En visitant le monastère San Juan de la Peña nous avons trouvé cette épitaphe sur un tombeau.
Voici la traduction de certains passages :
Ici reposent les restes mortels de l’excellentissime SR D Pedro [titres] illustre promoteur de toutes réformes utiles, habile politique, fidèle conseiller [de la couronne] et digne représentant à [noms de villes],il se montra digne de la confiance de [nom du souverain] contribuant puissamment à la splendeur de son heureux règne.
La postérité honore sa mémoire, la patrie le pleure, le bénit, reconnaissante.
Combien de politiques, actuels et passés mériterons semblables louanges sur leur pierre tombale ?
La chaleur est arrivée et nous roulons dans un paysage quasi désertique, ponctué de petits villages sympathiques où nous ne nous arrêtons pas : Adahuesca, Abiego. Nous reprenons bientôt l’auto via en direction de Huesca ; petite halte pour faire le plein du côté de Claude et Michèle et nouveau coup de calgon pour leur fourgon ! Heureusement, ça ne dure pas ; quelques minutes de suspens et ça repart !
Nous voilà bientôt en vue des ruines du château de Montearagón qui doit faire l’objet d’une première visite. On ne voit que lui, perché sur sa colline, isolé dans le décor aride. Impossible de ne pas louper !
Et pourtant…
Un panneau touristique indiquant le site, nous nous engageons sur une petite route à notre droite, vers Loporzano, Barluenga, et San Julian de Banco. Et nous roulons, nous roulons, avec le sentiment grandissant de s’éloigner de notre objectif. Pas normal.
Mais comme il faut savoir s’adapter, nous allons inverser les visites et commencer par les villages ; nous ferons le château après.
la sierra de Guara
Nous nous arrêtons à l’entrée de Barluenga pour poursuivre vers San Julian de Banco à bord d’un seul fourgon afin de réduire les difficultés de stationnement. Après une petite marche dans ce curieux village qui ne vaut pas vraiment le détour, (si ce n’est qu’il est le point de départ de nombreux sentiers de randonnées dans la très spectaculaire sierra de Guara où nous irons peut-être traîner une prochaine fois), coupé en deux par un ravin, où toutes les maisons sont fermées et où nous ne croisons pas âme qui vive, nous revenons à Barluenga pour récupérer le second fourgon et repartir à la recherche du château : s’il n’y avait pas d’accès par l’itinéraire emprunté à l’aller, nous allons en tenter un autre ! Nous nous dirigeons vers Huesca en guettant les petites routes latérales sur la gauche, mais aucune ne semble mener à Montearagón et nous voilà parvenus dans les faubourgs de Huesca, sans rien avoir trouvé !
Toujours le même décor, râpé et jauni par les ardeurs du soleil, peu engageant, en définitive.
Nous sommes têtus et repartons en sens inverse, plein est sur l’autovia, non sans nous perdre un moment dans les quartiers modernes de la ville ! C’est agaçant, c’est agaçant ! Et puis après quelques jours de rase campagne quasi désertique ce n’est pas du tout un plaisir de retrouver la ville et la civilisation.
Rebelotte en sens inverse : on voit le château, on ne voit que lui, mais aucune indication quant à un éventuel chemin d’accès ! Ras le bol : c’est sûrement qu’il ne faut pas y aller. Dommage, c’était gratuit…
Nous changeons nos plans une nouvelle fois : nous décidons de gagner Huesca, de nous installer au camping et puisqu’il se trouve à 800 mètres du centre historique, de visiter la ville après manger.
Nous voilà repartis vers Huesca !
Mais un nouveau problème surgit : le camping n’est pas indiqué et reste introuvable.
Décidément, la ville, ce n’est pas pour nous. Qu’à cela ne tienne ! Puisqu’il est l’heure de manger, nous nous garons. Nous visiterons la ville après nous être restaurés et nous repartirons vers des lieux plus accueillants. Voilà, il y a toujours une journée plus ou moins ratée dans un voyage… C’est fait !
la cathédrale de Huesca
Nous nous restaurons à bord de nos camions respectifs que nous n’avons pas pu garer côté à côte et passons une bonne partie de l’après-midi à sillonner le quartier historique de cette capitale de province, un peu déçus au début. Il faut dire que c’est dimanche et que les magasins sont fermés. Il y a forcément moins de vie qu’un autre jour de la semaine.
Buster Keaton
Il fait chaud; nous cherchons l'ombre. Nous admirons, ici et là, les oeuvres disséminées d'artistes locaux qui se sont exprimés pour le plaisir de nos yeux (en général) sur les murs de la ville....
Huesca, la plaza Mayor
Ce n’est que sur la fin de notre parcours urbain, que nous découvrons la belle plaza mayor et les rues du centre où tous les habitants de la ville semblent s’être donnés rendez-vous : les terrasses de cafés et restaurants ont été prises d’assaut. Les langues vont bon train ! Ambiance typiquement espagnole ; bonjour les décibels !
terrasses de restaurant prises d'assaut!
nid de cigognes en pleine ville
Finalement, Huesca est une ville sympathique, et cerise sur le gâteau, on peut y admirer de nombreux nids de cigognes, en plein centre ville, jusque sur les antennes de téléphonie mobile ! Elles ne craignent pas les radiofréquences, elles…
Nous revenons à nos véhicules pour gagner avec un jour d’avance le sympathique petit camping de Ayerbe, à une trentaine de kilomètres de là. Et comme il est tôt, sitôt installés, nous reprenons la route, tous les quatre à bord du Ptibus, pour partir à la découverte de l’impressionnant château de Loarre. Et Dieu merci, celui-là ne nous fera pas le coup de Montearagón !
le château de Loarre
Nous voilà à plus de 1000 mètres d’altitude au dessus de la plaine de Sotonera et un vent turbulent qui nous rappelle la tramontane refroidit l’atmosphère. Nous sortons les petites laines, sauf Claude qui a joué les optimistes et n’a rien emporté !
vue sur le donjon et la chapelle primitive
Véritable nid d’aigle, construit en 1020 sur des vestiges romains par Sancho El Mayor, roi de Pampelune, le château de Loarre est la forteresse romane la plus importante du Haut Aragon et d’Espagne. Il fut réaménagé un peu plus tard par Ramiro 1er, fondateur du royaume d’Aragon. Outre le monastère augustin San Pedro, la forteresse se compose d’un pavillon royal, d’une chapelle, d’une ancienne tour défensive dite « tour de la reine », d’une place d’armes, de dépendances et d’un donjon. Le mur d’enceinte flanquée de nombreuses tours défensives est particulièrement remarquable.
Après la visite du château, nous enchaînons celle de l’église paroissiale qui n’est pas dénuée d’intérêt. A cette heure un peu tardive, il règne une belle ambiance au village ; toute la population, bambins, jeunes, moins jeunes, personnes âgées et « minusvalids », est sur la place, au bistrot et autour des fontaines ; ça jacasse, ça s’interpelle, ça rigole… C’est chaud ! C’est chouette…
Nous rentrons au camping ravis de nos visites. De quoi nous faire oublier nos déconvenues matinales ! Ce soir, une petite fraîcheur nous oblige encore à manger tous les quatre à l’abri dans le Ptibus… Et dans c’est cas là, c’est le top : la corvée de vaisselle est assumée par Michèle et Claude ! Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Roman de David Foenkinos, Charlotte est un livre qui se respire.
Écrit comme un poème, à coups de petites phrases courtes il redonne vie à cette jeune femme, artiste peintre au destin tragique.
Des tragédies familiales qui se répètent de génération en génération, le silence qui tue, des raisons d’espérer, Charlotte tente de survivre jusqu’à sa rencontre avec la peinture, en Italie. Une rencontre avec son soi profond, une évidence qui va lui donner la force de braver les interdits, les humiliations qui signent la montée en puissance du nazisme.
Charlotte Salomon est un belle âme et le livre de David Foenkinos donne l’envie irrésistible de s’immerger dans l’oeuvre de cette jeune femme « Leben ? oder Theater ? » décédée à 26 ans à Mauthausen.
Leben? oder Theater ?
Mais ce livre est aussi à prendre comme un avertissement !
La haine, la peur de l’autre et le rejet, la bêtise ordinaire sont les personnages principaux de cette histoire qui se réécrit, malheureusement à l’infini.
Chaque année nous commémorons en grande pompe la libération des camps de la mort, nous honorons la mémoire des victimes des génocides passés, pourquoi ?
L’extrême droite gagne du terrain partout, le phénomène est banalisé.
La Palestine se vide, dans l’indifférence, le mur de Berlin a été reconstruit, au Moyen Orient, qui cela gêne t-il ?
Le recours à la torture trouve de plus en plus une certaine légitimité en France !
Pays des Droits de l’Homme !
Quel homme ?
Tyrans et tortionnaires s’épaulent mutuellement.
D’ailleurs à ce propos, savez-vous !était Aloïs Brunner ? Rouage important de la solution finale, il organisa la déportation des juifs autrichiens, grecs, français, allemands, des enfants d’Izieu … jamais arrêté il est mort en Syrie protégé par la famille El Assad ! qu’ajouter de plus ?
La date de sa mort peut-être, en 2000 !
C’est tout ceci, aussi, que raconte, juste en le suggérant Charlotte de David Foenkinos.
Ce matin le fourgon grognon est resté au camping, histoire de se refaire une santé et c’est avec le Ptibus que nous gagnons le point de départ de notre randonnée au cas où nous aurions les gambettes flageolantes ce soir. Autant se ménager.
Alquezar est une ancienne forteresse musulmane ; un temps sous le pouvoir des califes de Cordoue elle fut reconquise au XIe siècle par le fameux Sancho Ramirez dont je vous ai touché 2 mots à propos de la reprise de Graus (jour 2).
Schéma classique, une communauté chrétienne s’installa dans la citadelle mauresque qui abrite aujourd’hui une collégiale et un cloître.
Aquezar, plaza Major
Pour gagner notre point de départ nous traversons une partie du village encore frais et presque désert. L’architecture de la Plaza Major a la sobriété des bourgs de montagne. Minuscule, la place à arcades compte cependant au moins 2 cafés et s’ouvre sur une petite rue que nous tardons à remonter, une boulangerie, salon de thé dont la vitrine alléchante a retenu notre attention. Après m’être assurée qu’il faisait bien resto le midi nous gagnons notre point de départ. Un coup d’œil sur l’épicerie « fine » O Forno nous rappelle que ce soir nous aurons encore de quoi nous régaler !
On trouve en ce lieu (soi-disant) le « seul vrai Dobladillo d’Alquezar » et un chocolat noir à se pâmer.
Le circuit des passerelles que nous allons emprunter ne vole pas son appellation, il y a des passages aériens en veux-tu en voilant.
A l'aplomb des falaises, Alquezar
Le village étant installé sur un éperon rocheux que le rio Vero a sculpté au fil des siècles, l’isolant du reste des plateaux, où que l’on dirige ses pas il faut monter et descendre, ou le contraire. En ce qui nous concerne nous descendons dans un étroit canyon qui se faufile entre des à pics vertigineux pour gagner le fond de la gorge aux eaux turquoises. Les marmites de géants sculptées par le courant ont donné naissance à de multiples baumes qu’occupent aujourd’hui les oiseaux.
Si nous les femmes descendons avec précaution, ce n’est pas le cas de Claude qui ne s’est même pas fait accompagner par prudence. Il choit après une descente mal contrôlée d’un amas rocheux. Ses fées s’activent à ses côtés !
Même que j'ai la trouille
Parvenus au niveau de l’eau, nous goûtons un moment la beauté du spectacle puis empruntons avec détermination la suite du parcours qui devient aérien et ne me plaît guère.
Du vide, de l’étroit et parfois des croisements délicats sans parler des sacs à dos qui occupent de l’espace !
Parvenus au terme des passerelles, un perchoir très aérien offre une vue imprenable sur le site, dommage que nous soyons au-dessus du néant.
Puentebanos
Alquezar est maintenant à porter de mollets mais décidés à poursuivre notre exploration nous redescendons jusqu’aux rives du Rio Vero qu’un superbe pont en dos d’âne enjambe. Et dire qu’il fut longtemps la seule voie de passage possible !
Le coin est frais et en longeant les berges nous tombons sur ce qui semble être un moulin et un repère d’art brut ! Nous pourrions nous éterniser si nous n’avions pas en tête d’autres projets qui nous incitent à regrimper gaillardement jusqu’au village.
A l’Artica pas de cuisine moléculaire mais une spécialité de « tartines » succulentes que nous liquidons dans une atmosphère charmante. Le serveur est adorable, il faut dire que nous sommes enthousiastes ! Dobladillo pour chacun et petit jus serré, nous voilà partis pour notre seconde exploration, l’ermita de San Gregorio.
ermita San Grégorio
Il fait bon chaud maintenant et la végétation n’a plus rien de la luxuriance de ce matin. Passé l’aljibe, héritage typiquement mauresque et permettant l’arrosage au plus fort de l’été, celui de Kairouan me revient en mémoire, plus un poil de fraîcheur, mais qu’est-ce que c’est beau !
Passage couvert
Nous terminons la journée encore fringants nous sans avoir visité la collégiale et son cloître, déambulés dans le lacis des ruelles et complété nos réserves en chocolat.
Do
Au fait, sous peu je vous donnerai la recette du Dobladillo ! A consommer sans modération puisqu'avec 2 gouttes d'essence de Citron chaque matin (cure de 7 à 21 jours) on déloge sans problème toutes les petites surcharges pondérales !!!
La dépendance, voilà bien un sujet à la mode. A peine avez-vous passé le cap de la retraite que tous ceux qui vous veulent du bien (Sécu, mutuelles, sociétés d’assurances, banques …) vous rappellent votre état de mortel et que la dépendance vous guette.
On vous suggère qu’il serait bien, afin d’épargner vos proches de commencer à payer vos obsèques, de cotiser auprès d’une assurance pour pouvoir bénéficier de l’assistance d’un tiers lorsque vous serez gaga. En prime on vous incite à faire don de vos biens de votre vivant (les vieux sont sensés ne pas consommer assez) et on vous refile les meilleurs tuyaux pour trouver les prothèses auditives les plus performantes, les couches les plus absorbantes… la meilleure colle pour votre râtelier. C'est d'ailleurs tellement vrai qu'une copine qui devait subir une petite intervention a dû arrêter les ardeurs de l'anesthésiste qui s'obstinait à vouloir lui faire dire qu'elle avait un appareil dentaire !
J’arrête là !
Certes la dépendance est une réalité mais c’est aussi la conséquence d’un phénomène de société très actuel. C’est au cours de notre voyage en Aragon et Navarre que cela m’a frappé. Dans tous les villages, nous avons eu l’occasion de voir de nombreuses personnes âgées, souvent pas très valides mais pourtant vivants encore de manière autonome. Les bistrots, les places de villages étaient majoritairement fréquentés par les abuelos et abuelas, présents aussi dans tous les petits commerces de proximité que nous avons fréquentés.
He, oui !
Retirer des centres villes et villages la boulangerie, la pharmacie, l’épicerie (la liste n’est pas exhaustive) pour les installer en périphérie, là où on peut stationner facilement mais hors de portée des personnes âges est le plus sûr moyen de conduire à la perte d’autonomie.
Devoir recourir au bon vouloir des voisins, des amis n’a qu’un temps.
C’est gênant, lassant, on n’ose pas prendre son temps, on dévoile ses petits travers, ses petites gourmandises et rapidement on préfère remettre la liste de courses au voisin ou à l’ami.
Puis à force de déléguer, c’est la perte de motivation.
L’enferment sur soi s’installe et c’est l’antichambre de la maison de retraite et le cortège de bons sentiments qui va avec : «tu es trop seul(e), trop isolé(e), tu n’auras plus à t’occuper de rien … je me sentirai rassuré(e) de ne pas te savoir seul(e) ... ».
Cela marche ou pas, mais dans tous les cas ce n’est pas le top. Imaginez ce que donne un ballet journalier d’auxiliaires de vie, infirmières avec bouclage au lit chez soi dès 18 heures.
Et tout ça pour quoi ?
Pour que tous ceux qui ont des roulettes à la place des pieds puissent se garer au plus près !
Pour gagner du temps ?
Gagner du temps pour en faire quoi ?
Allez passer un moment avec les petits vieux qui se dessèchent dans les maisons de retraite dont les parkings restent désespérément vide ?
Nous commençons cette troisième journée par une petite balade à pieds au départ du camping, le long du rio Cinca jusqu’au village le plus proche, Labuerda.
cheminée typique
S’il n’a rien d’extraordinaire, la balade est plaisante et, nous pouvons y admirer un certain nombre de cheminées aragonaises typiques.
De retour après cette petite mise en jambes, nous retrouvons nos fourgons pour gagner Ainsa. Ainsa fut la capitale de l’ancien royaume de Sobrarbe, uni au royaume d’Aragon au XIème siècle ; la ville conserve la presque totalité de ses remparts.
Ainsa, vue de la citadelle
Nous nous garons sans trop de problème dans le centre de la ville basse et partons à la découverte de la ville haute : très belle unité architecturale de type médiéval, vieilles rues pavées, belle collégiale Santa Maria de style roman du XIème siècle dont la tour-clocher domine la ville. On peut y visiter la crypte et le cloître triangulaire, d’époque plus récente et d’une grande austérité. Nous flânons longuement dans la citadelle, après avoir admiré la vaste plaza mayor à arcades un peu trop envahie de voitures à notre goût.
Ainsa, la plaza mayor
C'est par là...
L’actuelle citadelle est presque aussi grande que le reste du village. Elle abrite le centre d’interprétation de la faune pyrénéenne que nous ne visiterons pas, nous contentant d’un tour sur les remparts et d’une petite balade hors les murs, à travers champs, dans une ambiance quasi-bavaroise, jusqu’à la « Cruz de Sobrarbe », croix couverte érigée en mémoire de la bataille contre les maures.
Cruz de Sobrarbe
heurtoir
A Ainsa, la culture populaire perdure à travers certains éléments décoratifs, dont la symbolique s’est parfois altérée. Ainsi, outre les traditionnelles cheminées aragonaises, on peut admirer sur la plupart des portes des maisons de superbes heurtoirs, souvent en forme d’animal : le poisson, signe de reconnaissance des premiers chrétiens, le reptile, auquel on attribuait des pouvoirs magiques.
heurtoir
D’autres, en forme d’anneaux, ont un caractère typiquement oriental ; de forme phallique, ils symbolisent la fécondité.
Notre visite terminée, nous redescendons récupérer les fourgons pour remonter manger sur le grand parking derrière la citadelle, pas encore payant à cette saison ( nous ne savions pas qu’il y avait un restaurant à ne pas manquer, le Callizo, où l’on peut manger un mélange de cuisine moléculaire et de saveurs du terroir, pour un prix très abordable ; merci, Jean Luc, de nous l’avoir dit après !!!) , avant de repartir pour de nouvelles découvertes.
C’est en début d’après-midi, donc, que nous revenons sur nos pas jusqu’au défilé d’Entremont, pour nous engager plein ouest, sur une petite route étroite qui va nous permettre de rallier la vallée du rio Vero et notre étape du soir : Alquezar.
Olson
Nous effectuons un parcours sinueux, dans un relief aride, rocailleux et accidenté, entrecoupé de profonds canyons. Les cultures occupent le fonds des vallons comme dans les oasis africains. Nous ouvrons la route, ravies de ne rencontrer personne en sens inverse. Nous ne nous arrêtons pas au premier village, Javiere, nous réservant pour Olson, hameau typique, perché au sommet d’une butte rocheuse, dominé par l’impressionnante silhouette de son église.
les parapluies d'Olson
La route d’accès étant encore plus étroite et la possibilité de faire demi-tour très incertaine, nous décidons de nous garer en bas et de gagner le village à pieds. Le ciel, menaçant jusqu’alors, nous fait cadeau de quelques gouttes et c’est sous les parapluies que nous effectuons l’aller-retour, admirant au retour la prestation de plusieurs chiens de troupeaux rassemblant leurs brebis. Elles ont le pied très sur les rochers, les bougresses ! De vrais chamois…
Les élevages ovins sont nombreux dans la région et, ayant repris nos véhicules, nous n’avons pas fait cent mètres que nous nous retrouvons coincés au pas derrière un troupeau. C’est l’occasion rêvée de faire la causette avec un automobiliste charmant, garé en sens inverse pour nous laisser passer. Il y a dans son sourire et les quelques mots échangés toute la gentillesse du peuple aragonais… Une rencontre de quelques minutes seulement qui nous transporte de bonheur ! Derrière nous, Michèle et Claude se doutent-ils que nous avons failli suivre ce sympathique aragonais ? Olé !
Nous poursuivons notre route toujours aussi étroite, jusqu’à retrouver celle, plus large, qui relie Arcuza à Alquezar. Les paysages sont époustouflants : virages, précipices, gorges profondes du rio Vero. Un parking s’offre à nous au col de San Caprasio : arrêt photos obligatoire !
Oui, mais voilà, au moment de repartir, le fourgon de Claude et Michèle ne veut plus rien savoir ! Apparemment, ce n’est pas la première fois qu’il fait ce genre de caprices ; il refuse de démarrer s’il a trop chaud. Qu’à cela ne tienne ! Nous improvisons une petite marche jusqu’au rio Vero, le temps qu’il refroidisse… Bonne descente… Et bonne remontée ! On sue un peu, mais qu’est-ce que c’est beau ! Et au retour, ouf, ça redémarre ! La fin du parcours, sinueuse à souhait, est particulièrement grandiose avec l’enchaînement de deux ponts enjambant les gorges encaissées du rio Vero, « Las Gargantas ».
Nous parvenons enfin au camping d’Alquezar et sitôt installés, nous faisons une petite marche de reconnaissance jusqu’au village… Encore un endroit magnifique, mais ça, c’est pour demain !!!
Avant de quitter Graus que nous avons parcouru à la fraîche la veille nous partons à la découverte de cette petite ville qui recèle une merveille, sa Plaza major, entièrement fermée par des maisons aux façades peintes. Une harmonie d’ocres, des portes à blasons font de cette place cernée d’arcades un lieu très convivial d’où les voitures ont été bannies. Ancienne capitale de la Ribagorza, région qui tire son nom de la rivière qui la traverse, Graus fut une forteresse musulmane avant d’être reconquise en 1083 par Sancho Ramirez. Les chrétiens y construisirent, pour afficher sans équivoque leur suprématie, une basilique à l’aplomb de falaises vertigineuses que nous avons vaillamment gravi afin de jouir d’un exceptionnel panorama.
Si la petite ville est éminemment vivante, nous n’y rencontrons aucun touriste, ce qui n’est pas pour nous déplaire !
Revenus au camping, nous récupérons les fourgons que nous lançons à l’assaut d’une petite route de montagne, le Ptibus en tête. Nous traversons de superbes villages, Panillo, Pano pour gagner notre première halte, le temple bouddhique de Dag Shang Ka Gyu.
Méditation à Dag Shang Ka Gyu.
Nous déambulons un bon moment dans cet espace intemporel très haut en couleurs. C’est fou ce que c’est kitch, je suis toujours étonnée par les associations de couleurs ! Chacun pour soi, nous tournons autour des stupas tout en faisant pivoter les moulins à prières laissant à l’Univers le soin de donner vie à nos espoirs, avant de regagner nos palaces à roulettes.
Repartis à l’assaut de la montagne, nous surplombons soudainement l’embalse de Grado d’un vert émeraude confondant avant d’entreprendre une descente assez raide sur le défilé d’Entremon.
Le rio Cinca entre les embalses de Grado et de Médiano
Lorsque nous franchissons le pont qui dévoile un court instant la gorge que le rio Cinca a tracée, je me félicite intérieurement de l’absence de parking. Un chemin de randonnée se faufile dans ce défilé qui rejoint l'embalse de Médiano. Certes le parcours est bref, 1,5 kilomètres, mais taillé dans la roche, il est présenté comme étroit et sans garde-fous !
Une halte dégustation de cerises à Ligüerre de Cinca, village superbement restauré en surplomb du lac de Grado, les arbres sont à disposition, il est juste demandé de penser aux copains et nous arrivons à Samitier pour une première rando.
Embalse de Médiano
Courte, 2 bonnes heures, elle est néanmoins sportive et nous mène à un complexe militaro-religieux tout en haut d’un promontoire vertigineux qui surplombe le fameux défilé de tout à l’heure et l’embalse de Médiano ! L’église San Emeterio et Celedonio date du XIe siècle, construite sous Ramiro I, premier roi d’Aragon, il faut la traverser, ce fut toujours les cas vu l’exiguïté du site, pour accéder au château dont il ne reste qu’une tour.
Claude sur la tour Atalaya
Je suis comme Virgile qui transpirait des « patounes » lorsqu’une situation le stressait, c’est mon cas et je glisse dans mes godillots de rando ! C’est raide et plus encore. Claude me donne mal au cœur à le voir perché tout en haut sur la tour Atalaya !
Clocher englouti de Médiano
Un bref coup d’œil sur le clocher englouti de Médiano et nous redescendons au village après une petite halte à l’ermitage Santa Waldesca.
Santa Waldesca
Une fois encore nous notons que les monuments, même en pleine nature, sont remarquablement entretenus, ouverts gracieusement à la visite et riches en informations ! Cela nous change agréablement de tous ces châteaux, églises et chapelles dont les dépliants nous promettent monts et merveilles mais qui sont systématiquement fermés. De retour au village, nous récupérons les camions et quittons à regret cet endroit où les villageois nous ont réservé un accueil chaleureux. Après nous avoir obligeamment fait stationner dans leur cour, nous avions eu droit à des explications enthousiastes sur le site que nous nous apprêtions à découvrir.
La Peña Montanesa
Quelques tours de roues plus tard nous arrivons sur Ainsa. Après avoir traversé un paysage stupéfiant, les eaux vertes de l’embalse de Médiano s’insinuent partout dans de petites vallées torrentielles pelées et ravinées qui font penser à la peau fripée des vieux éléphants, nous buttons sur les contreforts pyrénéens.
Un plouf frisquet en ce qui nous concerne, Claude et Michèle sont moins aquatiques que nous, et nous mettons au point l’itinéraire du jour à venir au pied de l’impressionnante Peña de la Montanesa (2200m) aux allures de Vercors.
Une précision au cas où vous seriez tenté de mettre vos pas dans les nôtres et ou vous auriez déjà goutté aux charmes des routes du Vercors, même étroites, vertigineuses les routes aragonaises empruntées ne nous ont jamais filé la trouille !
Pour ce premier jour de voyage, nous avons décidé de partir chacun de son côté et de retrouver notre binôme à Graüs, première étape du parcours, d’autant que nos coéquipiers partent de plus loin que nous (Lapalme, dans l’Aude) et ont pas mal de choses à faire avant de pouvoir décoller ! C’est donc persuadées d’avoir plein de temps devant nous et d’arriver de toute façon les premières à l’étape que nous prenons la route. Nous allons musarder !
Nous passons la frontière au Perthus et filons vers Girona par la nationale, avant de bifurquer à droite vers l’intérieur des terres en empruntant l’«autovia » gratuite qui mène à Vich, Manresa et Lérida.
Entre Girona et Vich, les paysages sont superbes et invitent à la flânerie ; mais ce sera pour une autre fois. Cette région de Catalogne est riche et mérite que l’on s’y attarde vraiment. Du côté de Manresa, alors que le paysage se fait plus aride, ce sont au loin les aiguilles de la sierra de Montserrat qui nous fascinent. Mais là aussi, il faudra remettre à plus tard. Quel bonheur de constater que nous avons encore plein de belles choses à découvrir !
C’est assez rapidement que nous parvenons au contournement de Lérida pour nous diriger avec détermination vers notre première halte en Aragon, province de Huesca, Benabarre (rien à voir avec le chanteur!).
castillo de Benabarre
Le village est perché, surmonté par une impressionnante forteresse. Il fait un peu frisquet et le ciel est gris, vaguement menaçant. Nous nous garons sans problème dans le village et nous nous dégourdissons les jambes dans les vieilles ruelles, avant de monter jusqu’au castillo, ancien château des comtes de Ribagorza, dont l’entrée est gratuite. Il s’agit d’une construction d’origine musulmane conquise par Ramiro Ier au début du XIème siècle, et démantelée en 1596 par le roi Felipe II.
sur la forteresse
Nous prenons le temps de déambuler sur le site, jouissant d’un vaste panorama sur les collines à l’entour, avant de reprendre la route.
Nous sommes tout près de Graüs, où nous avons décidé de passer la première nuit, et nous avons largement le temps d’un petit détour avant l’arrivée de nos amis. C’est, du moins, ce que nous pensons…
Nous nous engageons donc plein nord, sur une petite route en direction de Laguarres, puis Satanova, pour partir à la découverte du village de Roda de Isabeňa.
Entre Benabarre et Laguarès, la route est non seulement étroite, mais encore sinueuse et escarpée ; la descente sur Laguarès, tout en virages serrés, est impressionnante. Passé ce village, nous nous engageons dans une vallée assez large occupée par un vaste torrent de montagne, le rio Isabeňa. Un paysage qui nous rappelle un peu la haute vallée du Verdon, le soleil et la chaleur en moins…
roda de Isabena
Roda de Isabeňa peut se vanter d’être la plus petite localité d’Espagne à posséder une cathédrale. Détruite au Xème siècle, reconstruite entre 1053 et 1067, elle fut complétée tout au long du XIIème siècle. Pas de chance pour nous, elle n’ouvre ses portes qu’à 16 heures et il n’est pas question d’attendre, mais rien que l’extérieur de l’édifice vaut le détour, d’autant que le cloître reste accessible, l’ancien réfectoire ayant été aménagé en auberge. C’est un bel endroit, généreusement fleuri, comme la plupart des habitations du village, qui présentent par ailleurs une belle unité de construction.
le cloitre
Nous flânons longuement dans les ruelles, poussons notre découverte jusqu’à un petit sanctuaire situé à l’extérieur du village, en surplomb du rio.
le sanctuaire
le pont médiéval de Roda de Isabena
Notre visite terminée, nous nous décidons à gagner Graüs directement, mais non sans un dernier arrêt pour aller admirer le superbe pont médiéval qui enjambe d’une seule arche le rio Isabeňa. Le chemin d’accès est peu adapté à nos chaussures « bateau »… Raide et caillouteux en diable, nous y allons avec prudence ! (Prudence et Précaution ne sont jamais très loin, heureusement !) Mais le spectacle est à la hauteur (quoique pas tout à fait aussi impressionnant que celui des gorges de St Aniol, du côté de Besalù, en Catalogne).
Cette fois, nous filons vers Graüs. Nous traversons la petite ville en direction du camping, signalons à la direction en nous inscrivant que nous attendons des amis… Pas de problème ! Nous nous installons où nous voulons et nous leur réservons la place !
Nous n’avons juste pas pensé un instant qu’ils auraient pu nous devancer ! Et pourtant, nous ne tardons pas à repérer leur camion. Ils ont même installé à notre intention leur table sur l’emplacement voisin avant de partir se balader en ville.
Voilà, sûre de notre fait, nous avons rejoué la fable du lièvre et de la tortue !
Claude et Michèle sont là ; le tandem est près à fonctionner. A nous, l’Aragon !
15 juin 2016, nous filons plein sud, en ce qui nous concerne il n’y a pas trente six possibilités, cap sur l’Espagne pour rallier … la Bretagne aux environs du 30 juin !
Tous les chemins ne mènent ils pas à Rome ?
Cet itinéraire s’est imposé alors que l’approvisionnement des pompes à essence était devenu aléatoire, compromettant nos désirs d’évasion en France.
Quitte à randonner autant donc découvrir en prime des horizons inconnus !
Nous nous sommes en conséquence mitonnées un itinéraire aux petits oignons sensé nous mener jusqu’à Pampelune. Notre circuit ayant séduit un couple d’amis, nous nous sommes lancés à 2 fourgons sur les routes aragonaises.
Anso
Si longtemps l’Espagne fut une de nos destinations privilégiées l’été, depuis que nous résidons dans le sud, nous nous contentons de virée en Catalogne, après tout, nous sommes plus près de Barcelone que de Montpellier ! Nous nous apprêtions donc, le fourgon plein à raz bord, à affronter l’inconnu !
Je parle volontairement d’inconnu car lorsque l’on écoute les commentaires de bien des personnes sur l’Espagne, c’est toujours vaguement désobligeant, condescendant. Pas vraiment le tiers monde mais quand même !!! Est-ce tellement mieux chez nous ?!
Certains scandales sanitaires, vieux comme mes robes, ont la peau dure.
Et bien nous revenons de cette virée aragonaise enthousiastes et prêtes à repartir !
Nous avons été séduites par une douceur de vivre bon enfant, des villes et villages qui ne connaissent pas le syndrome de la rousquille (cf article de notre blog). Nous avons trouvé partout au moins une épicerie proposant un peu de tout et de tout un peu, une boulangerie et bien souvent une boucherie.
Chaque village a son « albergue » faisant aussi office de club des anciens et en ce qui concerne les petites villes nous n’avons pas trouvé trace de ces centres commerciaux excentrés tous conçus sur le même modèle et qui laissent le coeur des villes exsangue.
Autre surprise, il y a presque partout des centres de santé, des pharmacies restées à échelle humaine et je peux témoigner que si elles n’ont rien des supermarchés que l’on connaît chez nous, on y trouve ce que l’on cherche !
Tout ceci fait que les villes et villages sont vivants et mis à part aux heures de cagnard où seuls les touristes s’agitent, il y a toujours quelqu’un avec qui faire la causette car, cerise sur le gâteau, ils parlent Castillan et donc nous nous comprenons !
Car si en ce qui nous concerne nous n’avons jamais eu à souffrir d’un quelconque rejet lorsque nous nous adressions à un catalan en castillan par contre pas question de surprendre une conversation, nous y entendons couic, le catalan ayant supplanté partout le Castillan, même en ce qui concerne l'affichage routier.
A ce propos, nous venons de sauter le pas et nous allons nous mettre au catalan, mais ce sera l’objet d’un prochain article !
Los mallos de Riglos
Enfin dernier point particulièrement apprécié, le circuit routier d’excellente qualité, c’est d’ailleurs à ce détail que nous avons réalisé que nous étions de retour sur le sol natal ! État d’urgence ou pas, nous avions passé la frontière incognito, pas de douanier ou de poulet, même pas un panneau routier indiquant que nous avions quitté l’Espagne mais des trous comme sur notre bon vieux chemin de la scierie.
Pour clore cet article de présentation, après le volet social, un peu de culturel.
La Navarre et l’Aragon offrent des paysages d’une grande diversité, d’une beauté époustouflante. Une chaîne de montagnes datant du plissement alpin, je ne vous apprendrais pas qu’il s’agit des Pyrénées, un bassin fluvial celui de l’Ebre et entre les deux des zones de plateaux arides, des plissements complexes qui ayant donné naissance à des paysages surprenants. C’est sans transition l’Anatolie et plus particulièrement la Cappadoce, les Météores, le Far West ou les steppes de l’Asie Centrale, les forêts vosgiennes ou les canyons du Verdon ou du Tarn !
Alquezar
Côté historique il est évident que l’occupation arabe a fortement marqué l’architecture, beaucoup de briquettes crues ou cuites (sauf en montagne où la pierre trouvée sur place a été utilisée). L’habitat, très imbriqué à la manière des casbahs a donné naissance à des dédales de ruelles, toutes reliées entre elles par des courettes ou des porches couverts, notamment dans les anciennes juderias, le Call en catalan, le ghetto de sinistre consonance.
La gestion de l’eau, avec des bassins et canaux n’est pas non plus sans rappeler ce que nous avions découvert en Tunisie ou au Maroc.
Enfin, dernier petit aperçu historique, l’Aragon dont Saragosse est la capitale de l’anarchisme est une région à la très forte identité politique, pour notre première soirée, nous avons assisté à une réunion publique et très informelle de « Podemos » sur la Plaza Major de Graus !
A très bientôt donc pour un journal de voyage qui, nous l’espérons vous donnera envie de mettre vos pas dans les nôtres. Do
Des personnes évacuées, le Zouave sous l'eau, les collections des musées mises en sécurité, le contenu de caves de particuliers sécurisés, une carpe égarée au milieu des véhicules immergée et sauvée d'un destin funeste ... des boîtes de nuit contraintes de fermer
Et tous les SDF qui "logent" sur les quais, campent sous les ponts ?
:
Nous sommes deux soeurs... L'une peint, l'autre écrit. Nous avons envie de partager nos vécus, nos ressentis, nos expériences; de témoigner... Nous aimons par dessus tout la nature, notre plus grande source d'énergie... Sur ce blog, nous vous présenterons des peintures, des livres, mais aussi des photos de nos voyages, de nos randonnées, des récits... Nous tenterons enfin de vous entraîner dans la grande aventure de notre vie: notre cheminement spirituel vers l'Amour et la Lumière.