Sur les bords de la Vézère, de la Dordogne et de leurs affluents, la vie humaine s’est installée sans discontinuité depuis au moins 150 000 ans.
Ces rivières ont creusé leurs lits dans un sol majoritairement calcaire et comme leurs alliées, les eaux d’infiltrations, ont donné naissance à un relief très particulier, typique de cette érosion.
Les eaux ont creusé des grottes, des abris sous-roches que d’autres agents comme le gel ont modelés à leur guise.
Ces refuges ont d’abord été habités par les animaux puis par l’homme.
Des restes de Néandertaliens ont été découverts en Dordogne, ce qui atteste de l’ancienneté de l’engouement de l’homme pour cette région. L’Homme de Neandertal qui peupla aussi l’Afrique, a apparemment disparu de la surface du globe faute de pouvoir évoluer. Apparu sur Terre à une époque chaude, il semblerait que, au moins pour les spécimens présents en Europe, leur incapacité à faire face aux conditions climatiques dues à l’arrivée d’une nouvelle époque glaciaire, ait signé leur arrêt de mort.
L’homo Sapiens, doté de capacités intellectuelles plus évoluées, lui, a su s’adapter et utiliser à son avantage les ressources naturelles des régions qu’il parcourait à la recherche de nourriture. C’est ainsi que chassé par le froid, notre ancêtre directe (nous sommes vous et moi des « Sapiens », le mot signifiant sage) a élu domicile dans les grottes et abris sous roches des rives de la Vézère et de la Dordogne.
Un peu partout les sites abondent et certains sont absolument fabuleux comme le Château de Commarque ou le site de La Roque Saint-Christophe.
Occupé dès le paléolithique le site de Commarque offre aux visiteurs la possibilité de découvrir les restes d’un habitat troglodytique d’une grande richesse. Outre les vestiges d’un habitat rural, une grotte ornée a livré entre autre de magnifiques gravures de chevaux.
La vie humaine a perduré ici des milliers de siècles, les hommes s’adaptant au relief ont su tirer partie des configurations géographiques et s’offrir à force d’ingéniosité une certaine qualité de vie.
Si l’on perd de vue l’histoire de Commarque durant le premier millénaire après JC, les documents attestent de l’existence d’un donjon avec logis, d’une chapelle et de maisons tours sur les lieux au XIIe siècle. Ce n’était donc plus un château mais un castrum puisqu’il y avait outre le château de nombreuses habitations à l’intérieur de l’enceinte en plus de celles creusées dans les falaises aux environs immédiats. Durant la Guerre de 100 ans qui en dura un peu plus, les seigneurs de Commarque en profitèrent pour agrandir le château et en améliorer le côté défensif ce qui n’empêcha pas les anglais en 1406 de s’en emparer ! Mais que venaient-ils faire ici ? Par la suite Commarque étant dévoué à la cause de la Réforme, les catholiques mirent à mal le château et à la fin du XVIe siècle le site commença à décliner. Définitivement abandonné au XVIIIe siècle le château est sorti de l’oubli en 1968 et depuis 1994 renait de ses cendres.
L’histoire de La Roque Saint Christophe est sensiblement identique à ceci près que la falaise, qui abrite le site, fait 80 mètres de haut pour un kilomètre de long et que l’occupation humaine s’y est perpétuée sur 6 niveaux, tous reliés entre eux par une vingtaine d’escaliers vertigineux, creusés à même la roche. C’est ainsi que l’on peut y découvrir l’un des plus grands escaliers monolithiques d’Europe !
Le niveau 0, c'est-à-dire celui qui correspond à l’occupation préhistorique ne se visite pas mais les 5 autres niveaux permettent d’avoir une idée très précise de ce qu’était l’organisation de la vie sociale au Moyen Age.
La Roque Saint-Christophe est exceptionnel en ce sens que ce site nous permet de comprendre comment vivait l’homme du commun.
La découverte des châteaux, certes, est intéressante mais l’opulence qui y est le plus souvent palpable ne rend pas compte des prouesses que devaient accomplir les hommes dans leur quotidien. C’est un peu comme si dans 500 ans nos descendants n’avaient à se mettre sous la dent que les reconstitutions à l’identique du Palais de l’Elysée ou des hôtels Crillon ou Lutécia ! Zappés les cités, les petits pavillons de banlieue !
Là, tout y est.
Des reconstitutions fidèles nous montrent les techniques de constructions mises au point pour ancrer une façade sur une corniche d’à peine 2 mètres de large.
On y découvre l’église avec ses fonds baptismaux creusés dans le sol.
C’est tout une urbanisation qui nous est offerte à la découverte avec une foule de petits détails croquignolets : les saignées pour canaliser les eaux de pluies mais aussi le sang des animaux dans l’abattoir, les anneaux taillés dans le roche qui servaient à attacher, suspendre tout et n’importe quoi, des morceaux de viande du fumoir aux instruments servant à la liturgie.
Il y a la forge, des sépultures creusées dans le sol mais aussi le fameux trou du guetteur auquel on accédait que par une échelle rudimentaire.
Sujet au vertige, s’abstenir !
Savez-vous que chaque site troglo avait le sien, que ces trous étaient placés de tel manière qu’un guetteur pouvait au moyen d’un système sonore alerter ses collègues et qu’il ne fallait que 6 minutes pour que l’alerte se répercute sur les 18 kilomètres de la vallée ?
Parce que là encore, l’ennemi fut l’Anglais !
Si seulement Jeanne d’Arc avait été là !
Je ne vous détaillerai pas plus ces deux sites mais j’espère vous avoir donné envie d’y aller voir de plus près.
Au fait savez-vous que j’ai découvert à l’occasion de cette visite que ma peur des hauteurs semblait m’avoir quittée ?
J’ai grimpé sans sourciller tout en haut du donjon de Commarque, je me suis penchée au-dessus du vide avec délectation pour découvrir des terrasses inaccessibles à la visite !
Et bien RIEN, même pas peur !
Si cela vous intéresse, je vous raconterai un jour à quoi tient ce miracle.
D’ailleurs je le ferai même si vous ne m’en adressez pas la demande car je sais qu’il me faut témoigner quitte à déranger !
Sur ce, bon Week-end !
Do