De Zarauz à Itxassou (France)
Hé oui, voilà, c’est le dernier jour !
Une seule halte prévue pour aujourd’hui, à quelques kilomètres de Zarauz : Getaria. (Ne pas confondre avec Guétary, qui se trouve en France !).
Pour gagner ce petit port de pêche typique et animé, nous longeons la côte sur cinq kilomètres, découvrant un rivage austère, plutôt rébarbatif. On comprend aisément pourquoi la plage de Zarauz attire autant de monde!
Soit dit en passant, nous n’aurons guère goûté aux joies de la baignade au cours de notre périple : entre les gros rouleaux, les algues vertes, la pollution aux Escherichia colis à la Corogne, et, aux alentours du cabo Vidio, les fosses marines de
Surtout compte tenu d’une température encore un peu limite pour nous autres, gens du sud méditerranéen !
A notre arrivée à Getaria, aux alentours de dix heures, les rues sont encore calmes et peu fréquentées. Nous flânons un peu entre les deux ruelles parallèles où sont installés boutiques et restos, faisons un petit tour dans l’église San Salvador, du XVème siècle, à l’architecture très étonnante et plutôt tarabiscotée, du fait de sa construction sur un terrain rocailleux ; les architectes ont dû s’adapter ! Il y a même une ruelle qui passe en tunnel sous l’église.
Nous avisons bientôt l’office du tourisme et nous nous y rendons pour avoir un plan du village. C’est là que nous apprenons que nous ne nous sommes peut-être pas garées au bon endroit, et que, surtout, nous n’avons pas vu l’horodateur où nous aurions dû mettre quelques pièces ! Aïe, aïe, aïe… Nous revenons rapidement au camion pour réparer cet oubli avant le passage des municipaux.
Nous avons beau regarder les autres véhicules en stationnement, nous n’en voyons aucun avec un ticket ; il y a même un camping car XXXL (un Concorde, un de ces mastodontes à 400.000 euros) qui occupe sans vergogne quatre places de parking. De plus, l’horodateur, enfin trouvé, ne fonctionne pas. Nous décidons donc d’aller nous garer ailleurs.
Evidemment que nous pourrions rester là, en expliquant, au besoin, que nous n’avons pas pu payer… Que les autres n’avaient pas de ticket, etc, etc… Peut-être que si nous étions en France nous le ferions, et surtout si nous n’avions pas le profil à nous faire épingler dès que nous nous écartons des clous ! Nous jouons donc la sécurité et la tranquillité en allant chercher un autre stationnement du côté du musée Balenciaga que nous avons l’intention de visiter. Et nous en trouvons un super un peu au dessus ; elle est pas belle, la vie ?
Le musée Balenciaga est un bâtiment annexe au Palais Aldamar, édifice du XlX ème siècle, ancienne résidence des marquis de Casa Torre, grands-parents de la reine Fabiola de Belgique et mentors de Balenciaga durant les premières années de sa carrière. Le mariage de ces deux styles architecturaux est surprenant, assez dissonant, mais au final, pas laid du tout.
Nous passerons un long moment dans ce musée ultra moderne consacré à l’œuvre du grand couturier où l’on peut admirer les créations qui ont fait sa renommée. Nous avons même retrouvé les hôtesses de l’air « Air France » pour lesquelles il avait créé le costume en 1968.
Né le 21 janvier 1895, d’un père marin pêcheur et d’une mère couturière qui l’initie très tôt à son art, Cristóbal Balenciaga débute sa carrière en 1908 comme tailleur, à San Sébastian, résidence d’été de la famille royale d’Espagne ; deux ans plus tard, il y fonde sa première maison de couture. Deux autres maisons suivront : en 1933 à Madrid, et en 1935, à Barcelone. En 1936, la guerre civile espagnole l’oblige à quitter son pays ; en 1937, il s’installe à Paris où il présente sa première collection. Bien avant la seconde guerre mondiale, sa renommée n’est déjà plus à faire, mais c’est dans les années 50-60, que ses créations vont révolutionner la silhouette féminine. Les grands de ce monde, les reines d’Espagne et d’Angleterre, la princesse Grace de Monaco, la duchesse de Windsor et bien d’autres encore lui sont fidèles, ainsi que Ginger Rogers, Marlène Dietrich, Carole Lombard. Les années Courrèges (Courrèges, qui est entré dans son atelier en 1950 comme assistant), la mini-jupe et le prêt-à-porter auront raison de sa créativité et en 1968, il présente sa dernière collection. Il décèdera quatre ans plus tard, en mars 1972. L’homme qui détestait paraître en public et n’aura donné qu’une seule interview de toute sa vie repose aujourd’hui à Getaria, sa ville natale.
Chemin faisant, audio guides sur les oreilles, nous découvrons toutes les innovations du couturier, pas toujours faciles à porter sans doute, pour qui n’a pas la « taille mannequin », les lignes « tonneau », « ballon », « Baby doll », les robes « sac » et les tuniques… Nous allons même jusqu’à essayer quelques modèles mis à la disposition du public (peu de choix, hélas !).
Visite terminée, nous redescendons vers le village et vers le port où la population s’est nettement densifiée. Une agitation toute hispanique anime les ruelles, et ce sera pire au retour !
Nous dépassons le port pour partir à la découverte du mont St Anton, « el raton », la presqu’île – encore une île jusqu’au XVème siècle- qui ferme le port, classée zone protégée (sans doute a-t-elle une forme de souris ?).
Une ancienne route bien ombragée, aujourd’hui réservée aux piétons, permet d’accéder à un phare qui domine la baie, et encore un peu plus haut aux ruines de l’ancienne chapelle St Anton où le panorama s’étend, à 360° sur la mer, la côte, le port et l’arrière-pays montagneux.
Autrefois, on y guettait le passage des baleines, Getaria étant un ancien port baleinier, comme la plupart des ports basques.
Pas de baleine en vue, aujourd’hui ! Dommage…
Lorsque nous remontons vers le parking, il, est suffisamment tard pour que ce soit l’heure du repas (heure espagnole, bien sûr) ! Les bars sont bondés ; assis ou debout dans la rue, tout le monde se gave de pintxos (tapas du coin), bien arrosés de cidre frais ou de Txakoli, le vin local…
Les conversations vont bon train, à un rythme de mitraillette, les enfants jouent, crient… Bonjour, les décibels !
Nous rentrons manger dans notre camion, à l’écart du tumulte, avant de reprendre la route, pour une tentative de halte à Zumaïa, à quelques kilomètres de là… Arrivées là, nous changeons d’avis ; nous n’avons pas pu nous garer à proximité du centre et nous ne sommes plus assez motivées pour marcher jusque là-bas. Et si nous rentrions en France, cette fois ?
Adjugé ! Nous revenons jusqu’à Zarauz pour attraper l’autoroute et filons vers la frontière sans nous arrêter. Ensuite, nous enchainons avec Saint Jean de Luz, Ascain, St Pée sur Nivelle, Cambo, Espelette… C’est toujours aussi beau, ici !
Il est encore assez tôt lorsque nous retrouvons le camping d’Itxassou où nous commençons à avoir nos habitudes. Le temps est gris, et plutôt frais (23°), mais cela n’empêche pas les affichages municipaux de mettre en garde les populations : « Alerte, canicule ! ». Nous comprenons bien qu’il y a des consignes préfectorales, mais on pourrait peut-être les adapter, non ? C’est risible !
Sitôt installées au camping, piscine ! Et après la détente, un petit tour jusqu’au centre du bourg pour un ravitaillement en spécialités basques (pâté, piment d’Espelette, fromage… Il faut ce qu’il faut !), en admirant au passage une démonstration de pelote à main nue… Quelle dextérité ! Et dire que personnellement, au tennis, la raquette était parfois trop petite pour arrêter la balle !!!
Voilà ! Comme toujours, après avoir passé quelques jours à l’étranger, nous sommes contentes de retrouver la France. D’ici, peu, nous recommencerons à râler et à critiquer (d’ailleurs, en fait, nous avons déjà commencé avec les panneaux municipaux, ah, ah, ah !!!), c’est sûr, mais en attendant, nous apprécions !
Nous avons quand même fait un beau voyage…
Fredo
On s'achemine vers la France...
De Foz à Vidiago
Pour notre première halte de la journée, nous n’avons pas à aller loin. Sitôt sorties du camping, une petite route nous mène à travers la forêt (d’eucalyptus, bien sûr !) jusqu’à un hameau doté d’une très vieille église du Xllème siècle, San Martino de Mondoňedo. Ne croyez pas le Routard qui dit (écrit) qu’elle est également appelée Obispo Santo. Cet Obispo Santo est en réalité une chapelle beaucoup plus petite, située sur la route de la première. Nous passons devant à l’aller comme au retour, sans nous arrêter.
L’église de San Martino domine le village. Elle serait le premier édifice fondé par une colonie de migrants bretons (grands)fuyant l’Angleterre au Vème ou Vlème siècle. Extérieurement, l’édifice est très beau, et son intérieur doit valoir le détour puisque l’entrée en est payante. Malheureusement, nous arrivons trop tôt ; elle n’ouvre ses portes qu’à 10h30. Tant pis ! Nous nous contentons d’un petit tour dans le bourg qui ne présente guère d’intérêt avant de reprendre le cours de notre voyage, direction plein est, objectif, Puerto de Vega !
Fortes de nos expériences passées, nous nous garons dès que nous apercevons un parking accueillant, en hauteur, à l’entrée du bourg. Une bonne descente et nous arrivons au cœur de ce petit port de pêche sympathique aux maisons colorées, animé, mais paisible.
Il est toujours étonnant de constater à quel point les digues sont renforcées de gros blocs de béton pour contenir la fureur des flots. Les tempêtes ne doivent pas être de la rigolade dans le coin ! Nous flânons dans les ruelles, et nous nous engageons sans réel projet sur un agréable sentier côtier pour accomplir une jolie boucle pédestre, la mer bouillonnant à nos pieds.
Le temps, superbe, offre des vues bien dégagées sur les falaises déchiquetées et les innombrables rochers frangés d’écume. C’est magnifique.
La balade nous ramène ensuite vers le village, sur le versant opposé à celui de notre départ.
Nous redescendons vers le port, puis remontons en face pour gagner l’iglesia Santa Marina, perchée sur la falaise, en surplomb du village et de l’immensité marine ; elle porte bien son nom.
Edifice du XVlllème siècle tout simple, de plan rectangulaire, de style baroque, elle possède, parait-il, un retable intéressant. On est content de le savoir, mais elle est… fermée !
Après Puerto de Vega, Luarca !
Bof, bof…
C’est grand, assez pittoresque, mais nous remarquons surtout que les vieux bâtiments, les plus typiques, souffrent d’une négligence manifeste. Un peu partout dans le centre ancien, ils sont souvent complètement en ruines, noyés au milieu d’immeubles récents. De nombreuses maisons de bois sont étayées, le toit effondré, les fenêtres cassées, envahies par la végétation. Pourquoi ne les abattent-ils pas, à défaut de les retaper ?
Et toujours ces immeubles modernes affreux côtoyant des bâtiments de caractère… Ça gâche tout.
Nous ne nous attardons guère et enchaînons avec la découverte du Cabo Vidio.
Encore une jolie balade sur la falaise, jusqu’au phare du même nom. Certains penseront que nous critiquons toujours, mais là encore, pourquoi avoir accolé ces affreuses constructions à un phare, qui, tout seul, devait être superbe ?
Après avoir pas mal marché, nous reprenons la route pour gagner notre camping du soir. Nous retrouvons l’autovia, contournant Gijon, direction Santander, et nous sortons à Vidiago.
Là, les choses se corsent.
Une toute petite route descend en serpentant vers la mer. Nous prions pour ne rencontrer personne. Exhaussées presque jusqu’au dernier moment, lorsque surgit un malotru qui s’engage face à nous sans ralentir, nous obligeant à piquer vers le fossé et à manœuvrer pour le laisser passer. Nous sommes arrivées au fond d’une vallée très encaissée ; à notre droite, un petit parking pour les usagers de la plage (à gauche), et en face, l’entrée du camping. La réception est située au bas d’une « méga » côte (j’aimerais bien en connaître le pourcentage) et la première difficulté est de parvenir à stationner à sa hauteur pour l’inscription. Par chance un véhicule libère une place et nous nous y glissons.
Je crois qu’à ce moment-là, si le demi-tour était plus aisé (il est en fait impossible) et si nous avions un plan B pour camper ce soir, nous repartirions illico !
Dominique passe au bureau et revient avec des instructions très strictes : « Monter en première ! Surtout, rester en première ! Ne pas passer la seconde, d’autres l’on fait et sont restés en rade". En première, donc, jusqu’au replat où nous trouverons un parking, et là, nous serons pris en charge par quelqu’un pour nous conduire jusqu’à un emplacement. Soit.
On serre les fesses, et c’est parti ! En première. Ça ronfle, ça monte, ça tourne, ça dure, mais par chance, nous ne croisons personne dans l’autre sens. Voilà enfin le replat, le parking et quelqu’un qui nous fait signe d’attendre sur le côté. Soulagées d’être arrivées là (mais conscientes qu’il faudra bien redescendre !), nous balayons notre nouvel environnement d’un œil inquiet.
Il y a des emplacements partout sur les collines avoisinantes, pas mal encore vides, des tentes, des caravanes, des camping-cars, en face, à droite, à gauche, en bas, en haut… Certains sont même très proches du vide !
"Où c'est-y qu'ils vont nous mettre???" On reste ou on repart?
Quelqu’un arrive pour nous placer, à bord d’un 4x4. (A noter que tout le monde est charmant, ici, c'est déjà ça! Nous nous hasardons à demander un emplacement plat (c’est que nous avons un problème de frein à main et, dans la mesure du possible, nous préférons ne pas avoir à le mettre !). Il rigole et répond qu’il va faire pour le mieux en nous invitant à le suivre. Et c’est reparti !
Toujours plus haut ! C’est la devise de la soirée.
Arrivé au point culminant du camping, il ralentit, et nous indique un emplacement à notre droite. Après tout ce que nous avons pu voir, nous ne pouvons que soupirer d’aise : c’est sans doute un des plus grands emplacements, très facile d’accès, il est plat et la vue est… GRANDIOSE !
Juste derrière nous, un troupeau de vaches pait tranquillement au son des clarines. On dirait des aveyronnaises… (soit dit en passant, cela nous a permis de découvrir que les vaches ne dorment pas; toute la nuit, on entend les clarines! Bon, on ne va pas leur faire un procès pour ça, n'est-ce pas?
Je pense que de toute notre carrière de campeuses, nous n’avons jamais eu une place pareille. Nous dominons la mer qui miroite en contrebas, la baie bordée de hautes falaises, et tout le camping qui s’étale en terrasses plus ou moins grandes jusqu’au niveau de l’eau… Ceci dit, les jours de tempête, ça doit être moins « fun »… Je me demande si cela leur arrive d’évacuer.
Enfin, pour aujourd’hui, le ciel est bleu et cela devrait être calme…
A tout hasard, et exceptionnellement aujourd’hui, nous mettons le frein à main.
Soirée idyllique : balade sur la plage de sable fin, au pied des falaises, les pieds dans l’eau ; elle ne semble pas si froide que cela, mais la température extérieure est assez fraîche (et dire que chez nous, c’est la canicule !) et ne nous donne pas envie de nous immerger. Le soir, après manger, nouvelle balade jusqu’à la cafeteria pour profiter d’un magnifique coucher de soleil.
Chemin faisant, nous avons quitté la Galice, nous voilà revenues dans les Asturies. Si vous passez par là, retenez l’adresse : camping « la Paz », playa de Vidiago. Franchement, ça vaut le détour, même si quelque part, on se sent un peu « piégées » !
Fredo
Au fur et à mesure que les cars de touristes arrivent, la fréquentation se densifie. Nous avons eu de la chance d’arriver tôt pour trouver une belle place en front de mer ; une demi-heure plus tard, nous aurions sans doute galéré pour stationner.
Les ruelles sont pittoresques et les placettes fleuries fort sympathiques, mais… MAIS !
De Deva à Viveiro
Cette nuit a été bien arrosée et c’est sous une pluie « fifine » que nous quittons Deva pour poursuivre notre progression vers l’ouest. Evitant les grandes villes, nous rattrapons l’autovia et contournons Gijon ( prononcez « rironne » !) en direction de la Corogne. Chemin faisant, nous quittons la Cantabrie ; nous voici dans les Asturies.
Première halte à Cudiliero. Coup de foudre !
Par chance, la pluie s’est arrêtée mais le temps reste gris : ambiance parfaite pour découvrir ces lieux bourrés d’atmosphère ! Nous sommes arrivées directement sur le port et avons facilement trouvé une place pour nous garer. Heureusement que nous avons raté la route qui arrive directement dans le village ; le hasard fait bien les choses car nous aurions eu quelques difficultés à le traverser. Tout est bien.
Notre découverte va nous mener bien au dessus de ce joli village de pêcheurs dont les maisons colorées s’accrochent aux deux versants de la vallée. Du point le plus haut où nous sommes arrivées en enfilant ruelles et venelles pittoresques, nous avons une vue plongeante sur les toits, le port, la crique et les falaises qui la bordent surplombées d’une frange d’eucalyptus.
Il y a des eucalyptus partout. En filant sur l’autoroute nous nous sommes aperçues que ce que nous prenions souvent pour des forêts de pins n’étaient en réalité que des forêts d’eucalyptus. Radiata ? Globulus ? Citriodora ?
En arpentant le village, nous pensons à ces villages des « cinque terre » que nous avons visité deux ans plus tôt. Il y a des similitudes, mais autant les premiers, magnifiques, subissent l’invasion touristique, autant Cudiliero est resté dans son jus, authentique et peu fréquenté, plus ou moins refermé sur lui-même. Ce n’est pas la richesse, ici ; nous remarquons beaucoup de maisons en ruines, et de nombreuses autres arborent un panneau « se vende ».
Dans les hauteurs du village, inaccessibles aux voitures, deux femmes âgées discutent devant leur maison. Comment se ravitaillent-elles ? Comment fait-on, ici, lorsque l’on ne peut plus se déplacer ? Vit-on reclus chez soi ?
Redescendues vers le port, nous sommes heureuses de trouver une vraie poissonnerie. Nous remarquons même à l’entrée un panier rempli de pousse-pieds, ces coquillages bizarres que les gens du coin s’en vont ramasser sur les rochers fouettés par les déferlantes, au risque d’y laisser leur peau. Une vraie passion, ici, ce « truc » bizarre. Nous n’avons pas vraiment envie d’y goûter ; nous, ce que nous voulons, c’est du poisson tout frais péché… Mais le patron nous dit sèchement qu’on ne peut pas entrer. On a un peu de mal à comprendre pourquoi puisqu’il y a un client à l’intérieur. Celui-ci s’empare d’un balai et le place en travers de la porte. Bon, c’est clair. On ne veut pas nous servir.
Lorsque nous repartons, nous constatons qu’ils sont en train de nettoyer les quais du port au jet. Et hop ! Les mégots et divers détritus ! Tout le monde à la mer !
Nous repartons et remontons vers l’autoroute pour l’étape suivante : Castro Coaňa.
On appelle « castro » un village fortifié, et en l’occurrence, le Castro (ou castelon) de Coaňa est un village fortifié d’origine celte que l’on commença à fouiller en 1877. Mais c’est entre 1939 et 1944 que la majorité des constructions furent exhumées. D’une richesse exceptionnelle, il fut classé d’intérêt culturel en 1993.
Ce gisement archéologique apporte de grandes connaissances sur un modèle d’établissement humain qui fut prédominant dans les Asturies à l’âge du fer, et même à l’époque romaine. Le village aurait été occupé au moins depuis le Vl-Vème siècle avant JC, jusqu’au llème siècle après. Il semblerait qu’il ait connu une grande activité durant les premier et second siècles du fait d’une exploitation aurifère dans la vallée du rio Navia et de sa position stratégique, à proximité de la mer et de la portion navigable de ce même rio.
Aujourd’hui, l’ensemble des habitations se répartissent sur une petite colline en deux parties distinctes : l’acropole et le quartier nord. Renforcé de bastions, un rempart de deux mètres d’épaisseur, précédé d’un fossé défensif, enserre l’acropole au sommet de la colline ; un autre rempart protège tout le quartier nord. Au pied de l’acropole, on a exhumé environ 80 cabanes, la majorité étant de forme circulaire.
Quelques unes présentent un plan rectangulaire et l’on peut remarquer dans d’autres la présence d’un vestibule.
Bien entendu, seuls les murs d’ardoise, d’une hauteur moyenne de deux mètres (mais certains atteignent quatre mètres) ont résisté au temps. Les cabanes n’ont pas de fenêtre mais certaines ont deux portes; elles étaient vraisemblablement recouvertes de paille et d’arbustes locaux, tels le genêt, sur une armature de bois. En tant que mobilier, il ne reste plus que des mortiers, des moulins, et parfois un banc. Au centre du quartier nord court un réseau de canaux recouverts d’ardoises : des égouts !
Lorsque l’on pénètre sur le site, la première chose que l’on découvre est le sauna, réemployé et amélioré par les romains, avec sa grande baignoire en granite, ses canalisations, son four et sa chaudière. Face au sauna, une grande « place rectangulaire dominant la partie basse du village et l’ensemble des habitations, vraisemblablement espace public ou « forum » après la romanisation.
L’acropole n’est pas accessible. La femme de l’accueil nous précisera ensuite que des fouilles y sont en cours et que les lieux ne sont pas assez sécurisés. Nous avons d’ailleurs longuement parlé avec elle après la visite du musée ( on peut y voir des vestiges trouvés sur les lieux, une présentation d’autres castros des Asturies et de longues explications sur l’exploitation de l’or qui fut pratiquée dans la région). Commencé dans un français timide (mais bon), constatant que nous la comprenions en espagnol, assez bien (pour moi) et très bien (pour Dominique), elle est entrée dans des explications plus pointues (et dans un débit nettement accéléré !), notamment sur le fait qu’il n’a jamais été retrouvé la moindre sépulture aux abords des « castros ». Bizarre, non ? Que faisaient-ils donc de leurs morts ? Mystère et balle de golf ! Les incinéraient-ils ? Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’ils pouvaient utiliser les nombreux tumuli présents dans la région. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
La visite terminée, nous nous restaurons sur le parking avant de reprendre la route (et l’autoroute) jusqu’à Viveiro, petite ville bordant une large ria, la ria de Viveiro, pardi ! Nous allons directement au camping, situé entre la ria et la plage de Covas, (la praia, dit-on ici, puisque nous sommes arrivés en Galice où la langue locale n’a plus grand-chose à voir avec le castillan). Nous supposons que cela ressemble au portugais… Nettement plus compréhensible que le basque, heureusement. Nous remarquons en tout cas que les catalans ne sont pas les seuls à avoir éradiqué le castillan de l’affichage public, alors arrêtons de les stigmatiser !!! A partir de maintenant, tout sera en galicien. On s'adapte.
Nous partons aussitôt à la découverte de la ville. Depuis midi, le soleil est revenu.
Nous pénétrons dans les quartiers historiques par la porte de Charles Quint, du XVlème siècle, dernier vestige d’un rempart médiéval, majestueuse, couronnée de créneaux ouvragés.
La petite ville de Viveiro est agréable, les ruelles décorées, parées de petits drapeaux, les vitrines attrayantes. Nous tournons autour de la très ancienne église Santa Maria de Campo, faute de pouvoir y entrer (ici, on ne dit pas iglesia, mais igrexa), admirant son architecture extérieure. La plus ancienne et la plus pure des églises de style roman de Galice, dit le Routard. Mobilier intérieur intéressant ; on les croit sur parole.
De nombreuses bâtisses arborent désormais le style galicien, avec leurs galeries en façade, souvent sur plusieurs étages.
Le routard parle de « bow-window » et si cela donne une idée du style, nous n’avons pas réussi à trouver le mot exact, en espagnol ou en français. Les galeries, constituées de boiseries et de verrières, recouvrent parfois toute la façade des maisons à l’exception du rez-de-chaussée ; pour d’autres, seuls un ou deux balcons sont fermés. Les boiseries sont généralement très travaillées, uniformément blanches ou colorées.
En aval de la ville et du port de Celeiro qui la jouxte, la ria de Viveiro est ponctuée de criques et de plages, dont la plage de Covas (praia de Covas, donc). Le camping est juste à côté et nous allons y faire un tour après le souper. La promenade longue d’environ
Plusieurs maisons du front de mer arborent la même banderole intrigante : « S.O.S praia ». Que se passe-t-il donc ici ?
Renseignements pris sur Internet : suite à la construction d’une nouvelle jetée pour le port de Celeiro, la dynamique des marées est perturbée et la plage serait progressivement grignotée. Voilà… C’est ça, le progrès. Et c’est la même histoire partout ! (Le Racou !)
Fredo