, objecta qu’il lui était impossible d’autoriser des résidents dont il avait charge à quitter l’établissement.
Elle le laissa dire puis lui présenta les documents recueillis auprès des familles. Elle buvait du petit lait lorsqu’il se contenta d’un « soit » laconique tout en la foudroyant du regard. C’est au moment de quitter le bureau qu’elle décocha sa dernière banderille lui faisant remarquer qu’aucune des personnes participant à l’atelier étant sous tutelle ou curatelle, légalement elles étaient aptes à se prendre en charge.
La bête était à terre !
Un tonnerre d’applaudissements l’accueillit lorsque qu’elle retrouva sa fine équipe dans la salle dévolue aux diverses activités, même madame « Grincheuse » se dérida, quant à « Prof » c’est avec emphase qu’il déclama une maxime de son cher Virgile.
Attrapant Bianca par les épaules, la regardant droit dans les yeux, il lâcha :
- « Audentes fortuna juvat, autrement dit la chance sourit à ceux qui osent, ma chère Bianca ! »
Le mercredi suivant un aréopage de véhicules quitta les Arbousiers pour le village voisin et ce n’est pas huit résidents qui envahirent le musée mais une petite vingtaine. Alléchés à la perspective d’une sortie inespérée, retrouver la vraie vie en avait motivé plus d’un. A partir de ce jour un regain de créativité secoua le calme des Arbousiers. Les « artistes » comme ils se nommaient entre eux faisaient feu de tout bois même en dehors de l’atelier et sans avoir recours à leur animatrice. Les familles de résidents en visite croisaient fréquemment de curieux paroissiens, paillettes dans les cheveux, joues et tabliers barbouillés, ceux-ci faisaient d’incessants allers-retours d’une chambre à l’autre.
L’atelier mensuel était devenu quasiment hebdomadaire, les maîtresses étaient aux anges et nourrissaient un nouveau projet, réaliser des mosaïques en s’inspirant de celles découvertes au musée. C’est en baguenaudant au Racou et découvrant des murets décorés que Quinine et Féerique en avaient eu l’idée. Instantanément elles échafaudèrent, comme tout enseignant qui se respecte, un projet.
Inutile de songer à agrémenter les Arbousiers de mosaïques, par contre inviter les patouilleurs à décorer leur jardin n’était pas une mauvaise idée. Elles réunirent une documentation fournie afin de présenter quelques exemples de réalisations dont celles du Racou évidemment.
Une fois l’équipe motivée, Quinine qui avec ses élèves avait décoré le sol du patio de son école leur expliqua le déroulement des opérations gardant le meilleur pour la fin !
S’ils étaient partants, Féerique et elle les invitaient à venir décorer leur jardin, un vaste espace arboré doté d’un joli cabanon et d’une tonnelle !
L’enthousiasme fut immédiat et sous la conduite de Bianca la liste du matériel à prévoir fut dressée. Restait à concevoir les motifs ! Cela supposait de la part de chacun la création de maquettes, toutes techniques graphiques étant acceptées.
Les maîtresses se déchaînaient, les remarques fusaient. Les patouilleurs restaient perplexes, ne comprenant plus grand chose à ce vocabulaire d’initié.
- Il nous faudra la « grosse murelle » tonnait Muguette
- Enfin Yéyette on n’a pas besoin de « ciseaux grimpeurs », faisait remarquer Labelle
Plus la liste s’allongeait plus le moral de Bianca chutait, où trouver les fonds pour se procurer le matériel nécessaire ?
Une nouvelle venue dans l’équipe des maîtresses, Marilélène leur objecta qu’il n’y avait rien de plus simple. Elles allaient renouer avec le bon vieux temps et aller mendier auprès d’entreprises le matériel nécessaire !
CQFD !
Aussitôt dit, aussitôt fait !
Quelques jours plus tard un debriefing se tenait au jardin où le matériel était stocké. Elles avaient de quoi rivaliser avec le Parc Güell !
Aux arbousiers, au grand dam du personnel, le va et vient d’une chambre à l’autre ne cessait plus. Cela découpait, collait, coloriait à tour de bras tant et si bien que le mercredi suivant il y avait de quoi recouvrir les murs de la salle à manger du sol au plafond de leurs créations.
- J’ai une idée, organisons une exposition de toutes ces œuvres, lança Yéyette.
- Et on proposera à chaque visiteur de voter pour celle qu’il préfère, renchérit Labelle.
- Faudra faire des catégories, patouilles, collages !
Chacune y mettait son grain de sel !
C’est alors que Prof pris la parole.
- Cela manque d’équité cette affaire, personne ne doit rester sur la touche ! 
- Exact, pointa Quinine.
- Établissons alors un palmarès, nous commencerons par réaliser les trois premières maquettes et petit à petit les autres trouveront leur place, concéda Féerique.
- Moi j’en verrais bien une chez moi, ajouta Marilélène.
Et le projet pris son envol.
Le jardin accueillit tout l’été les patouilleurs. Leur groupe s’était enrichi d’une originale nouvellement arrivée aux arbousiers et qui avait hérité du surnom de Tata Gligli. Une référence littéraire niveau maternelle qui devait tout aux délicieux albums de Jacques Duquennoy et à ses petits fantômes.
Des familles vinrent leur prêter main forte et le grand jour fut là !
La notoriété les avait rattrapés. L’un des fils des résidents, journaliste du « Petit Journal », impressionné par les prestations, tant des artistes que des « maîtresses » leur consacra un article bientôt relayé par l’Indépendant.
Autant dire que le directeur ne pouvait se défiler devant la pression que lui mettait les médias et pour fêter les 20 ans des Arbousiers il concéda qu’une exposition se tienne dans son établissement.
Quinine a mis la dernière touche au diaporama réalisé à partir de toutes les photos prises tout au long de leur entreprise et donne ses consignes.
- Labelle, dès que je te fais un « coin d’œil », tu files éteindre les « mumières » !
- Et moi j’ te passe la « branche » du projecteur, précise Muguette.
- J’ai pu qu’à installer les plats avec « les seringues et les baleines », pouffe Féerique.
- Dîtes les maîtresses, ça vous ferait rien de parler correctement ? s’insurge Prof.
- Et dire que c’est moi que l’on appelle madame Grincheuse !
- En tout cas, les filles, nous voilà célèbres et célébrées ! pointe Yéyette.
- Vous vous rendez compte, quarante années d’école et tout juste reconnue par l’Éducation Nationale. Une année d’animation en maison de retraite et c’est la Gloire.
A 75 ans ! Faut le faire !
- En tout cas si c’était à refaire, c’est l’animation que je choisirais, foi de Muguette !
- Ah bon ! Pourtant prof des écoles ce n’est que 24 heures par semaine et juste six mois de l’année entre les vacances et les week-ends ! Non ?
- Oh, oh Prof ! Vous avez regardé Sarkozy au JT, vous !
- Ma chère Yéyette, je ne regarde pas la télé, que des menteurs ! Mais je vais sur les réseaux sociaux. Y’a pas d’âge pour être dans le vent, pas vrai Tata Gligli ?
- Moquez-vous, j’ai choisi de rire la vie et petit à petit la vie me sourit. La preuve aujourd’hui. Elle n’est pas belle notre vie Quinine ?
- Vous parlez d’or Tata Gligli, je n’aurais pas dit mieux !

 

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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 20:45

Voici une petite nouvelle qui n'est pas autobiographique mais inspirée de certaines de mes peurs d'enfant et des regards posés sur une branche familiale très conformiste et "pieuse".

Les expériences d'ami(e)s ou simples relations, les situations familiales d'enfants qui m'ont été confiés, mes découvertes dans le domaine du développement dit personnel et mes propres progrès en matière de libération, ont nourries mes réflexions.

Une virée en Provence suivie d'un séjour récent en Normandie, je ne suis pas "fan" du tout, m'ont permis de trouver un cadre à cette nouvelle.

Merci de vos éventuels retours.

Dominique

Adieu à jamais

J’ai enfin repris la route et les mille kilomètres qui m’attendent me réjouissent.

Rien d’obligé, je peux décider de l’itinéraire, choisir de m’arrêter si cela me chante. Je suis libre !

Mon cœur, seul, imposera sa loi.

Cette petite semaine, une éternité, est derrière nous, Julot, mon labrit, ayant été du voyage.

Pas de surprise pour ce parcours obligé auquel je ne pouvais échapper pour en finir une bonne fois avec certaines relations familiales.

Depuis l’enfance je suis le vilain petit canard de la branche paternelle de la famille.

J’ai tout faux. Je suis l’importune, celle que l’on n’attendait pas mais que « le qu’en dira-t-on » leur a mis dans les pattes. Je ne leur demandais rien, ni mes parents d’ailleurs.

J’ai eu une enfance de rêve, petite dernière après trois garçons, j’ai été badée par mes frères. J’avais tous les droits et mes parents peinaient à se faire entendre. Nous vivions en pleine nature non loin du charmant village de Bédouin, au pied du Ventoux. Mon père garde-forestier passait le plus clair de son temps à arpenter ses flans quant à ma mère, pianiste de renom elle était toujours entre deux avions, confiant sa progéniture à sa mère.

Cette dernière avait deux « dadas », la cuisine et notre suivi scolaire. Rapporter de bonnes notes et faire honneur à ses repas assurait notre tranquillité. Je pris très jeune l’habitude de suivre mes frères et bien vite la nature environnante n’eut plus de secrets pour moi. J’expédiais le repas avec des yeux gourmands, histoire de mettre Grand-Mère de mon côté et les devoirs faits, je partais roder sitôt mon « piano » travaillé.

Petit à petit mes frères prirent leur envol et je me retrouvais pour mon entrée en sixième complètement libre. J’étais aux anges jusqu’à ce soir funeste où rentrant du collège je trouvais la maison vide. Inutile d’envisager une quelconque balade, le temps était au Mistral et le jour déclinait. Passionnée d’histoire, je me plongeais dans « les contes et légendes de l’Égypte ancienne » récupéré à la bibliothèque du village. Une faim de loup m’arracha finalement à ma lecture. Je dégringolais l’escalier et me ruais dans la cuisine, étonnée de ne pas avoir été appelée. Personne !

J’appelais.

Silence.

Ne sachant que faire, je tournais en rond, songeant à sortir pour vérifier si notre voiture était dans la jardin. A peine avais-je ouvert la porte qu’Igor, notre chien, se faufilait à mes côtés me faisant une fête de tous les diables. Des effusions accueillies avec soulagement, je n’étais plus seule.

Nous avons partagé un pique-nique improvisé puis une peur incontrôlable m’a noué les tripes.

A cet instant précis, le téléphone a sonné, une erreur de numéro mais cela m’a donné l’idée d’appeler mes frères car où joindre notre père ?!

Le premier appel fut le bon. Je venais à peine de terminer mon récit que l’aîné s’emparait de la situation. Rester dans la maison jusqu’à son arrivée qui ne tarderait guère et m’y enfermer, telles étaient les consignes. Igor vautré sur mes genoux je tentais de me replonger dans mon livre, mais une question me taraudait, où était passée Grand-mère ?

Dès l’arrivée d’Alex le cours des choses s’accéléra. Après un certain nombre de coups de fil nous apprîmes que Grand-Mère avait eu un accident. Ses jours n’étaient pas en danger mais elle allait rester hospitalisée sans doute plusieurs semaines. De mon père, aucune nouvelle, mais il était coutumier du fait. Quant à ma mère en concert à Vienne, inutile de tenter de la joindre.

Demain étant un autre jour, rassurés sur le sort de Grand-mère, la soirée se termina joyeusement après plusieurs parties de crapette !

Lorsque je repense aux semaines qui suivirent je ne peux m’empêcher de songer à cette colère qui m’habitait en permanence. Notre père, réapparu le lendemain complètement insouciant, n’avait rien trouvé de mieux que de me confier aux parents de ma meilleure copine jusqu’aux vacances scolaires avant de m’expédier tout l’été dans sa famille en Normandie. Finies les balades dans les lavandes, adieu Igor. Une brève visite à Grand-mère n’avait pas réussi à me rassurer. Ma mère, de son côté, enchaînait les tournées sans se démonter.

En septembre Nicolas le plus jeune de mes frères, CAP de pâtissier en poche, avait trouvé à se faire embaucher sur Flassan. Les quelques kilomètres séparant les deux villages étaient vite avalés, mais mes parents n’ayant rien changé à leurs habitudes de vie, de retour dans le sud je me retrouvais à la charge de mon frère. Ce dernier faisait de son mieux pour concilier vie privée, travail et s’occuper de moi. Lorsqu’aux congés de Noël la mère de mon père, Manette, débarqua chez nous de sa Normandie, je sentis le vent virer à l’aigre. Tout était critiqué, rien ne trouvait grâce à ses yeux. Mon refus de l’accompagner à la messe de Minuit finit de la convaincre qu’elle devait réagir.

Un conseil de famille fut réuni et mes parents finirent par consentir à me laisser partir vers un nouvelle vie que l’on s’évertua à me présenter meilleure pour ma sécurité !

J’intégrais le collège Notre Dame à Lisieux, sans avoir revu Grand-mère, laissant Igor aux bons soins de mon frère.

Le temps a passé, lentement.

Je hais la Normandie.

Je ne comprenais pas comment mes parents avaient pu céder si facilement à cette famille qui ne manqua jamais une occasion de me rabaisser. Bonne élève, j’avais vite compris que rapporter de bonnes notes était une façon d’obtenir une paix relative, j’essuyais de constantes critiques. Mon accent que je cultivais, mes goûts culinaires, ma passion pour les animaux, mon inculture religieuse, je refusais l’idée de confession, mes goûts vestimentaires, rien ne trouvait grâce à leurs yeux. Ils révisèrent ma garde-robe, ma coiffure sans toutefois m’infliger le port du traditionnel serre-tête en vogue dans le milieu catho, mais ne réussirent jamais à me faire plier. Il est exact que je ne leur ai pas facilité la vie mais il aurait suffi de peu pour m’aider à supporter cette situation. Me laisser rentrer à Bédouin à chaque période de vacances scolaires et ne pas m’obliger à abandonner le piano par exemple !

Mais non, il y avait souvent une bonne raison pour me garder à Lisieux et concernant la musique, c’était, parait-il, incompatible avec un bon parcours scolaire ! J’entends encore mon oncle pontifier sur le sujet. Mes cousins dont il vantait les brillantes études, avaient-ils étudié d’un quelconque instrument ?

C’est à Guillaume le second de notre fratrie que je dois ma libération. Je terminais ma troisième très honorablement quand ma grand-mère paternelle m’annonça qu’elle m’avait inscrite pour le mois de juillet à un séjour linguistique en Angleterre ! Pleurs, cris, colère rien ne la fit plier. Je partis pour une petite ville pas très éloignée de Londres d’où j’envoyais une lettre désespérée à Guillaume. Faisant pour son travail de fréquents allers-retours sur la capitale londonienne il ne tarda guère à me rendre visite arrivant avec LA nouvelle qui allait me permettre de tenir le choc. Mes frères s’apprêtaient à provoquer un nouveau conseil de famille pour me rapatrier de manière définitive dans le sud. Je terminais ce séjour linguistique assurée de regagner Bédouin sans passer par la case Normandie. Alexandre et Nicolas se chargeraient de récupérer toutes mes affaires à Lisieux.

Je n’ai jamais cherché à savoir ce qui s’était passé lors de cette réunion. Je retrouvais mon midi, Igor toujours vaillant et Grand-mère quand même bien diminuée. Mon père, s’il n’arpentait plus la campagne se donnait corps et âme à sa nouvelle passion, l’horticulture. Notre mère toujours aussi papillonnante restait insaisissable.

A mon entrée en seconde j’entamais un nouveau chapitre de ma vie en intégrant un lycée public à Aix-en-Provence en qualité d’interne mais chaque week-end je rentrais à Bédouin. J’y retrouvais mes amours, Igor, Grand-mère et l’un ou l’autre de mes frères qui s’organisaient pour l’épauler Grand-mère.

A Lisieux la famille ne décolérait pas et bien évidemment ce fut sans surprise que certains de ses membres s’invitèrent pour les fêtes de fin d’année. J’hésitais sur la conduite à tenir, être présente ou accepter l’invitation d’une copine de lycée ! Lorsque ma mère nous apprit qu’elle serait en concert, je renonçais à toute provocation me sachant épaulé par Guillaume, Alex et Nicolas. Le soir de Noël par contre je provoquais sciemment le scandale en refusant de me joindre à eux pour la fameuse messe de minuit ! Action, réaction, le lendemain « le Père Noël » normand me boycottait ! Les mesures de rétorsion perdurèrent tous ces congés et plus encore. A compter de cette date, il n’y eut plus de trêve. La manifestation de leur rancœur prit différents tours. Pour mes dix huit ans, personne ne daigna se joindre à la fête organisée par ma famille et lorsque nous nous retrouvions au hasard des mariages mes oncles et grands-parents me battaient froid. Une fois, médusée, alors qu’une relation de la famille m’interrogeait sur mes projets d’avenir, ma grand-mère me devançant lui rétorqua que bien évidemment je n’avais pas réfléchi aussi loin.

Passé l’instant de suffocation, je me réfugiais dans notre voiture histoire de me ressaisir et trouver comment réparer l’affront subi. Au moment du dessert je profitais d’un moment de silence pour annoncer à l’assistance mon admission sur dossier à l’Université de Lyon pour préparer un master en biologie ! Licence à 21 ans, je pouvais légitimement être fière.

Quelques années plus tard diplôme en poche, peinant à trouver un poste m’emballant, je m’offrais un congé sabbatique en Ardèche, dans une petit village au milieu de nulle part. Je tombais sous le charme d’un apiculteur, de l’apiculture et des huiles essentielles. École d’aromathérapie à Aix en semaine, cours privés d’apiculture et je remportais le grand chelem, un métier, une passion, l’Amour. J’aurais pu être pleinement heureuse sans le départ de Grand-mère !

Seule le clair ressenti de sa présence bienveillante à mes côtés m’a permis de faire face et de faire mon deuil.

Quelques semaines plus tard toute la famille fut conviée à fêter les quatre-vingts dix ans de ma grand-mère, Manette. Une famille très traditionnelle qui ne compte toujours pas de moutons noirs. Relations triées sur le volet, études en établissements privés, tous mes cousins et cousines sont d’anciens scouts ou guides. Le sermon dominical fait partie des passages obligés et même pour cette fiesta, la messe dans l’ église d’un minuscule village près de Pont-l’évêque a été inscrite au programme. Dans cette famille, pour reprendre une réplique du film « Le père Noël est une ordure » chaque pot à son couvercle, par contre on ne recense aucun couple en union libre.

Pour une fois nous les « sudistes » étions au complet, notre mère ayant fait le déplacement.

Mes trois frères et mes deux belles-sœurs, Guillaume reste résolument célibataire, sont donc présents, quant à moi, mon amoureux n’a pas été invité, nous ne sommes pas mariés ni même fiancés officiellement ! Je suis seule, seule au pied du mur !

J’ai attendu patiemment le cœur battant la chamade que chacun ait porté un toast en l’honneur de la nonagénaire et au moment où chacun s’apprêtait à passer à table j’ai réclamé un moment de silence.

S’il m’a fallu un certain temps pour me lancer sous les regards interloqués de mes frères, je me suis sentie soudainement portée par une force phénoménale. J’étais comme spectatrice de moi-même. Il faut dire que mes chères huiles étaient de la partie, Laurier et Cèdre pour libérer la parole et rester d’une tranquillité inébranlable.

- « Manette, mais aussi vous mes oncles, tantes, cousins et cousines de Normandie, je tenais publiquement en ce jour particulier à vous remercier parce que sans vous je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui.

Lorsque vous m’avez arrachée à mon Midi, à Grand-mère, à mes frères, pour mon bien disiez-vous, j’ai cru que jamais je ne me relèverais du traumatisme dû à cette séparation.

Merci pour vos vexations, brimades car elles m’ont donnée la niaque. Il est exact que les contraintes sont finalement nos alliées.

Vous m’avez refusé de continuer le piano, j’ai pu me réfugier dans la rêverie, un plus finalement car s’accorder de ces instants stimule notre mémoire. Peut-être ne le savez vous pas ?

Vous n’avez jamais accepté que je monte à cheval avec mes cousins, c’était soit-disant une trop grande responsabilité, aviez-vous seulement demandé à mes parents ? Mais qu’importe, le temps des reprises je me baladais autour du centre équestre, la Nature m’apaisait. Je m’inventais un monde plus juste. C’est là que j’ai commencé à définir quelles étaient mes priorités de vie, justice et respect des désirs et souffrances de chacun.

Merci aussi d’avoir tenté de m’imposer vos croyances. Vous m’avez offert l’occasion de m’ouvrir à l’invisible et à la spiritualité, celle qui se passe de la Pompe et des dogmes. La solitude m’a permis de me sentir reliée à quelque chose qui me dépassait, que je découvrais dans tout ce qui vit. J’ai même réussi petit à petit à communiquer de cœur à cœur en faisant fi de la distance avec Grand-mère et même Igor. Et oui ! un chien ! Cela a de quoi vous surprendre !

D’ailleurs si aujourd’hui je vous ai imposé la présence de mon Julot, ce n’est pas par provocation. J’avais besoin de l’amour inconditionnel de ce compagnon pour faire la route puisque vous avez refusé de recevoir celui qui partage ma vie aujourd’hui et, c’est un scoop, le père de l’enfant que nous attendons. »

Restait à porter l’estocade finale, une grande respiration et je me lançais.

- « Julot à mes côté, je peux vous dire, de te dire Manette, que je m’en vais pour ne plus revenir. Comme le chante Sardou, je ne m’enfuis pas, je vole. Je n’ai même pas besoin de boussole !

Alors merci et à jamais ! »

Un silence sépulcral s’était abattu dans la salle, tous me regardaient, incrédules. Un bref coup d’œil à Julot couché sur mes pieds, un petit claquement de langue pour l’autoriser à bouger et je gagnais la porte le chien bondissant joyeusement à mes côtés. J’étais quand même sonnée et en passe d’oublier mes affaires quand une main ferme m’a enveloppé l’épaule m’obligeant à m’arrêter.

Mes frères étaient là juste derrière moi, suivis de près par mes parents.

J’ai craqué !

Embrassades, pleurs, rires, vocalises de Julot, nous n’en finissions pas de nous consoler mutuellement. Dans la salle des festivités par contre l’ambiance tardait à se réchauffer. Notre journée s’est poursuivie à Honfleur dans une délicieuse crêperie, La Trinquette, sur le quai Sainte Catherine. C’est bien l’un des rares coins de Normandie que j’aime. Nous avons joué les touristes et nous nous sommes quittés en soirée riches de promesses d’avenir.

Me voici donc sur la route du retour prête à écrire un nouveau chapitre de ma vie et je mesure à quel point il était essentiel de laisser parler mon cœur et de cesser de fuir.

En laissant libre-cours à ma colère, elle a perdu de sa force pour finalement disparaître complètement maintenant que les choses ont été dîtes. Je ne suis plus leur victime, ils ne sont plus mes bourreaux quant à mes parents je pense qu’ils ont entendu le message.

J’ai repris le pouvoir sur ma vie.

Tout est juste.

 

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 17:41

Partir et revenir, vaste sujet !

Nous sommes parties comme de coutume en Octobre vers l’ouest, au petit bonheur. Rien d’arrêté d’autant que nous devions terminer en Mayenne en famille et qu’au dernier moment nous avons été « décommandées ». Donc nous avons fait une première halte à Oléron et lancé nos bicyclettes PAS électriques à l’assaut de la partie Nord-Ouest de l’île.

50 kilomètres dans les gambettes et nous partions pour Noirmoutier.

Comment bien vivre la saison hivernale sans se ressourcer dans « notre » île.

Là encore vélo mais aussi rando.

Le soleil nous a gâtées et gonflées à bloc nous avons filé sur la Bretagne.

De toute façon comme dit le dicton « en Bretagne il ne pleut que sur les c..s !

Nous avons donc apprécié Piriac et ses environs et nous nous sommes régalées au cours d’une superbe randonnée au milieu des mégalithes de Carnac mais en sortant des sentiers battus.

Nous avons exploré le tumulus de Kercado, visite gratuite, et avons découvert entre autre, un alignement en quadrilatère,

des calvaires sculptés de facture assez grossière dont les motifs pour l’un d’eux nous sont restés indéchiffrables et bien sûr une fontaine mystérieuse !

Ce ne serait pas la Bretagne !

La marche au milieu de grands chênes s’est révélée enchanteresse, d’une énergie à la fois douce mais puissante ! Dommage que nous n’ayons pu nous installer pour tenter d’entrer en communication, cela aurait été fascinant ! Nous n’avions pu le temps et serions rentrées à la nuit close.

A ce stade de notre virée automnale, restait à prendre la route du retour.

Où que nous allions, revenir chez nous est toujours un vrai casse-tête et encore plus lorsque la météo s’en mêle.

Déjà parce que nous avons beaucoup bourlingué en France, mais le problème se pose de manière générale en Europe, et parce qu’il est difficile de trouver des nouveautés à se mettre sous la dent.

Finalement nous avons abandonné l’idée de rentrer par le Massif-Central noyé sous des trombes et opté pour refaire sensiblement le même trajet qu’à l’aller, les cieux y étant plus cléments.

Par contre nous nous sommes offertes un petit crochet par l'estuaire de la Loire histoire de revoir une des créations artistiques découvertes il y a déjà une bonne dizaines d'années et de terminer notre découverte de ce parcours peu banal.

 Si cela vous dit voici le lien pour faire connaissance et peut-être vous laisser tenter.

https://www.estuaire.info/fr/le-parcours-perenne/

La Maison dans la Loire est l’œuvre de Jean-Luc Courcoult. Réalisme imaginaire, réalité tangible se côtoient dans cette création qui met en scène une situation improbable, rêvée. Copie de l’ancienne auberge du village de Lanvau, JL Courcoult l’a voulue aussi solitaire que nous pouvons l’être dans la Nature et soumise aux mêmes aléas que le village qui a chaque grande marée se retrouve les pieds dans l’eau.
C’est aussi un rappel  de notre imprévoyance face aux caprices de la Nature.
Depuis son implantation, la structure s’est légèrement déplacée dans la Loire, aujourd’hui elle semble s’être définitivement installée face à la petite ville de Couëron et à sa tour à plomb, une des rares à subsister dans le Monde.


Les tours à plomb sont apparues en France au XVIIIè siècle pour produire des plombs ou de la grenaille. Un mélange de plomb, d’arsenic et d’antimoine était préparé dans la partie basse. Les lingots obtenus étaient montés à la chambre de coulée où se trouvaient les chaudières pour refondre le plomb. La chute des billes sur une grande hauteur permettait d’obtenir des billes parfaitement sphériques recueillies dans deux cuves remplies d’eau placées au niveau inférieur.

Nous avons ensuite traversé la Loire grâce à un bac gratuit qui en deux temps trois mouvements nous a déposé sur la rive sud, raccourcissant notre trajet d’une bonne demie heure, et encore plus !


Mieux que le Pont de Saint-Nazaire très éprouvant certains jours, plutôt fun comme expérience.
Débarquées quasiment là où nous avions repéré l’œuvre manquant à notre palmarès, nous avons découvert un petit coin idyllique doté d’une aire de stationnement de camping-cars gratuite et super équipée.
Merci à la commune du Pellerin !
En ce lieu se trouve la dernière et monumentale écluse du canal de la Martinière.


Creusé en 1892, ce canal de 15 kilomètres permettait aux navires de fort tonnage et pouvant mesurer jusqu’à 120 mètres de remonter la Loire jusqu’à Nantes sans risquer de s’échouer sur les bancs de sable.

Le site, bombardé par les allemands et fortement endommagé, bien que restauré après la guerre est aujourd’hui abandonné mais les installations sont toujours là et dans l’ancienne chaufferie toute une exposition ainsi que les équipements d’alors permettent d’imaginer ce que fut ce lieu unique.

C’est là, sur la dernière écluse, qu’un autrichien, Erwin Wurm, a conçu et installé son œuvre intitulée « Misconceivable.


Œuvre à la fois dramatique et humoristique, elle nous montre comment le quotidien ordinaire peut basculer dans l’absurde.
Pour Erwin Wurm, les objets comme les humains sont soumis aux forces de la pensée.
C’est ce qu’il a voulu traduire ici, le voilier attiré par le fleuve qu’il voudrait rejoindre se penche vers lui, la force de son désir étant la plus forte que la matière.

Ravies, nous avons repris la route pour gagner à une vitesse d’escargot notre dernière halte en Vendée, zappant la découverte de l’Île Penotte aux Sables-d’Olonne au passage.
Nous n’avons pas loupé un seul ralentisseur qu’il s’appelle gendarme couché ou coussin berlinois, pas un giratoire ne nous a été épargné. Les villages, tous limités à 30 km/heure se succédant tous les 5 kilomètres avec un nombre incalculable de rues barrées, de déviations, nous avons toute proportion gardée mis autant de temps pour faire 100 kilomètres que ce qu’il nous en a fallu pour regagner le lendemain notre « sweet home ».
En tout cas ce fut bien moins fatiguant et frustrant.
Voilà, nous avions déjà une idée de voyage que nous nous proposions de vous faire découvrir mais vu ce qui vient de se passer en Espagne sur Valence, nous allons changer notre fusil d’épaule !
Ciao !

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28 octobre 2024 1 28 /10 /octobre /2024 18:43

                            Renaissance


Ce matin quelque chose de neuf vibre dans l'air.
Je regarde par la fenêtre et je vois, ce que je n'avais encore jamais vu. Tout a changé et pourtant je sais bien qu'il n'en est rien.
Doucement je pivote et sans me presser je gagne l'étage.
Par où commencer ?
Aller à l'essentiel dans un premier temps.

J'attrape un de mes vieux sacs à dos puis méthodiquement je dépose sur le lit mes cahiers de gratitude, mes vieux agendas, le disque dur où je compile depuis des années tous ces documents qui témoignent mieux qu'un long discours du chemin accompli pour me découvrir, celui où sont stockés photos et films. Après avoir évalué la stratégie adéquate le remplissage commence. Au prix d'un dernier petit effort, j'arrive même à y loger le gros classeur où depuis dix ans je range toutes les notes prises lors d'interrogations au pendule.
Assise sur le lit je laisse un instant mon regard errer puis, déterminée, c'est au tour du contenu de l'argentier de passer au crible. Il y a quelque temps encore cela m'aurait demandé un incroyable effort d'opérer un tri parmi toutes mes « petites choses ». Là, plus question de s'encombrer avec les vieilles loyautés familiales et amicales, Pierrot ne sera pas du voyage, ni les vieux appareils photos. Un peu plus tard peut-être, aujourd'hui j'ai court-circuité le mental. Rapidement mon vieux cartable en cuir affiche complet.

Reste le plus délicat, le contenu de l'armoire !
Aucun tri à opérer, tout suit, reste à me concilier les faveurs de la belle Delsey rouge. Elle n'aura pas trop de soufflets pour tout avaler. Silencieusement je persévère dans mon entreprise, rien ne semble devoir me troubler, pas même la sonnerie de mon téléphone. Pour la troisième fois, en moins d'un quart d'heure, elle retentit quelque part au rez de chaussée.
Pas de message, sans doute rien d'important, à moins que ce soit ma voisine à la recherche d'un chauffeur !
Tant pis !
Ce ne sera pas moi !
De toute façon elle va devoir se trouver quelqu'un d'autre.

Depuis mon lever les choses ont considérablement avancé. La Delsey, le sac à dos, le vieux cartable ont trouvé leur place à l'arrière du Berlingo en compagnie de quelques cartons dans lesquels j'ai remisé livres, CD et DVD favoris.
Sur le coup de 14h, foudroyée par la faim, j'avale sur le pouce quatre fruits, un sandwich au fromage et deux carreaux de chocolat. Je n'ai plus de temps à perdre. Je suis une ado attardée qui s'apprête à fuguer. J'ai juste un peu plus d'expérience qu'elle et je ne perds pas de vue le côté matériel de l'entreprise.
Et puis je sais où je vais.
Je retourne chez moi.
Définitivement.
Il y a si longtemps que j'en suis partie.
Rien à voir avec un coup de tête, plutôt une prise de conscience après une longue maturation ! J'ai enfin cessé de faire la sourde oreille, j'ai entendu ce que mon corps me disait, me criait avec insistance. Il m'en a fallu du temps pour comprendre, vingt, trente ans ?
Mais la Vie veillait.

Lorsqu'une amie m'a parlé de "son" acupunctrice, n'ayant plus rien à perdre, complètement démoralisée par une expérience dévastatrice auprès d'un psychothérapeute, je me suis lancée.
Préparée à devoir attendre un bon moment avant de pouvoir la rencontrer, un désistement inespéré m'a réconfortée. Comment ne pas en déduire que c'était le cadeau que la vie m'adressait.
Deux jours après je me retrouvais auprès d'une petite bonne femme joviale qui m'invitait à m'asseoir à ses côtés sur un canapé douillet. D'un coup la tension qui m'habitait est tombée et avec gratitude j'ai accepté et vidé le verre d'eau qu'elle me proposait. Une conversation informelle, en apparence, s'est engagée, rien de médical. Ce que j'aimais, mes dernières lectures, les souvenirs agréables qui coloraient ma vie. Puis sans transition elle m'a demandé de lui prêter mon poignet droit ... et là je suis restée complètement baba. On se serait cru dans une réplique du Malade Imaginaire ... "Le foie vous dis-je". Et oui depuis des années, j'ai mal au foie ! Je digère mal, j'ai des crampes au niveau du diaphragme, des douleurs sourdes, piquantes ou fulgurantes. Pourtant, pour le corps médical, je n'ai rien !
De grave !
Mais cela me pourrit la vie !
Allez au restaurant, être invitée, voyager, tout ce qui met du piment dans la vie m'est un supplice. Je crains toujours de faire le mauvais choix, d'être un fardeau pour les autres qui d'ailleurs ne ménagent pas les petites piques désagréables.

Petit à petit, alors que je ne lui avais rien dit de ce qui m'amenait à la consulter, la thérapeute a dressé le tableau de tout ce qui me gâche la vie en plus de mes problèmes digestifs. Des tendons défaillants, une difficulté récurrente à savoir ce que je veux, à décider et donc le sentiment de toujours m'effacer devant les autres. La consultation a pris un tour plus en accord avec ce que j'imaginais et je me suis retrouvée en petite tenue sur la table de soin. Au terme d'un second examen minutieux, la séance d'acupuncture a démarré.
Je commençais juste à me détendre quand une décharge électrique m'a vrillé un nerf au niveau du gros orteil, une onde de feu a remonté le long de la jambe, passé l'aine et dans la seconde qui suivait au niveau du creux épigastrique un infâme glouglou a retenti. On aurait dit un évier qui se débouche !
Ma "tortionnaire" a émis un "ah" jubilatoire avant de m'expliquer que mon corps venait de s'exprimer et confirmer ainsi son diagnostic.
Aucune pathologie grave en effet, juste une vieille colère que ma vésicule biliaire ne pouvait plus gérer d'où tous les désordres déplorés qui, le temps passant, s'amplifiaient. Mon corps mettait les points sur les i, en vain. Je suis restée à méditer ce constat pendant qu'elle se livrait au niveau du crâne à un massage divin qui a bien failli m'emporter dans les bras de Morphée.
En Colère !
Moi ?
Comment le nier ?

En colère de ne pas vivre ce que je voudrais vivre, de ne pas savoir imposer mes goûts et points de vue, de faire toujours le choix du raisonnable, de vivre là où je n'ai pas choisi !
Oui il y a en moi de la rancœur, de la rancune, des regrets qui nourrissent une aigreur dont jusqu'à cet instant je n'avais pas pris conscience. Je me croyais sage, raisonnable. Une part de moi l'était sans doute !
L'abcès a crevé d'un coup, un flot de larmes a jailli, des borborygmes inintelligibles l'accompagnaient. Madeline Romesco m'a laissée sangloter puis m'a tendu une boîte de mouchoirs, un nouveau verre d'eau bienvenu et m'a expliqué ce que mon corps tentait vainement de me dire, à sa manière. Il est évident qu'une part de moi savait déjà tout cela mais que jamais je ne me serais autorisée à l'exprimer et encore moins à passer à l'action.
J'ai compris à cet instant que mon tourisme médical, une quête qui ne disait pas son nom, n'avait qu'un but. J'attendais qu'un médecin me révèle aussi clairement que Madeline et ses aiguilles qu'il était temps de me réveiller et de me donner les moyens de vivre ma vie.

Aujourd'hui je suis sortie de la colère car je sais que je me suis incarnée pour faire l'expérience de cette vie et que toute expérience comporte un grand nombre d'étapes. Comme le chercheur confronté à un échec considère le déroulé de son expérience point par point, analyse les causes de son insuccès et modifie les paramètres pour reprendre ensuite le cours des choses, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, j'ai reconsidéré ce que fut ma vie jusqu'à ce jour.
Je n'ai pas eu longtemps à chercher, je n'ai même pas eu à prendre beaucoup de recul pour analyser chaque difficulté rencontrée et comprendre ce qui était à modifier.
Voilà pourquoi je rentre chez moi !

Je suis une fille du Sud et si je vis depuis des années sur la côte atlantique, ce n'est pas par goût. Ce fut par Amour, par habitude ensuite, puis pour ne pas faire de peine, pour rester utile aux miens. La Lassitude a été ma geôlière.
Impossible de faire entendre à ma famille que mon Midi me manquait. Je crevais de peine à chaque fin de vacances lorsque nous reprenions l'Autoroute des Deux Mers. Aujourd'hui, la messe est dite. Je ne les abandonne pas, je me choisis. Je retournerai auprès d'eux pour le plaisir mais ma vie n'est plus à leur côté.
Dans un premier temps je m'offre le rêve de ma vie, un joli bungalow qui par la suite pourra les accueillir le temps de leurs vacances même si leur venue n'est pas pour demain. Mon départ déplaît, je suis en quelque sorte punie de vouloir vivre ma vie, mais peu importe.
J'ai déjà une foule de projets dont certains sont en passe de concrétisation, des portes s'ouvrent comme pas magie.
Aide toi, le Ciel t'aidera ! C'est ma réalité, la vie m'a offert sur un plateau l'occasion de passer à l'action.
Le mobilier que je souhaite conserver va partir au garde-meubles, les enfants choisiront parmi ce que je laisse. Ce qui n'aura pas trouvé preneur sera donné, la maison vendue !

Je renais au soleil de mon midi, rien n'est impossible quand on s'aime !
S'aimer !
Cela n'a rien d'égoïste, cela est même ce que l'on peut offrir de meilleur aux autres, à l'Univers !

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9 août 2024 5 09 /08 /août /2024 15:08

Lorsque j’étais enseignante, un jour de rentrée alors que chaque enfant racontait ses vacances, ayant demandé « et toi, où étais-tu ? », l’un d’eux m’avait fait cette réponse surprenante :

- « dans la piscine ! ».

J’avais vaguement creusé la question, ne voulant pas risquer de le choquer au cas où il ne serait pas parti. Il n’en était rien mais seuls ses ébats aquatiques semblaient l’avoir marqué.

Aujourd’hui, je suis en mesure d’affirmer que si les enseignants des petits enfants de nos voisins posent en Septembre la même question, ils auront des garçons la réponse que j’avais eu, « dans la piscine ».

Et là aucun doute, à 900kms de chez eux, ils n’auront connu que la piscine (pataugeoire hors sol) de leurs grands-parents, une ou deux sorties au village sur l’aire de jeux, autant d’expéditions dans les grandes surfaces et c’est tout !

Mais ce n’est pas grave ! la télé, les jeux vidéos sont là pour les occuper et pour l’ado, il y a le portable, les échanges virtuels avec les copains et le visionnage de séries !

Alors vous pourrez me rétorquer que cela ne me regarde pas !

Mais si !

Cela me regarde, cela nous regarde !

Les enfants sont notre avenir. Il en va donc de leur avenir.

Éveiller les enfants à ce qui les entoure, leur faire découvrir d’autres horizons, leur permettre de vivre des échanges avec des personnes étrangères (qu’ils ne regarderont pas avec méfiance) autrement que par le biais des réseaux sociaux, en bref solliciter leur curiosité, c’est leur donner la clé de la Liberté.

C’est leur offrir la possibilité de devenir des adultes responsables, cultivés…

Piaget disait « La curiosité est le moteur de l’intelligence ».

Être curieux de ce qui nous entoure nous incite à pousser des portes que l’on n’aurait jamais ouvertes si l’on était resté dans son petit cocon douillet. Un certain inconfort qui bouscule oblige à s’adapter, à s’interroger sur le « pourquoi du comment ! ».

Nous avons la chance d’être dans un environnement où entre la mer, la montagne, le patrimoine il est possible de leur faire appréhender différents domaines qui vont enrichir leur intellect. Jouer est nécessaire (et non chahuter) mais ce n’est pas à cela que se résume la vie !

Lorsque je regarde les gamins à la plage, que je les vois concentrés, armés de seaux et pelles, creusant, érigeant des structures que la mer érode rapidement, adaptant leurs gestes aux conditions extérieures, je suis émerveillée de leur détermination mais aussi d’entendre leurs remarques.

Ils découvrent enfouis des coquillages, des bouts de verre, s’interrogent.

Ce matin l’un d’eux était fasciné en constatant que creusant le sable sec l’eau émergeait.

Que dire de leurs ébats aquatiques, de la rencontre avec les poissons !

Nous randonnons régulièrement et les petits randonneurs aux gros godillots que nous croisons me ravissent. Pas plus haut que trois pommes, leur fierté d’avoir trimballé le sac à dos et leur joie toute simple d’avoir croisé quelques animaux « sauvages », est le signe d’un enrichissement du corps, de l’esprit.

Nul ne peut douter de la richesse intellectuelle qu’ils acquièrent.

Nous avons une multitude de choses à leur faire découvrir, celles que j’ai exploitées avec mes élèves. Des grottes, des cités fortifiées, des châteaux… rien ne manque pour former des individus ouverts sur le Monde et qui dans le futur auront à cœur de ne pas se laisser enfermer dans le virtuel !

Être acteur de sa vie, c’est ce qui nous est demandé.

Nous avons à faire nos expériences et pas par le biais de l’intelligence artificielle mais pour cela il faut sortir de son trou !

Ne serait-ce pas déjà trop tard pour beaucoup !

Et même pour des adultes qui souvent ne savent même plus voir ou remettre en question ce qui se passe autour d’eux !

Dominique

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23 juillet 2024 2 23 /07 /juillet /2024 20:13

Aujourd’hui, nous avons filé comme le vent empruntant la 116 sus au Capcir et à 10h30, sacs aux dos nous quittions le village des Angles pour une randonnée qui nous a ramenées six heures plus tard à notre point de départ.

Nous aurions pu chanter « Plein l'dosplein l'sac, plein l'fond des godillots » et pourtant un petit tour à la pâtisserie nous remettait en selle.

La tarte maison à la myrtille est absolument délicieuse !

La randonnée tout en montées et descentes, comporte quelques points forts, le premier est le site de Vallserra où en 2009 des fouilles ont commencé.

Un village de 70 âmes rattaché à l’Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa existait là et a petit à petit laissé deviné ce qu’il fut. Nous savons aujourd’hui que chaque habitation était dotée d’une seule pièce, chacune d’elle était orientée au sud et en partie creusée dans le sol pour une meilleure protection contre le froid. Dotées d’un plancher surélevé faisant vide-sanitaire, ces maisons étaient sans doute assez confortables. Le village était doté d’un moulin alimenté par la Lladure et d’une forge. De la petite église datée des XIe ou XIIe siècle, il ne subsiste pas grand-chose mais son église se trouve aujourd’hui aux Angles

Pillé au XIVe siècle, le village petit à petit a été abandonné, seul un four à chaux construit au XIXe siècle a continué de donner vie au site, tout comme la tourbière qui occupe ce qui fut un ancien lac.

Sous le cagnard nous avons grimpé jusqu’à la jasse de la Ganyades, craqué en route pour avaler le casse-croûte et rencontré un trio suédois charmant qui m’a permis de comprendre le fonctionnement des bâtons de rando télescopiques.

Petite halte au Lac de Balcère et à son « bistrot », prisé des pêcheurs, on y trouve même du saumon de fontaine.

Nous avons gaillardement descendu le long du torrent pour retrouver Vallserra, ne nous attendant pas du tout à affronter le reste du chemin du retour sous un franc soleil et en montée avant de retrouver notre « Lulu » avec une quinzaine de kilomètres dans les gambettes malgré un bon bain de pieds.

Dominique

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22 juillet 2024 1 22 /07 /juillet /2024 19:23

Je viens de terminer le dernier roman d’Isabel Allende, Violeta.

J’ai trouvé ce livre lors de notre découverte du village de Montblanc en Catalogne Sud, pas facile de trouver un ouvrage en castillan et comme je ne connais pas vraiment les auteurs en vogue en ce moment en Espagne, Isabel Allende m’a paru une valeur sûre. Je n’ai pas été déçue.

L’action se situe principalement au Chili même s’il nous est donné de faire quelques incursions tant aux USA, qu’en Norvège. Tout commence l’année de la fameuse grippe dite « espagnole » avec la naissance de Violeta qui livre le témoignage de sa vie a un certain Camilo dont nous découvrons l’identité assez loin dans le récit.

Bien évidemment, et ce n’est pas un scoop, la dictature chilienne occupe une place de choix dans cette histoire qui, si elle est romancée s’appuie sur des faits historiques incontestables.

Pour ceux qui l’ont oublié ou qui ne le savent pas, le rôle des USA est très largement détaillé, il n’y a pas une seule dictature d’Amérique du Sud dont ils ne soient pas les instigateurs. Escadrons de la mort, tortures, enlèvements que du connu penserez-vous ! Mais nous y apprenons également qu’après la seconde guerre mondiale, outre les criminels nazis qui se sont réfugiés tant au Chili, qu’en Argentine, au Brésil, des colons germaniques apparemment respectables ont servi les intérêts de la dictature chilienne sans être plus inquiétés que cela, la démocratie (enfin c’est ainsi qu’on la nomme) revenue.

Au bout du compte, j’ai réalisé et c’est démoralisant que depuis des décennies les USA et leurs acolytes mènent la danse, une danse macabre !

Ce sont toujours les mêmes qui trinquent.

Aucun risque que cela évolue puisqu’il est si facile d’abuser le peuple.

Peur, acculturation, mensonges et par des tours de passe-passe on lui fait tout gober.

C’est juste ce que nous vivons actuellement.

Dominique

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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 20:37

Du culturel puis un bain de nature
 

Notre halte à Saint-Bertrand-de Comminges a tout pour nous enchanter à commencer par le camping. Pas d’aire dédiée spécialement aux camping-cars mais un camping à l’ancienne sans parc aquatique, animations et mobile-homes, juste des emplacements nus et la possibilité d’aller « tailler une bavette » à la réception qui fait aussi office de buvette.
A peine installées nous gagnons par les champs le village, classé parmi les plus beaux de France. Nous repérons dans les fossés des batraciens, grenouilles ou crapauds, nous l’ignorons mais ils sont énormes. Évidemment le village est perché mais des chemins très ombragés ont le bon goût de nous y mener.
Les origines du village remontent à l’Empire romain et curieusement se nommait Lugdunum, comme Lyon !!! Manque d’imagination ?
Aux alentours d’ailleurs nous avons repéré des champs de fouilles dont un qui accueillent des scolaires très occupés à gratter, tamiser. Cela m’a rappelé mes années d’enseignante à Elne quand nous avions eu, mes élèves et moi, la chance d’être admis sur le site de l’ancien couvent non loin de la chapelle San Jordi. Nous avions fouillé dans ce qui était le cimetière, à nous crânes, dents et autres joyeusetés !
L’implantation des premières communautés chrétiennes remontent au IVe siècle mais c’est au XIe siècle que la première cathédrale fut édifiée par Bertrand de l’Isle. Attentif au bien-être de la population, il sera béatifié pour avoir accompli de nombreux miracles sur lesquels peu de témoignages existent.
Déjà venues dans ce village, nous avions été séduites par une boutique de parapluies or, pas de chance, nous découvrons que la fabrique de parapluies "François Frères", dont la maison mère est dans la Vienne, ne ré-ouvrira plus !
Un jus de fruits pour se requinquer et nous gagnons la cathédrale.

Le cloître est beau mais la cathédrale surprend toujours autant ! Où donc se mettent les fidèles ?
A part les stalles, pas de chaise, l’autel est invisible caché par le chœur et le jubé !
En soi ce n’est pas grave, nous n’avons pas l’intention d’assister à la messe, mais quand même et puis le lieu est sombre, sans doute du fait des nombreuses boiseries, certes exceptionnelles. Par contre l’orgue est de toute beauté mais bizarrement installé dans un angle près de l’entrée.

 

L’autre visite culturelle sera pour la Villa Gallo-romaine de Mauvoisin, d’autant plus marquante qu’elle se révélera gratuite ! A notre arrivée, un panneau nous prie de nous signaler au guide en visite sur le site avec un groupe. Obéissantes, nous le repérons et commençons à déambuler au milieu des ruines nous dirigeant vers lui. Nous nous approchons du groupe, il nous repère sans toutefois interrompre son cours d’histoire. On poireaute un peu, puis de guerre lasse entamons notre visite.
Certes nous n’avons pas le dépliant contenant les informations mais nous commençons quand même à savoir nous repérer sur ce genre de site antique…
Péristyle, frigidarium, tépidarium, impluvium, triclinum… ça roule pour nous et nous nous régalons au milieu de ces ruines pleines de charme.


Aucune difficulté à imaginer la vie ici, le faste.
Deux bonnes femmes nous regardent de travers, nous entamons un semblant de discussion. Que nous n’ayons rien payé leur reste en travers du gosier, même si nous n’y sommes pour rien, nous n’avons fait que suivre les consignes.
Le guide continuant sa péroraison, il en est aux relations entre le monde romain et l’Égypte antique, nous finissons la visite et partons !!!
Les deux nanas vont avoir du grain à moudre !

 


Nos deux derniers jours vont être nettement plus bucoliques, nous mettons le cap sur l’Ariège.

Un petit tour à Seix, nous adorons ce village où nous avions passé quelques jours après le premier déconfinement. Et gagnons Massat.
Frédérique est tout émue de mettre ses pas dans ceux de son héroïne, Lison dont vous avez peut-être fait la connaissance si vous avez lu son dernier roman « En Camino » (vous pouvez d'ailleurs nous le commander directement).

 

A Massat, comme à Seix, nous respirons un air particulier.
Les épiceries « alternatives », les « librairie-bistrot-salle de théâtre », le troc, les jardinets gourmands aux coins des rues, la crieuse publique, les joueurs d’échec sous la halle le jour du marché sans oublier le camping municipal à l’ancienne, il n’y a pas à dire on s’y sent bien.
Nous recherchons le chemin du Pioulou où vit le Basile de Lison, le château où elle travaille. Finalement nous sommes chez nous et c’est certaines d’y revenir que nous quittons le village direction l’étang de Lers.
La route n’est pas large mais nous n’en revenons pas en découvrant la taille de celle qui mène au hameau pastoral des Goutets. Dire que nous l’avons empruntée avec le fourgon. Certes j’ai le souvenir que nous rasions les toitures mais franchement nous étions gonflées.
Avant l’étang où a été découverte une qualité de roche particulière, la Lherzolite, une roche insolite, quelques cabanes de pierre sèche attirent notre attention.


Chouette moment de découverte dans ce « Courtal » qui regroupe différentes constructions toutes liées au pastoralisme. La cabane ou orri qui n’est qu’un abri sommaire pour les hommes, le mazuc, sorte de cave pour conserver les fromages et autres réserves, l’étable et l’enclos !

Finalement les mieux logés étaient les animaux !
 

Ce Courtal de Peyre Auselère (Pierre aux oiseaux) compte un grand nombre de constructions toutes restaurées et est accessible par un pont mégalithique impressionnant. Mais comment des hommes ont-ils pu déplacer et installer des pierres de cette taille ?


Nous reprenons la route, l’étang de Lers nous accueille pour une balade bucolique puis c’est le retour, retour contrecarré pour cause de transhumance. Nous commençons la grimpette d'un col derrière un troupeau de vaches. C’est lent et surtout le sol est maculé de bouses !!! Déjà que le camion n’est pas nickel, là on touche au sublime.
Le vacher sème des tas de sel par ci par là pour canaliser les indisciplinées qui en profitent pour s’éterniser et comme apparemment nous n’avons aucune chance de troubler les troupeaux nous optons pour un demi-tour stratégique et prenons la route du retour pour Saint-Genis.
Voilà !
Nos prochaines « vacances » vont attendre, les jardins ont besoin de nos soins, alors pour nous suivre il va falloir patienter !
A une prochaine fois.
Dominique

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12 juillet 2024 5 12 /07 /juillet /2024 15:08

Ragaillardies par la visite de Canfranc, nous attaquons le col du Somport, hors de question de prendre le tunnel je n’y survivrais pas ! J’ai un souvenir du passage du tunnel du Mont-blanc, horrible.
A un kilomètre du col nous faisons halte à la station de ski de Candanchu qui n’est absolument pas défigurée par les installations liées à la pratique du ski.

Nous nous baladons au milieu d’une nature somme toute généreuse et au milieu d’un ancien cirque glaciaire impressionnant, seul bémol un groupe de motards déboule sur ce qui l’été devient sentiers de randonnée. Les seigneurs de la route, comme ils se nomment, s’autorisent toutes les fantaisies au mépris de l'environnement !
 

Au Somport un superbe panorama se dévoile avec une curieuse chapelle apparemment très prisée des pèlerins car nous sommes sur un chemin de Saint-Jacques.


En fait il y en a une infinité de ces chemins, chacun peut bien élire le sien, reste le problème des crédentials à faire tamponner mais après tout le principal est de mener son défi à bien, pas de s’en glorifier.
Nous attaquons la descente pépère car un troupeau de vaches semble avoir eu la même idée que nous.

Au son des clarines et baigné par le délicat fumet des bouses nous avançons espérant qu’elles ne tarderont pas à trouver un herbage à leur goût.

Notre prochaine halte nous fait dévier de l’itinéraire prévu Frédérique ayant repéré un village montagnard haut perché, Lescun.


Le village se révèle sympa mais c’est au prix de nombreuses manœuvres et de marches arrières compliquées sur de bonnes portions de route que nous partons en expédition. L’ambiance commence à rappeler celle de l’Ariège, une grange propose des créations artisanales locales, nous trouvons à acheter directement chez un berger une délicieuse tomme de brebis. Beaucoup d’échanges entre les locaux, une mamie que l’on promène, une chorale qui répète dans la mairie. La vie associative, la vie tout court, est florissante.


Notre retour en France est sympathique et nous sommes loin des frimeurs de la veille.
La route jusqu’à Oloron-Sainte-Marie laisse deviner l’ancien tracé de la voie ferrée qui reliait Canfranc, il va y avoir du travail pour tout restaurer !

 

A Oloron nous nous garons sans problème au bord du Gave et admirons les maisons suspendues, par contre nous abrégeons la découverte car, si dans les villages la vie est bien présente, comme dans toutes les villes qui ont vu leurs commerces déplacés en périphérie pour que les personnes puissent stationner facilement, les rues d'Oloron ne présentent que des devantures fermées, une horreur.
Vite nous retrouvons la campagne et à Buzy, village riche en découvertes (dolmens, lavoirs...) c’est une chouette aire de camping-car bucolique à souhait.


Le jour suivant sera tout aussi plaisant, à Arudy, le marché nous retient un bon moment et nous dégustons cette atmosphère propre au Béarn légèrement pimentée d’une petite touche de Pays Basque.


De fil en aiguille, nous atteignons le plateau de Lannemezan qualifié château d'eau de la France. Il est très facile de répérer la ville du même nom sur la carte, un éventail de cours d'eau se dessine à cet endroit. Nous gagnons rapidement notre halte du soir, Saint-Bertrand-de-Comminges !
Mais avant, douce nuit !

 

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11 juillet 2024 4 11 /07 /juillet /2024 15:21

A quelques jours de déposer dans les urnes ce petit bout de papier qui va orienter notre vie, je vais faire d’une pierre deux coups. Continuer à vous retracer notre dernier périple de part et d’autres des Pyrénées mais aussi vous rappelez l’une des périodes les plus sombres de notre humanité.

Depuis bien longtemps, Frédérique rêvait de découvrir Canfranc. Lieu atypique, un peu hors du temps, Canfranc fut une gare internationale, la plus grande jamais construite à une telle altitude, 1195 mètres !

Nous nous sommes accrochées à ce rêve et alors que depuis quelques jours nous accumulions les déconvenues, nous avons pris un plaisir infini à découvrir ce lieu tout chargé de souvenirs.

La construction de cette gare a commencé en 1922 mais c’est de 1940 à 1945 qu’elle a connu sa plus intense activité permettant à des milliers de personnes de fuir la France sous l’occupation nazie. Juifs, pilotes alliés, résistants, la destruction des gares d’Irun et de Port-Bou, en avait fait un lieu incontournable !

Albert LeLay, breton de Brest, en sa qualité de Haut Fonctionnaire fut nommé à Canfranc pour faire renaître cette gare dont les franquistes avaient muré les accès avec la France en 1936.

Sous sa houlette dès 1940, avec l’aval de De Gaulle en exil à Londres et l’implication des résistants français et espagnols, il joua double-jeu feignant loyauté à Pétain jusqu’en 1943 où il fut repéré par la Gestapo. Ayant réussi à fuir de manière rocambolesque, refusant les honneurs d’un poste plus mirifique, il repris du service après la fin de la guerre à Canfranc jusqu’en 1957 par fidélité envers la population de Canfranc qui l’avait tant aidé.

L’histoire de Canfranc est très compliqué, je ne rentrerai pas dans les détails mais pour ce qui est de la liaison française celle-ci s’est arrêtée en 1970 à la suite d’un important déraillement et pour des problèmes techniques liés à l’écartement des rails différents entre la France et l’Espagne. Il faut dire que la liaison Pau-Canfranc emprunte une vallée assez accidentée alors que la partie espagnole vers Saragosse est quand même plus roulante avec moins d’ouvrages d’art.

Depuis cette date seul le trafic côté espagnol est effectif mais des travaux sont en cours du côté français qui pourrait bien permettre la réouverture de cette ligne !

Entre temps la gare mythique est devenue hôtel de luxe et une autre gare ultra moderne a été construite à côté.

Nous avons pris beaucoup de plaisir à jouer les voyageurs d’un autre temps, à nous imprégner de cette atmosphère un peu particulière que recèle les lieux chargés d’une mémoire douloureuse avec en tête cette petite question…

Et si l’histoire se répétait ?

Un peu comme une boucle temporelle ?

Canfranc, un lieu que nous sommes contentes de vous présenter, pour ne pas oublier, se souvenir !

 

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