Les journées du Patrimoine ! Voilà vraiment une manifestation épatante !
Au passage, merci à Jack Lang qui en 1984, alors en charge du ministère de la culture, a donné le coup d’envoi des journées portes ouvertes des monuments historiques, manifestation qui en 1991, à l’instigation du Conseil de l’Europe est devenue ce que nous connaissons actuellement, les journées européennes du patrimoine auxquelles participent une cinquantaine de pays !
Chaque année nous sautons sur l’occasion qui nous est offerte pour découvrir des sites rarement ouverts au public et ce matin nous étions une bonne cinquantaine à attendre de pied ferme l’ouverture de l’Oppidum de Ruscino.
Une remarque au passage, pour avoir hier déambulé dans Perpignan et visité de nombreux monuments comme l’Hôtel Pams, une merveille, il est évident que la culture attire et que le frein à la fréquentation est avant tout le prix des entrées ! Alors ne pourrait-on prendre modèle sur nos voisins et revoir certains tarifs à la baisse, multiplier les billets groupés ?
A propos de l’Hôtel Pams, si vous avez l’occasion d’y faire un tour, il abrite jusqu’au mois de novembre une expo de photos consacrée à Picasso, vedette incontestée de Perpignan cette année. Sacré bonhomme, on en fera « jamais le tour » !
L’Oppidum de Ruscino se trouve à quelques kilomètres de Perpignan sur une zone escarpée qui domine la vallée de la Têt et son embouchure. C’est en ces lieux protégés des crus, à l’époque voilà un détail qui comptait, qu’il y a plus de 2600 ans des hommes s’installèrent. Ce peuplement dont l’origine est incertaine, ligure ou ibère, portait le nom de Sorde ou Sardone une appellation faisant référence aux marécages qui à cette époque recouvrait la basse vallée de la Têt. Nous étions en 600 avant JC et les gisements retrouvés sur le site montrent que ces peuples qui déjà pratiquaient des rites funéraires, maitrisaient le travail du métal, l’art de la poterie, étaient aussi éleveurs et agriculteurs. Par contre foin de vigne ! Le vin était importé !
A Ruscino il est aujourd’hui possible de se faire une idée précise de l’habitat des Sordes. Le sol d’une grande cabane ayant été mis à jour par les archéologues, à partir des éléments retrouvés, il a été possible de reconstituer avec une extrême précision le mode de construction, les matériaux employés et l’agencement intérieur de la maison.
Couverte d’une sorte de chaume, dotée d’une armature et d’une charpente en bois la maison s’ouvrait au sud, sans doute la tramontane soufflait elle déjà à l’époque. Comme c’était toujours le cas l’habitat était construit avec ce qui se trouvait sur place, ce qui explique d’ailleurs la grande diversité de l’habitat d’une région à l’autre. Il n’y a bien que notre soit disant époque moderne pour avoir eu l’idée de faire venir des antipodes des matériaux de constructions qui se révèlent d’ailleurs parfois totalement inadaptés !
Lors des fouilles, la place du foyer a été retrouvée avec à proximité la sépulture d’un nourrisson, des ustensiles de cuisine attestant de relations commerciales avec d’autres peuples issus de cultures lointaines comme les étrusques.
Cette maison n’était bien évidemment pas unique, d’autres occupaient ces lieux qui au 1er siècle avant Jésus Christ virent s’implanter un peuplement Romain en même temps que des échanges et des migrations d’origine ibère venaient conférer à la population un certain métissage d’autant plus aisé que la Via Domitia la desservait ! Hannibal est passé à quelques encablures de Ruscino sans susciter l’affolement de la population !
La cité romaine qui se développa n’a jamais atteint un grand développement, néanmoins les vestiges découverts, mosaïques et peintures murales, attestent d’un habitat soigneusement mis en valeur.
Aujourd’hui il est surtout possible de se faire une idée précise de ce qu’était la partie publique du site, le forum ayant été clairement dégagé. Basilique, curie, marché avec esplanade et commerces, collecteurs d’eaux pluviales sont tout à fait identifiables et si l’on sait que la petite cité était dotée de thermes et possédait un théâtre aménagé sur les flans de la colline, les fouilles sont cependant arrêtées. Les thermes sont vraisemblablement sur une propriété privée et il est hors de question de fouiller sous la route pour dégager les tabernae (commerces) actuellement sous l’asphalte !
A partir du 1er siècle après JC la cité romaine déclina et la vie continua pour les peuples ibères installés. Nous savons que le site de Ruscino a connu la conquête musulmane, des sceaux retrouvés l’attestent et qu’une installation durable y a subsisté jusqu’au IXe siècle.
Ruscino est donc le cœur de cette région à laquelle il a donné son nom de Roussillon.
Un bel endroit qui mériterait de pouvoir se révéler au plus grand nombre. Malheureusement bien que doté d’un musée (tout neuf, conservant nombre des trésors découverts en ces lieux, mais fermé), le site est la propriété de la ville de Perpignan dont les fonds sont insuffisants et qui ne peut donc faire plus que ce qui est actuellement. Encore fait-il s’estimer heureux que l’association CIRCE ait grandement contribué à mettre en valeur ce berceau roussillonnais !
Do
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A bientôt pour vous faire découvrir un autre site exceptionnel !
Do