DES GENS TRÈS BIEN
Alexandre JARDIN
(Paris, Grasset, 2010)
A la question « que faisait, les 16 et 17 juillet 1942 le directeur de cabinet de Pierre Laval ? » la famille Jardin esquivait. Car Jean Jardin, dit « le Nain Jaune » - directeur de cabinet de Pierre Laval - était un homme si gentil que Pascal, son fils admiratif, lui a même consacré une biographie (« le Nain Jaune » Julliard, 1978). Il a fallu attendre que son petit-fils, Alexandre, se pose les questions qui fâchent et fasse sa propre enquête en cachette de sa famille pour que la personnalité du grand-père se révèle.
Car les 16 et 17 juillet 1942 à Paris c’est la rafle du Vel d’Hiv (13 152 juifs sont arrêtés et déportés dont 4 115 enfants) et le petit fils doute que son illustre grand père puisse ignorer cet événement. Ce livre n’est pas un roman, il est inclassable ; suite de questionnements, de souvenirs, de constats « le carnet de bord de ma lente lucidité » dit Alexandre Jardin.
Pour le lecteur c’est pénétrer dans l’intimité d’un homme, d’une famille totalement déconnectés de la réalité, sûrs d’être dans le vrai. C’est à la fois pathétique et terrifiant.
Si, pour les historiens, le livre d’Alexandre Jardin n’a pas la rigueur d’un travail historique digne de ce nom, il a le mérite d’exister et sans aucun doute il a eu un rôle thérapeutique pour son auteur dont l’héritage familial était trop lourd à porter.
Mi