Après un arrêt plus que minable dans un village complètement mort, la quasi totalité des habitations doivent être des résidences secondaires, nous faisons halte à Riez.
Dès l’époque pré-romaine, les Reii occupe un oppidum sans doute implanté au sommet de la colline Saint-Maxime qui culmine au-dessus de la ville. La cité se situe au croisement de plusieurs voies de circulation dont une qui rallie Fréjus.
Il subsiste les vestiges de deux ensembles thermaux et les Quatre Colonnes de l’ancien temple.
La ville s’est dotée au Ve siècle d’un baptistère et d’une cathédrale sur les ruines de l’un des deux ensembles thermaux antiques.
Vers les VIIe – VIIIe siècles un castrum est installé au sommet de la colline Saint-Maxime, on y transfère alors le siège épiscopal. Aujourd’hui l’ancien centre de Riez est encore délimité par les restes du rempart du XIVe siècle et deux portes monumentales donnent accès à la rue principale.
Sur l’ancien oppidum la cathédrale est maintenant remplacée par une chapelle du XVIIe siècle, habité par des sœurs clarisses apparemment très bonne cuisinières, l’odeur émanant de leur cuisine embaumait lors de notre visite la chapelle, de quoi s’incruster !
Nous quittons Riez avec l’intention de faire halte à Gréoux-Les-Bains, un tour de ville conforte nos impressions précédentes, la ville a toutes les caractéristiques des villes d’eau, ambiance vieillotte, un peu trop guindée, genre Cannes, nous décampons et gagnons sur la lancée Mane près de Forcalquier où nous avons repéré un prieuré intéressant.
Habité dès le néolithique le lieu semble avoir toujours déployé tous les atouts pour séduire les hommes. A l’époque romaine une villa voit le jour, habitation luxueuse, grande domaine agricole et basilique paléochrétienne coexistent sur ce site qui depuis est toujours resté voué à la religion. Des fouilles archéologiques ont permis de reconstituer le passé de ce site et d’en retracer l’histoire, les nombreuses sépultures présentent partout ont très largement aidé à cette reconstitution.
Composé d’une église du XIIe siècle, d’un logis prieural plus tardif et de bâtiments à vocation plus agricole accueillant des espaces d’exposition, nous y avons retrouvé certains de nos jeux d'enfants, l’ensemble est entouré de vastes jardins.
A la fois conservatoires botaniques, espaces pédagogiques ces jardins se déclinent de multiples manières.
Un jardin des simples rassemble toutes les plantes cultivées ou non en Haute-Provence, celles que l’on peut consommer mais aussi qui composent la pharmacopée de toute société restée proche de la Nature. Nous sommes passées du jardin médiéval à celui des temps modernes récoltant ici ou là quelques graines que nous destinons à nos jardins. Du panais sauvage et quelques semences de carottes, soucis et choux perpétuels. Nous y avons aussi découvert avec intérêt une installation destinée à promouvoir la culture en l’absence d’eau, le jardin en trou de serrure !
A l’intérieur d’une structure circulaire entourée d’une palissade, un espace central a été délimité et l’on y accède par un couloir ménagé à partir de l’extérieur de l'armature. La partie centrale reçoit le compost, elle est la seule à être arrosée, le reste est rempli sur le mode « lasagne ».
On commence par entasser de la matière sèche (feuille, paille, branches…) puis de la matière fraîche (herbe dont tonte…) puis on recouvre de terre végétale et on plante en installant au plus près du compost les plantes gourmandes en eau.
Évidemment cette visite a sans doute un autre « parfum » lorsqu’elle se fait en été mais le cadre est superbe et nous avons quand même glané quelques enseignements dont nous allons tirer profit et puis l'architecture est si belle !
Après nous être demandé si nous allions ou non coucher sur le site, il est possible en effet de passer la nuit gratuitement sur le parking, nous avons opté pour rallier les hauteurs de Apt pour terminer le voyage en beauté à Roussillon le lendemain ! Pour les gourmands, à deux pas du prieuré une caramelerie est installée et se visite. Que l'on se le dise !
Le départ de Moustiers est enchanteur, nous abordons le canyon des gorges du Verdon à son débouché sur le Lac de Sainte-Croix, la lumière est magique et réussie à occulter ce que la baisse du niveau des eaux est impressionnante.
Nous filons maintenant plein sud et arrivons sur Aups en plein marché. Nous avons quitté les Alpes-de-Haute-Provence pour le Var.
La ville est tout à fait charmante le marché, pour une fois, ne regorge pas de ces articles que l’on retrouve partout et fabriqués, souvent, en Chine.
La production est majoritairement locale, nous en profitons pour nous ravitailler en miel.
Nous déambulons au hasard des ruelles, porte Sarrasine, lavoir et fontaine, cafés avec terrasses sympas, les rues sont animées et une devanture de librairie qui a tout pour nous plaire nous attire comme un aimant !
Il semblerait qu’ici la doxa gouvernementale n’ait pas droit de cité. Ragaillardies nous tombons en pâmoison devant une vitrine d’articles en cuir, cela sent délicieusement bon et à peine entrées Frédé repère « le » sac à dos de ses rêves. Nous nous alourdissons quelque peu petit à petit, nous trouvons tout ce que nous recherchons depuis longtemps, une vraie thermos avec ampoule de verre, le sac à dos en cuir donc, allons-nous trouver les chapeaux de paille de nos rêves pour œuvrer aux jardins en toute sécurité ?
Nous retrouvons le Ptibus et filons vers Cotignac.
J’ai repéré ce village en regardant l’atlas routier et la petite étoile associée au nom du village m’a tiré l’oeil ! Un premier village, dont on date une présence dès l’époque féodale, était installé au sommet de cette barre rocheuse.
Au cours des invasions sarrasines, même si elles n’ont pas été fréquentes à Cotignac, le village est descendu pour venir se blottir au pied de ce rocher, barrière naturelle infranchissable. C’est ainsi qu’à partir des années 1000, un deuxième village s’est installé en contre-bas, un premier château a été construit à proximité.
Ce rocher et ses habitations troglodytiques servaient alors de cachette pour les habitants, leurs troupeaux et leurs vivres pendant les périodes d’invasions.
Une grotte assez grande pouvait contenir tous les habitants et leurs troupeaux, creusement du tuf, chaux sur les murs pour éviter l’humidité, construction de terrasses, de foyers, de potagers, d’escaliers… D’autres cavités, au pied du rocher, servaient également d’abris pour les animaux : loges à cochons, à foin … et l’on peut voir encore des morceaux de mangeoires, de râteliers, de pigeonniers… et un pressoir à huile propriété du seigneur. Sans oublier des rayons de Miel d'abeilles sauvages !
Par ailleurs, le rocher fut également une carrière très active. Pour construire le village actuel, on creusait la roche pour en extraire des pierres et on comblait des caves avec les gravats qui ne servaient plus. Le nombre de cavités a donc évolué au cours du temps, selon les usages que l’on en faisait.
A partir du XIVème siècle, une vie et une activité économique se sont développées autour de ce rocher. En 1897, l’usine hydroélectrique permit au village de se fournir en électricité. Cotignac fut un des premiers villages de la région à être électrifié.
Le monument aux morts quant à lui est assez particulier et original dans sa conception.
La visite est un régal et lorsque nous débouchons sur le Cour Gambetta, la vie grouillante a tout pour séduire d’autant que nous repérons immédiatement un étal de couvre-chefs.
Quelques minutes plus tard nous avons chacune notre chapeau, un panama pur jus, fait main en Amérique Centrale et « cerise sur le chapeau » avec une super remise et un cadeau, un sachet de Palo Santo odorant à souhait qui va nous parfumer le fourgon.
Nous quittons Cotignac pour Carcès, village aux façades peintes et historiées, l’une de ces fresques retracent la visite de Louis XIV à Cotignac, ville sanctuaire ! Bof !
Demain nous remontons sur le Vaucluse où nous avons quelques idées de visites en tête.
Pour notre deuxième nuit provençale, la technologie nous a trahies. 2 heures du mat’ et plus de gaz. Ça gèle dehors mais il faut s’y coller ! Hardi petit(e).
Nous quittons Ste Tulle quelques heures plus tard sans chercher où peuvent se trouver les différentes curiosités mentionnées sur la documentation mise en ligne par la ville, pas de panneaux indicateurs et vraiment sans être bégueule, c’est assez sale, crottes de chiens, canettes… on ne peut pas dire que la balade faite hier nous ait donné envie de creuser la question !
Nous réservons notre matinée à Manosque.
Cité de Giono, nous nous sommes surtout consacrées à humer l’air de la ville et à en admirer le bâti.
D’églises en fontaines, d’hôtels particuliers en portes fortifiées nous avons déambulé nous en remettant à notre curiosité naturelle.
Un petit air subversif semble souffler ici, nous avons trouver cafés participatifs, commerces alternatifs, un souffle de monde nouveau pas pour nous déplaire.
Comme en plusieurs endroits de Provence et des Basses Alpes, Manosque met à l’honneur les insurgés de 1851, année au cours de laquelle les citoyens français se rebellèrent contre le coup d’État perpétré par Louis-Napoléon Bonaparte qui d’un trait de plume, après de nombreuses attaques contre la République dont il était le représentant élu, viola la légitimité constitutionnelle.
Une époque où les français avaient encore « des couilles », excusez moi si je choque, et savaient monter au créneau pour défendre les valeurs auxquelles ils tenaient, des valeurs qui se déclinaient il y a peu encore en Liberté, Égalité, Fraternité !
Une époque où l’on ne rigolait pas avec les « révisions » de la Constitution !
Le cœur de ville a belle allure encore enserré dans ce qui fut sa ceinture de remparts par contre Manosque a très largement débordée de son cadre moyenâgeux et y stationner ou la quitter n’est pas une mince affaire.
En fait nous avons de plus en plus de difficulté avec les vicissitudes citadines !
Nous quittons Manosque deux heures plus tard pour Moustiers-Sainte-Marie.
Il y a 30 000 ans nos ancêtres étaient déjà fans de ce site, puis ce fut au tour des ligures de s’y implanter ouvrant la voie à une première communauté ecclésiastique issue de Lérins. Toute la ville est un petit bijou mais le site de Notre Dame de Beauvoir est un vrai joyau. Truffé comme un gruyère, le site offrit ses nombreuses grottes comme asiles aux habitants de Moustiers lors des invasions maures, à cette époque les fortifications n’étaient pas encore d’actualité. Il fallut attendre le XIIe siècle pour que le village prenne forme, remparts, maisons et moulins furent édifiés mais l’épidémie de peste de 1348 faillit bien tout détruire. Trois siècles plus tard des intempéries d’une grande violence décimèrent une nouvelle fois la population. La renommée de la faïence de Moustiers servit de tremplin à la vie économique de la petite ville qui aujourd’hui encore met à l’honneur la tradition faïencière.
La visite de Moustiers-Sainte-Marie impose bien évidemment la grimpette jusqu’à la Chapelle Notre-Dame-De-Beauvoir.
On en prend plein les mirettes, les mollets sont mis à rude épreuve mais de là-haut le panorama est tout simplement sublime.
Et puis il y a cette fameuse étoile suspendue au-dessus du ravin !
Une légende remise à l’honneur par Frédéric Mistral raconte qu’il s’agit d’un ex-voto placé là par le chevalier Blacas pour remercier Marie d’être revenu vivant de la Croisade après avoir été emprisonné par les sarrasins.
Redescendues à pas menus menus, le sol de pierre calcaire bien polie par le temps est hyper glissant, nous avons enchaîné notre découverte en gagnant la chapelle Sainte Anne et le sentier botanique de Tréguier.
Deux heures de bonheur, dans une lumière sans pareil dont nous sommes revenues avec l’estomac dans les talons et comme la vie est bien faite nous avons avisé à deux pas de l’église la devanture d’un « estaminet » nommé « Patissetcuisine ». Si vous passez dans le coin, poussez la porte et demandez à goûter leurs brownies ! Une pure merveille que nous avons dégusté en plein soleil sur une petite terrasse surplombant le village. Le rêve !
Je ne vous parle même pas de la taille des portions ! XXXL !
Requinquées nous avons enchaîné sur un autre sentier par la porte du Riou à l’autre bout du village avant de regagner notre Ptibus dont je suis ressortie la nuit venue pour admirer le village illuminé.
Février, nous piaffons ! Le fourgon resté prêt à partir depuis mi-janvier n’attend plus que le plein d’eau. Merveille de l’électronique, il vidange seul en dessous de 3 degrés, inutile de remplir le réservoir par avance si nous devons tout perdre. L’eau nous est plus que jamais précieuse, nous attendrons le Jour J, l’heure H pour opérer.
Nous avons grosso modo fixé notre départ en fonction du calendrier biodynamique qui régule nos activités agricoles ! De toute façon où que nous allions, dentiste, ophtalmo… le calendrier nous sert d’agenda !
C’est sérieux l’agriculture !
Pas question de louper la plantation des patates, les semis divers.
C’est que nous devenons performantes.
Le 14 nous avons donc pris la route sous un radieux soleil qui ne nous a pas quittées pendant 7 jours, dommage pour la Terre certes mais ce bain de lumière fut un enchantement. Notre point de départ se situait au pied du Mont Ventoux à Malaucène exactement, là où démarre la grimpette de ce sommet légendaire ! Râpé, fouetté par le vent, dénudé de la moindre végétation il culmine du haut de ses 1910 mètres d‘Ouest en Est sur la Provence. Il nous attire et pourtant depuis notre enfance nous ne l’avons plus gravi. Impressionnante cette sentinelle, restée imprégnée de l’atmosphère des « Trois messes basses » de Daudet.
De toute façon, pas de regret à avoir en cette saison, blanc mais vierge de neige, son accès est fermé ! Nous avons donc déambulée dans Malaucène.
Encore en partie ceint de ses remparts que les maisons ont avalés, le village est plaisant même si comme aurait dit un copine il ne casse pas trois pattes à un canard. Une église et quelques portes fortifiées, des ruelles tortueuses, enfin tout ce qui prouve l’origine médiévale du village. Nous avons également gravi la calade plus que glissante menant au calvaire pour y découvrir 14 oratoires abritant une représentation du chemin de croix. Bien que prévenues quant à la modernité très prononcée des représentations, nous sommes restées perplexes ayant bien du mal à y voir un lien quelconque avec la passion de Jésus.
Visite avalée, nous avons filé par le GR jusqu’à la Chapelle du Groseau, autre curiosité.
Remontant au XIème siècle, ruinée puis reconstruite il lui fut ajouté, tout à côté et communiquant avec elle, un second édifice. L’ensemble faisait partie d’un couvent aujourd’hui disparu qui servit de résidence d’été au premier Pape installé en Avignon, Clément V. Pape maudit par le grand maître des templiers brûlé vif en mars 1314, « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! ».
Brrr,il décédera en avril de la même année dans des circonstances effroyables.
La chapelle jouxte de peu la source du Groseau qui a « fait » Malaucène. Elle a permis l'irrigation et animé par le passé 17 moulins...
L’eau sort puissamment du rocher et s'étale dans un large bassin surplombé par un rempart de falaises d’une hauteur impressionnante. Mises en haleine par cette première halte, dotée d’une aire pour camping-cars idéalement située, nous avons attaqué gaillardement notre périple dès le lendemain en poursuivant sur Bédouin, un enchantement.
Le vieux village occupe la colline St Antonin, dominée par l’Église St Pierre.
Dans des dédales de ruelles qui se croisent et s'entrecroisent l’histoire du village se raconte notamment par le biais des fontaines, lieux de vie et de rencontres.
Du château construit sur la colline St Antonin plantée de cèdres, il ne reste rien hormis quelques pierres tombales mais la vue sur les environs et le Ventoux est exceptionnelle.
Ayant attaqué la découverte du village par la Draio Du Barry, la balade des remparts, nous sommes revenues à notre point de départ par la circulade, ce boulevard toujours très présent dans tout village provençale, qu’il entoure ponctué de terrasses de cafés, de boutiques. Nous y avons même trouvé une quincaillerie et la thermos de nos rêves. Une vraie, avec ampoule de verre !
Nous avons repris la route pour Sault puis Banon.
Si vous passez par Sault peut-être aurez-vous plus de chance que nous et arriverez-vous à déguster le délicieux nougat de la Maison Boyer https://www.nougat-boyer.fr.
Nous étions tombées par hasard il y a bien longtemps et nous n’espérions même pas que la boutique soit encore d’actualité. Quelle choc en la découvrant dans son jus 30 ans plus tard mais quelle frustration de ne pouvoir y regoûter. Restait l’espoir de se ravitailler en brindilles et petits banons dans le village du même nom !
Pffft !
Même pas !
Le charcutier était fermé, adieu brindille (saucisse sèche genre fuet) et banon, ces petits fromages de chèvre si riches en arômes ! Restait la nourriture pour l’intellect.
Nous nous sommes rabattues sur le Bleuet et sommes ressorties blindées de bouquins ! Pour ceux qui ne nous ont pas lues l’an passé le Bleuet est une librairie mythique où l’on trouve de TOUT !
Du coup nous avons poussé jusqu’à Sainte-Tulle pour y passer la nuit et dont seuls les lavoirs nous ont vraiment séduites !
Autant vous dire tout de suite que s’il est une forme d’Art qui ne me parle pas, c’est bien l’Art conceptuel !
Il y a quelque temps, lors de notre virée gardoise, nous avons découvert une exposition intitulée « Nature humaine ». En ce qui nous concerne, nous étions plutôt venues pour les collections permanentes qui recelait quelques œuvres de maîtres.
A peine arrivées un doute s’est mis à planer. Comment interpréter les paroles de l’hôtesse à l’accueil nous annonçant l’air gourmand que nous allions pouvoir découvrir UN tableau de Van Gogh !?
Nous avons commencé notre découverte plutôt indifférentes aux deux premières œuvres, le garçonnet et son chien, pourquoi pas ! pour recevoir un véritable choc en découvrant une femme affalée sur le sol !
Plutôt morbide comme vision, un coup d’œil au catalogue nous apprend qu’il s’agit d’une « mise en scène pour envisager le corps comme le lieu où remettre en question nos systèmes de perception culturellement construits » ( Gisèle Vienne) !!!
Diantre, nous n’avions rien compris, le pire étant que c’est allé de mal en pis.
Second choc en découvrant bien protégée derrière une vitrine une bouteille d’eau d’Evian remplie d’un liquide maronnasse et de lire «leur présentation, sous la cloche et sur des socles, vient souligner et prolonger le mythe de pureté construit par les marques. Détournés, ces objets de consommation nous interrogent sur notre propre marchandisation, les bouteilles devenant semblables à des corps sans identité » (Pamela Rosenkranz).
Nous pouffons et persévérons pour, au moins découvrir le fameux tableau de maître.
Euréka !
Tout seul dans une petite pièce, il me rassure. Au moins je peux éprouver une réelle émotion. L’un des surveillants a dû le comprendre, il nous colle aux basques, au cas où nous piquerions le tableau sans doute !
Notre visite s’accélère, le rythme vire à la visite à la japonaise !
Perplexité !
Nous enfilons les salles, retrouvons deux autres bouteilles d’eau, la dernière trônant dans une pièce noyée dans une lumière bleue très dure à supporter au niveau du confort visuel mais sensée « métamorphoser le lieu » !
Pourquoi pas ?!
L’idée de cette métamorphose et la bouteille sont de la même artiste, une artiste qui, dit-elle, « se propose de relier symboliquement la lumière bleue des vitraux de l’époque médiéval à celle de nos écrans actuels. L’environnement créé, chimérique et hautement artificiel, met à mal nos habitudes de visite et de perception ».
A ce stade nous flirtons avec l’apoplexie et c’est avec plaisir que nous avons réalisé que la visite était quasiment terminée.
La descente vivement exécutée, nous nous apprêtons à regagner la sortie lorsque j’avise le livre d’or chargé de collecter les impressions des visiteurs.
Je me suis lâchée, chose que ne m’étais jamais arrivé par le passé. Plagiant Jean-Pierre Bacri, en trois mots j’avais expédié la chose « enculage de mouche ».
Je sais il ne faut pas juger, je ne juge pas c’est juste mon constat !
Depuis que petites nous passions nos vacances en Provence, l’Abbaye de Montmajour n’a cessé de nous « parler » mais jamais encore nous n’avions pu la visiter. Elle émerge de la plaine du Rhône juste à la hauteur de Arles comme une sentinelle, sa Tour Pons de l’Orme projetant haut sa silhouette massive.
N’étant jamais à un détour près, nous ne pouvions rater l’occasion de découvrir enfin ce superbe édifice en partie ruiné, certes, mais fascinant. Une communauté de moines bénédictins se fixèrent en ces lieux, sur le Mont Majour, au Xe siècle. Là encore c’est une relique, appartenant à la vraie croix, qui allait offrir sa renommée à l’édifice. D’abord modeste, le monastère est en partie troglodytique, les vestiges sont encore très évocateurs et la chapelle Saint Pierre tout à fait charmante.
Le pouvoir spirituel de l’abbaye petit à petit s’étend jusqu’en Isère. Fortifiée pendant la guerre de 100 ans l’Abbaye connaît un nouvel essor quand l’Abbaye de Saint Germain des Près à Paris fonde une nouvelle congrégation au XVIIe siècle. La nouvelle « règle » en vigueur promeut les travaux intellectuels et initie des travaux de recherche scientifique. A Montmajour les moines lisent Molière, Cervantès, Diderot et d’Alembert !
Rien que cela !
L’Abbaye est agrandie mais son faste ne dure guère plus d’un siècle, Louis XVI ordonne son abandon puis la Révolution sonne sa fin. L’Abbaye est vendue comme Bien National et va servir de carrière de pierre !
Il a fallu attendre 1921 pour qu’elle soit classée monument historique.
Il faut avoir le jarret ferme pour cette visite, une grosse centaine de marches rien que pour la Tour Pons de l’Orme, sans compter toutes celles que l’on monte et descend à tout bout de champ. La visite commence par la crypte de la nouvelle abbatiale, crypte qui permet d’accéder au chevet de l’édifice.
Semi troglodytique, comme pour Saint Roman (voir l’un des articles précédents) tout le site est bien souvent implanté sur le socle rocheux, un socle qui a là aussi servi de cimetière. Les tombes ont été creusées un peu partout et l’on reconnaît les plus anciennes à ce que les emplacements des pieds et de la tête sont parfaitement matérialisés !
Le cloître a conservé sa majesté, certains des chapiteaux sont historiés, d’autres à motif végétal. A propos de végétal, nous sommes ressorties de cette visite, nanties, après une halte à la boutique, d’un livre de recettes intitulé « Manger ses mauvaises herbes ». Si jamais les temps deviennent durs, nous voilà parées.
Pas pressées de rentrer, notre dernière halte fut pour revoir Aigues-Mortes. La vieille ville est encore intacte entre ses murs, un petit bijou architectural que nous avons redécouvert à la lueur du couchant. Port d’où parti Saint-Louis pour les croisades, son ensablement valut à la ville d’être convertie en prison.
Une halte à la biscuiterie-confiserie « La cure gourmande », un petit coucou à St Louis et quatre tours en ville et nous regagnions définitivement notre sweet home !
Voilà ! à bientôt pour vous partager nos futures autresdécouvertes !
Barjac est le type de village qui tout de suite vous parle au cœur. Les parkings sont signalés, à proximité du centre village et gratuits. Le patrimoine architectural est superbe ce qui ne l’empêche pas d’être animé, les commerces ne l’ayant pas déserté.
Nous y avons même trouvé une quincaillerie exceptionnellement bien achalandée.
Marqué par les conflits entre protestants et catholiques, riche d’une nécropole de quinze dolmens, Barjac a un passé minier et soyeux !
Mais qu’est-ce donc ?
Il s’agit de l’industrie de la soie, la sériciculture ou éducation du ver à soie ! Née en Chine, la sériciculture nous est parvenu en Occident par deux moines grecs et bien que l’on associe généralement cette activité à la ville de Lyon, c’est dans les Cévennes et plus spécialement dans le Gard qu’au XIIIe siècle elle s’est développée. C’est également cette activité qui est à l’origine de l’essor du mûrier dans le sud de la France. Quand en 1850 une épidémie foudroyante les ravagea, il fut fait appel à Pasteur en résidence temporaire à Alès pour y remédier.
Vézenobres est lui aussi un superbe village, labellisé petite ville de caractère. Par contre côté parking, rien pour les « gros ». On se débrouille « a la buena de Dios ».
Ancien oppidum, Vézénobres se trouve au carrefour des Cévennes et de la Provence et fut habité au fil du temps par des Ligures, des Celtes, des Volces et des Romains. Une voie romaine axe de pèlerinage et de commerce relie le littoral méditerranéen à la France du nord : le Chemin de Régordane. Empruntée par César pour traverser les Cévennes, l'itinéraire, long de 240 km, relie le Puy-en-Velay à St Gilles du Gard. Cette voie est encore d'actualité grâce à sa reconnaissance en itinéraire de Grande Randonnée (GR700).
Le village a connu une grande prospérité du XIème au XIIIème siècle et a conservé un superbe ensemble architectural. Sériciculture, viticulture ont également généré des demeures de qualité, inspirées des villes proches, ainsi que des mas fastueux en périphérie.
Vézénobres fut célèbre pour sa production de figues sèches et aujourd’hui le village accueille un verger-conservatoire du figuier : un millier d'arbres représentant plus de 100 variétés différentes ont été plantés en 2000, 2004 et 2006 sous l'égide du Conservatoire Botanique National situé sur l'île de Porquerolles.
Cinq portes fortifiées contrôlaient les entrées et sorties du village, seule la porte de Sabran subsiste surmontée d'un clocher et de l'horloge.
Les châteaux encore debout ne se visitent pas, reste la possibilité d’admirer le seul pan de mur encore debout du château médiéval mais ce n’est pas grave car le village est vraiment magnifique. Le souci du détail et puis évidemment des commerces et restaurants ouverts rendent la visite charmante.
En décembre il semble, je n’ai pas vérifié, que la coutume veuille que chacun installe une crèche devant son pas de porte, sur un appui de fenêtre, une place même près de la Mairie !!!! et personne ne s’en offusque. Les habitants rivalisent de créativité, il y a de l’émulation dans l’air, c’est chouette et invite à ne pas oublier la moindre impasse pour ne rien perdre du plaisir de la découverte.
C’est rassurant somme toute en cette période de « chasse aux sorcières ». Je vais peut-être encore déplaire mais après tout la crèche fait partie de notre culture chrétienne ! En quoi devrait-on renoncer à ce qui fait un de nos particularismes. Personnellement nous avons quand même pas mal voyagé et c’est tout naturellement que nous nous conformions aux coutumes locales et si quelque chose ne me convenait pas, je passais mon chemin.
Juste quelques photos pour vous donner une idée de ce que fut le travail de reconstitution de la grotte. Cela nous a fait penser à notre visite des coulisses de la reconstitution des temples d’Abu Simbel à Assouan en Egypte.
L’aménagement de Chauvet 2 est parfaitement pensé pour permettre aux visiteurs d’appréhender la richesse de ce site. Des ateliers temporaires à destination des enfants mais aussi pour les adultes qui osent se lâcher !!! un pôle plus didactique, la Galerie de l’Aurignacien, nous sont proposés.
N'oublions pas ce qui pour nous a été un vrai régal, un spectacle immersif à 360° intitulé « Animal ».
Rendues à notre XXIe siècle par notre guide, une jeune femme épatante qui sait fort bien partager ses connaissances, nous avons filé dès la sortie de la grotte jusqu’à celle dite « grotte atelier » au pôle pédagogique. A peine arrivées, armée de mon charbon de bois je m’apprêtais à aller orner un petit pan de cette reconstitution quand j’ai été stoppée net dans mon élan par une jeune femme ayant en charge l’animation. Instructions reçues 5/5, nous nous sommes livrées avec bonheur à nos activités graphiques et avons d’ailleurs été chaudement félicitées pour nos prestations.
Nous avons devisé avec cette jeune animatrice un bon moment toutes heureuses de voir qu’il y avait encore des (jeunes) passionnés par tout ce qui touche à l’Histoire, la culture, comme notre guide d’ailleurs. Certains de vous vont peut-être bondir à ces propos pourtant je ne suis pas seule à poser ce constat. Ayant révélé notre ex-profession elle nous a confirmé ce que nous avions déjà constaté, à savoir que les enfants étaient de plus en plus malhabiles avec l’outil scripteur et avaient bien des difficultés à se concentrer sur tout support autre que le téléphone portable ou une tablette ! Lorsque l’on sait que le fait d’écrire (à la main) a une incidence bénéfique sur la construction des réseaux neuronaux et la mise en place d’une pensée organisée (et quelque soit notre âge) il y a de quoi s’inquiéter (si l’on est complotiste évidemment).
Nous avons ensuite terminé notre découverte avec un moment dès plus réjouissant. Après avoir pénétré dans une immense salle aux murs recouverts de copies de toiles de maîtres, Le Douanier Rousseau, Dali, Léonard de Vinci et bien d’autres, des reproductions des peintures et gravures de la grotte, des estampes japonaises… nous nous nous sommes retrouvées immergées dans un spectacle au sein duquel chacun déambule à son gré. Il m’a fallu un petit instant avant de réaliser que les tableaux s’animaient, que les animaux mis en scène se baladaient d’un tableau à l’autre jusqu’à ce que tout se délite et que passé, présent et futur se mêle.
Au moment où un mammouth m’a doublée dans ma déambulation, je me suis sentie happée par le film, surprise de chercher à lui emboîter le pas. Fascinant !
Si le cœur vous en dit, juste un petit clic pour découvrir le petit film que nous avons réalisé : https://youtu.be/FPJTtDJs9dM
Alors ?! Tenté par l’expérience ?
Par contre le village de Vallon Pont d’Arc en décembre est absolument sinistre et ne mérite pas de s’y arrêter. On voit bien les dégâts générés par le tourisme quand les élus oublient que la vie ne se résume pas aux périodes estivales. Mis à part un boucher-charcutier dans le cœur du village, pas de boutique ouverte, rien que des rideaux de fer de commerces éphémères baissés ! Boulangerie, pharmacie, supérette ont été déplacées en périphérie à proximité des grands parkings. Le village est mort et même en cette saison les moins vaillants doivent avoir recours à la voiture pour se ravitailler ! Lamentable.
Quant à l’aire de camping-cars, elle nous a fait fuir mais c’était un mal pour un bien. A quelques kilomètres le village de Sampzom nous a accueillies. Rien que nous toutes seules en pleine Nature !
Le 18 décembre 1994 trois spéléologues, deux hommes et une femme, explorent les environs du célèbre Pont d’Arc sur l’Ardèche.
A cet endroit une falaise décrit un arc de cercle et tout un fouillis végétal s’étend à ses pieds.
Bien évidemment ils savent très bien que ces lieux furent très « visités » par nos ancêtres, la région est trouée comme un gruyère et les vestiges abondent. Un coulis d’air émanant d’une faille dans la paroi rocheuse les alertent soudainement, ce courant d’air est à coup sûr le signe qui ne trompe pas et ils vont faire ce que jamais au grand jamais je ne me serais risquer à faire, se faufiler dans un étroit boyau rocheux jusqu’à émerger dans une cavité permettant de se redresser. La suite tout le monde la connaît…
La grotte Chauvet, du nom d’un des trois spéléologues, aujourd’hui elle serait baptisée sans doute du nom de Eliette Brunel, au nom de la parité très en vogue, ne sera jamais ouverte au public. L’expérience de Lascaux a été assimilée, une reproduction permettra au public de découvrir ce site inscrit aujourd’hui au patrimoine de l’Humanité.
Nous n’en sommes pas à notre première grotte ornée, Lascaux, Altamira en Espagne, Pech Merle (ce n’est pas une reproduction) tout comme les abris peints des environs d’Albarracin (province de Teruel en Espagne) nous ont déjà régalées de leurs trésors, mais là franchement c’est émouvant et confondant tant le graphisme est « moderne ».
La grotte ne fut jamais un lieu de résidence, les « artistes » y venaient uniquement pour y exercer leur art et franchement c’est un sacré témoignage. Outre que nous pouvons ainsi connaître la faune locale de l’époque et donc en déduire la flore, il est possible de deviner leur régime alimentaire et à de nombreux détails la nature de leurs vêtements, leur mode de vie. Nous pouvons aussi nous interroger sur leur spiritualité car, outre certains vestiges troublants, qu’est-ce qui pouvait bien pousser ces humains à venir dans le noir presque total, les torches et lampes à graisse ne sont guère aveuglantes, couvrir des pans entiers de roches de bisons, chevaux, rhinocéros, ours, mammouths, lions… il y a même un hibou !?
La maîtrise de leur art a de quoi rendre jaloux n’importe quel artiste connu, aussi bien peintre que graveur. Il y a 36 000 ans, ils ont peint à l’ocre rouge, tracé au charbon de bois ou au doigt toute une faune aujourd’hui disparu, maîtrisant l’art de rendre le mouvement, l’estompe, la perspective… et ce dans l’obscurité ! J’insiste.
La fresque des lions qui clôt la visite est un pur chef d’œuvre. Une petite centaine d’animaux cavalcadent sous nos yeux.
La reconstitution de la grotte originale se situe sur un plateau calcaire dominant l’Ardèche et l’Ibie et a été orchestrée par les spécialistes de Lascaux passés maître en la matière (ils ont œuvré à Altamira). Installée au sein d’un espace boisé entièrement dédié à la découverte de l’histoire de ce lieu hors norme, différents points d’intérêt installés au milieu de la végétation nous révèlent la naissance de cette grotte dont la gestation fut quand même très mouvementée.
Juste une anecdote, mais de taille pour comprendre !
Il y a 5,6 millions d’années, un accident géologique majeur entraîne la surélévation du détroit de Gibraltar, la Méditerranée se ferme et se vide quasiment de toute son eau en 1500 ans. Encore aujourd’hui l’apport hydrique des fleuves ne peut compenser l’évaporation de ses flots d’où le fait qu’elle soit salée et cela s’accentue.
Les fleuves et rivières qui dépendent du bassin versant de la Méditerranée se mettent à creuser leurs lits, c’est le cas de l’Ardèche. La grotte qui nous intéresse et qui était ennoyée se vide.
300 000 ans plus tard, rebelote, la terre tremble sur Gibraltar et un passage se ré-ouvre, l’Atlantique déverse ses flots à raison de 100 millions de mètres cubes par heure. La Méditerranée se remplit en quelques mois seulement et dépasse même son niveau initial. Les cours d’eau cessent de creuser et la grotte est de nouveau noyée, la mer occupe une partie de la vallée du Rhône.
Mais notre Terre est vivante, nous l’oublions souvent, la collision des plaques tectoniques africaine et européenne en provoquant la surélévation des massifs Alpin et Pyrénéen, occasionne une reprise de l’érosion des fleuves et la mise hors d’eau définitive de la grotte qui après plusieurs périodes glaciaires acquiert l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui à quelques stalactites et stalagmites près.
Voici déjà comme mise en bouche quelques photos pour vous présenter ces sublimes gravures et peintures. Toutes les photos présentées sont celles du photographe Patrick Aventurier et téléchargeables sur le site !
La suite pour demain mais une question auparavant, juste pour savoir qui a le courage de lire un article jusqu’au bout : « qu’est-il arrivé à la Méditerranée aux temps géologiques ? Si vous n'arrivez pas à laisser de commentaire, vous pouvez répondre par mail voir SMS !
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