Toujours avec en toile de fond notre séjour basque, traquant les coins les moins arrosés entre Landes et Pays Basque, nous avons mis le cap sur Hossegor puis poussé jusqu’à Vieux-Boucau ! L’article semble long mais je pense que le sujet le mérite, d’autant qu’il est applicable à d’autres lieux. Néanmoins pour ceux qui veulent aller droit au but, ils peuvent passer au volet 2 directement, quitte à lire le 1 ensuite ! Chacun fait ce qui lui plait !
Première partie. Une petite révision tant géographique qu’historique. L’hydrographie : Vieux-Boucau, autrefois Port d’Albret, pourrait être encore le premier port du littoral landais, à l’embouchure de l’Adour, si le fleuve n’avait été détourné en 1578 pour lui donner son estuaire actuel à Bayonne. Vieux-Boucau signifie « vieille embouchure ».
Autrefois, l'Adour se terminait par un delta. Grâce à des documents anciens, on peut suivre sa course capricieux. Il a souvent changé d'embouchure errant au gré de l'ensablement de son delta. En 910 une crue le dirige vers le nord par Soustons et Vieux-Boucau. En 1164 il perce la dune face à Bayonne puis retourne à Capbreton. En 1562 la ville de Bayonne, alors en déclin, obtient de Charles IX un accès direct à l'océan. C'est Louis de Foix qui, aidé par une crue providentielle de la Nive, fait réaliser la trouée vers l'océan dans laquelle le fleuve s'engouffra le 25 octobre 1578. De cet ancien cours, il reste un chapelet de lacs ; Soustons, Hossegor, Seignosse etc.
La forêt : Aujourd'hui, la forêt des Landes est à cheval sur 3 départements et pour 9/10 est plantée en pins maritimes mais il existe localement, au sein de la forêt, des vestiges du boisement original de cette partie du Sud-ouest : chêne, aulne, bouleau, saule, houx principalement au bord des cours d’eau. Cette forêt-souche était vraisemblablement plus étendue jusqu'au milieu du Moyen Age, époque à partir de laquelle les défrichements liés à l'extension de l'activité pastorale et au besoin en bois de construction ont entraîné le recul des zones forestières. Il faut savoir qu’initialement la plus grande partie du territoire aujourd'hui occupée par la forêt des Landes était une zone humide, travaillée, possédée en commun jusqu'au XIX e siècle par une population d'éleveurs ovins. C’est le cliché type du berger landais sur échasses.
Le système est resté viable jusqu’à l’implantation massive des pins maritimes, parfaitement adapté à ces régions alors présentées comme des "colonies de l'intérieur", implantation décidée par les gouvernants de l’époque au XIX e siècle. La volonté d'implanter la forêt est due à plusieurs raisons dont celle de fixer les dunes mobiles du littoral qui menaçaient les villages. Longtemps encore les paysans ont continué de pratiquer le gemmage, ces saignées que l’on fait sur l’écorce du pin pour en récolter la sève dans des petits pots fixés sur le tronc, puis cette activité emblématique a disparu face à la concurrence, entre autre, des produits pétroliers qui se substituent à la colophane et à l'essence de térébenthine. En 1990, après plus de 2000 ans d'existence, le gemmage disparaissait.
L’habitat : Historiquement, en dehors du bassin d'Arcachon et de l'embouchure de l'Adour, les villages landais n'étaient pas tournés vers la mer. Le littoral n'étant pas fixé, les dunes mobiles menaçaient d'ensevelir les villages. Un exemple célèbre est l'église de Soulac qui fut recouverte par une dune en 1756. C'est surtout au XXesiècle que se développèrent les stations balnéaires du littoral lorsque l’État a donné la possibilité aux communes qui le souhaitaient de créer des « fenêtres océanes ».
A suivre !
Do