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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:08

Une nouvelle mais pas que !

Un enseignement aussi.

Ce qui va bientôt être la réalité pour une amie qui nous est chère.

Dominique

Pouce !

Il y a quelques semaines, je me trouvais là pour la première fois, assise sur le sable, loin de tout. Tout ce qui avait vampirisé mon énergie s’était évanoui pour un temps ! Je n’avais pas trouvé le courage de passer un maillot de bains même pour m’immerger dans cette mer d’azur dont je rêvais. Trop fatiguée mais seule !

Enfin !

Juste m’enivrer de soleil, de Paix, rien d’autre ne comptait.

Mon petit chez moi, une jolie case que me louait le propriétaire du « Lolo » du coin m’avait immédiatement réjoui le cœur. C’est une amie d’amies qui m’avait trouvé ce coin de paradis sur Grande-Terre. Pas de luxe, juste l’essentiel. Une grande pièce à vivre ouverte sur la nature avec tout autour une véranda ! Un coin cuisine simplissime mais fonctionnel. Sans chichi, lumineuse et agréablement décorée de bois flottés, coquillages, ces quelques tissages colorés au sol, le grand lit à baldaquin avec moustiquaire me régalent toujours autant les yeux qu’à mon arrivée.

En deux temps trois mouvements tout ce que j’avais quitté s’était effacé de ma mémoire, avais-je enfin passé le cap !

Il y a si longtemps que je voulais partir !

Partir pour revenir un jour, mais quand ?

Un jour !

Avec la complicité de mon logeur j’avais loué dès mon arrivée un scooter très couleur locale, jaune d’or, rouge et bleu ! Les couleurs de la Guadeloupe. Aucune chance de passer inaperçue, j’étais autonome et libre. Libre mais triste. Infiniment.

J’aurais tellement aimé entendre mes enfants m’encourager dans mon projet, être assurée qu’ils me comprenaient, qu’à leurs yeux cela ne faisait aucun doute que je méritais ce temps de repos auquel j’aspirais. Lorsque je me suis envolée pour les Caraïbes, seules des amies étaient là pour m’épauler et surtout m’empêcher de renoncer à ce voyage au moment d’embarquer.

Elles redoutaient cet « et si » qui risquait de sonner le glas de mes projets ! Et si ma mère avait besoin de moi ou l’un de mes petits loustics, l’un de mes enfants ! Je me doutais de leur réponse… Et si tu tombes malade, ou pire, qui se souciera d’eux tous ! Pas faux mais quand la culpabilité vous taraude, sauter le pas est incroyablement difficile. Il a fallu que la vie m’adresse de nombreux signes avant que j’envisage de me choisir. C’est le dernier qui a fait la différence. J’avais bien compris que physiquement j’étais au bout du rouleau, les analyses médicales demandées par le médecin ne laissaient pas de place au doute, mon corps criait grâce. Mais je repoussais sans cesse, j’avais toujours une bonne raison à avancer.

Il a fallu que la vie conspire à me faire me choisir ! Elle a utilisé un de mes points faibles pour se faire entendre, la gourmandise. C’était le marché de Noël, je me baladais dans le délicieux village de Taurinya, lorsque j’ai avisé un tout petit stand où trônait un énorme tas de « merveilles », ces délicieux beignets dont me régalait ma grand-mère. Un tout petit bout de femme m’en a tendu un sans rien dire, mes yeux devaient parler pour moi. Je me suis empressée de refuser l’assurant de ma détermination à lui en acheter, histoire de leur faire honneur.

- « Et si vous étiez déçue ? » m’a t’elle répondu d’une voix fluette. «  Goûtez d’abord ! »

Pas de déception, c’était évident et je ne doutais pas de faire des heureux en revenant avec mes merveilles le soir même. La petite grand-mère venait de remplir un sachet quand elle m’a regardée et dit doucement :

- « Rien que pour vous, c’est important de se faire plaisir. C’est bien d’être égoïste parfois. »

Je lui ai souri, hochant la tête.

- « Mes merveilles vont vous mettre de la joie au cœur, vous allez retomber en enfance. »

J’ai détourné les yeux, histoire de ne pas lui montrer mes larmes mais sans doute était-ce trop tard. Elle m’a pris la main m’invitant à m’asseoir à ses côtés.

- « Vous savez quand on était petit, parfois pour arrêter le jeu, on criait pouce. C’est toujours possible. Quand vraiment cela ne va pas il faut savoir tout arrêter. »

Je me suis mis à pleurer comme une madeleine, elle n’a rien dit me tenant juste la main. Les larmes séchées, je me suis levée pour l’embrasser et la remercier.

- «  C’est bien de s’écouter et de s’aimer. » a t’elle dit en guise d’adieu.

Mon sachet de merveilles à la main j’ai tournicoté dans le village un petit moment, acheté un petit bouquet de houx que je destinais à ma petite grand-mère. Revenant sur mes pas j’ai retrouvé la rue aux merveilles mais plus de stand, j’ai interrogé les personnes des étalages voisins, nul ne pouvait me renseigner. A croire que j’avais rêvé. Pourtant mon sachet de merveilles prouvait le contraire.

Troublée j’ai regagné ma voiture.

Que penser de ce que je venais de vivre ?

Une rencontre extra ordinaire !

J’ai décidé de suivre les conseils reçus, je me suis choisie.

Je me suis envolée pour d’autres cieux.

 Le temps a passé comme en rêve, je n’ai rien fait d’extraordinaire si ce n’est nager comme une forcenée. Pas besoin de cuisiner, les multiples petits lolos ont tous de délicieux petits plats. Sur mon scoot j’ai visité les environs immédiats puis emprunté les taxis collectifs pour élargir mon périmètre de découverte. Cela m’a permis de faire de jolies rencontres qui ont vite égayé mes soirées. Je ne pensais plus trop souvent à ceux que j’avais laissés en métropole, la vie était douce, simple.

Le temps passant quelques SMS me sont arrivés puis le rythme s’est accéléré.

La famille s’inquiétait, pas de moi, de la date de mon retour.

Manifestement ce que je découvrais ne les intéressait pas, jamais de question.

Il faut dire qu’en mon absence mes enfants ont été obligés de s’occuper, un peu, de leur grand-mère. Une visite de temps à autre, rien à voir avec les séjours que je passais avec ma mère pourtant mais il est vrai que consacrer son dimanche à une personne toujours grognon n’a rien de folichon.

J’éludais la question du retour, après tout depuis plus de 5 ans, une semaine par mois je séjournais en Ariège, dans un coin oublié de la civilisation. Je ne dirais pas à mille milles de tout lieu habité mais pas loin ! Gérer le quotidien, les démarches en tout genre, vivre la télé allumée en permanence.

La télé, « Plus belle la vie » ! Je hais.

Puis un soir revenant d’une journée bronzette, le ciel m’est tombé sur la tête !

Ma mère avait fait une mauvaise chute et s’était fracturée l’épaule. Certes cela aurait pu être pire mais son état ne justifiant pas une hospitalisation longue durée on me demandait de rentrer pour venir la garder à son domicile. Elle refusait tout séjour dans un centre de convalescence.

Complètement abattue, après être allée aux nouvelles, je me suis décidée à chercher un vol de retour. La connexion étant indigente j’ai pris le scoot pour filer chez des amis à Bouillante effectuer la réservation. Barcelone étant la meilleure opportunité, personne dans la famille ne pouvait se libérer pour venir me chercher, je me suis résolue à appeler une amie. Navrée pour moi, elle m’a assurée de sa présence à l’aéroport allant jusqu’à me remercier de lui offrir l’occasion de se balader dans la capitale catalane !

Plus que trois jours de répit et j’allais m’envoler retrouver ma vie d’avant !

Mesurant ma détresse Ancinette, chez qui je venais de finaliser ma réservation a proposé de me servir de guide pour découvrir les Saintes !

Quelle merveille cet archipel !

Nous avons joué les parfaits touristes, tour de l’île en voilier puis location de scooters pour une découverte en règle. Le Fort Napoléon et ses iguanes, bain et déjeuner à l’Ans’oleillé sur l’anse Rodrigue, virée jusqu’à l’Anse du Pain de Sucre pour finir en beauté à l’Anse Figuier.

En beauté ! C’est le cas de le dire.

C’est à cet instant que ma vie a basculé !

Je trempais béatement quand j’ai avisé une de ces maudites chèvres le museau dans mon sac. Tout son contenu était en passe de finir en lambeaux.

Giclant de l’eau en moulinant des bras, je me suis pris les pieds dans une racine. J’ai vécu alors une bien curieuse expérience. Je me suis en quelque sorte dédoublée, une partie de moi me regardait, affalée le nez dans le sable, s’interrogeant sur ma soudaine immobilité. Je ne ressentais rien, le temps était comme suspendu. Lorsque j’ai réintégré mon corps physique, une douleur épouvantable m’a coupé le souffle.

Instantanément un attroupement s’est formé autour de moi, chacun y allait de ses conseils. Sonnée, la seule chose dont je me souvienne est de ce verre de rhum qu’un grand gaillard voulait m’offrir.

Ancinette ayant réussi à se faire entendre un îlot de calme s’est créé autour de moi en attendant les pompiers. Quant aux scooters, c’est tout juste s’ils ne se sont pas battus pour nous rendre service et les reconduire chez le loueur.

Je suis partie sur le brancard comme une vraie star, une « doudou » pleurait même à chaudes larmes.

A toute chose, malheur étant bon, le soir même ma réservation de vol était annulée.

Méga entorse et poignet fracturé, même sans déplacement inutile d’envisager de voyager !

La joie de mes amis de me garder auprès d’eux n’a eu d’égal que la véhémence de mes enfants. A croire que je l’avais fait exprès !

Le temps s’est écoulé, agréablement. J’ai été chouchoutée et bien que fortement commotionnée la présence de la mer m’a offert une rééducation naturelle de choix.

Deux bons mois plus tard, me voilà de retour en métropole, en Ariège qui plus est, un sentiment de culpabilité au cœur.

Ma mère ne pouvant rentrer chez elle seule et ayant refusé la présence d’une auxiliaire de vie que lui avait trouvé mon fils, a intégré contre son gré une maison de retraite. Mes enfants n’ont pas eu mes scrupules !

J’hésite à sortir de la voiture, de nouveau je me joue des films.

Comment vais-je la trouver ?

« Et si » elle était entrain de se laisser mourir !

Lentement je gagne le hall d’accueil, pour me présenter, savoir où la trouver !

- « Madame Attaf ? Voilà bien une dame insaisissable, si nous savons toujours où se trouvent nos autres résidents, votre maman est un vrai courant d’air ».

La femme m’ayant grosso modo renseigné sur l’emploi du temps supposé de ma mère et la topographie des lieux, j’ai enfilé les couloirs pour déboucher sur une vaste salle. Une joyeuse tablée de têtes chenues tape le carton et aucun doute possible ma mère est du nombre.

- « Coucou, Maman ! »

- « Ma fille ! te voilà ? Tu tombes mal, te vas devoir attendre un peu, aujourd’hui c’est belote et nous venons juste de commencer. »

- « Et bien je vais t’attendre . C’est pas grave. »

- « Non, non vas faire un tour, tu verras le jardin est agréable. »

Le ton est donné, le reste de la journée va me montrer sans équivoque que ma mère est comme un poisson dans l’eau. Elle a retrouvé de vieilles copines et même un ancien soupirant. Je ne lui suis plus d’aucune utilité, elle ne s’est même pas inquiétée de mon accident. Sans doute l’a t’elle oublié, c’est parfait ainsi, tout est juste.

Je suis libre et dans ma tête un scénario s’écrit à toute vitesse.

Bouillante m’attend, j’ai encore beaucoup à explorer là-bas. Et ailleurs aussi !

De ce qui me semblait le pire a surgi le meilleur.

Merci la Vie !

Il suffisait de lui faire confiance, de décrypter les signes qu’elle m’adressait.

Inutile de garder la tête dans le guidon, lâcher-prise était la seule conduite à tenir.

Dominique Longville

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