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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 18:12

Les Longville de St Génis et le Grand Condé… Rien à voir ? Pas si sûr !

  Grand_Conde_Louvre_MR3343-1-.jpg

"Ciel! Mon aïeul!"

 

Il y a quelques temps, nous racontions dans ce blog comment, l’an passé, nous sommes partis à la découverte des Ardennes belges, sur les traces de nos ancêtres paternels. Cet aboutissement était le fruit d’une longue recherche généalogique partie des informations succinctes de notre père sur la branche Longville : « il parait qu’on est d’origine belge », « on aurait des cousins en Amérique », et enfin « on serait des descendants du Grand Condé ». Avouons que, de prime abord, nous avions été sceptiques sur l’ensemble.

Tous nos ancêtres identifiés sont de petites gens : ardoisier, jardinier, sommelier, marchande des quatre saisons, blanchisseur, blanchisseuse, serrurier, chapelier, tapissier, ébéniste … Ils ont retroussé leurs manches et mené une vie laborieuse. C’est assez loin du Grand Condé, tout ça, mais les deux premiers points étant finalement exacts, nous avons quand-même décidé de creuser la question du troisième.

Un peu d’histoire :

Louis II de Bourbon Condé dit le Grand Condé avait une sœur, Anne Geneviève de Bourbon Condé et c’est cette dernière qui nous intéresse. Devenue duchesse de Longueville par son mariage avec Henri II d’Orléans Longueville, Anne Geneviève met au monde en 1649 un enfant issu de sa liaison avec le duc de la Rochefoucaud. Grand seigneur, son époux, le duc de Longueville, reconnaît néanmoins cet enfant et lui donne son nom. Un peu plus de vingt ans plus tard, Charles Paris d’Orléans Longueville, a à son tour un enfant de sa maîtresse, Madeleine d’Angennes. Légitimé ultérieurement, Charles Louis d’Orléans Longueville, dit « chevalier de Longueville », sera tué en 1688 au siège de Philipsburg, et certains sites de généalogie évoquent une descendance illégitime.

Alors ?

Bon sang, mais c’est bien sûr ! Nous avons appris en nous rendant à Herbeumont que les premiers Longueville installés au village étaient selon toute vraisemblance des déserteurs français.

On peut alors imaginer que Charles Louis d’Orléans Longueville a eu un fils et que c’est ce fils qui est à l’origine des Longueville d’Herbeumont, devenus Longville au fil des siècles, par simple erreur orthographique.

Sacré papa ! Il nous en avait dit, des choses, en fait !

Allez, appelez-nous « majesté » en toute simplicité !

Fredo

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 16:53
 
 
« Un jour, par la forêt »
Marie Sizun
editions Arléa
images-2--copie-1.jpg
Dans ce livre, Marie Sizun nous livre le portrait tout en finesse d’une petite fille de onze ans, rêveuse et solitaire, en plein décrochage scolaire. Après un cursus élémentaire brillant, Sabine est en chute libre, au point que sa prof de français décide de convoquer sa mère. Pour Sabine, cette rencontre est tout simplement impossible car elle a honte, honte de cette mère absolument pas présentable à ses yeux. Sabine a bien compris qu’elle n’était pas du même milieu social que les autres et refuse absolument cette confrontation. Pour y échapper, elle décide de faire l’école buissonnière…
Sabine part un matin avec la volonté d’en finir définitivement avec le lycée et la voilà bientôt qui erre sans but dans Paris, jusqu’au moment où elle croise la route d’un couple d’anglais férus de poésie qui va comprendre son malaise et l’inciter avec tact à reprendre le cours de sa vie scolaire.
C’est un très beau livre, plein d'amour, à l’écriture colorée et poétique, une étude psychologique très juste des sentiments de cette enfant qui ne se sent pas comme les autres et qui en souffre. La peinture du milieu scolaire n’est pas à son avantage, mais nous serons sans doute nombreux à nous y reconnaître. Une chose est sûre : en tant qu’ancienne enseignante, Marie Sizun sait de quoi elle parle !
 
 
L’égalité des chances selon le milieu dont on est issu, là est la question !
 
Frédo
 
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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 21:19

Carlo Crado

Vous connaissez ?

Jusqu’à hier, je ne connaissais pas. Nous l’avons découvert au hasard d’une publicité télévisée sans en croire nos yeux ; on avait dû mal voir…

Pour en avoir le cœur net, nous avons vérifié sur Internet… Mais oui, il s’agit bien d’un jeu proposé aux enfants à partir de quatre ans (honnêtement, à trois ans, voire deux, ça doit marcher aussi…) :

 Voici donc un extrait de la fiche de présentation :

images[2]

But du jeu

Tire sur la morve de Carlo, mais attention, si tu tires sur la movaise morve, le crane explose.

Description du jeu

- Vas-y !
- Non, toi d'abord !
- Vas-y, je te dis c'est à toi de jouer !
- Beuuuuuuuuuuurk ! C'est dégueu !!!

A ton tour de jeu, mets tes doigts dans le nez de CARLO CRADO, attrape l'une des substances crados et... tire dessus !!!

Reste concentré, car si tu choisis la mauvaise, les yeux de CARLO CRADO lui sortent de la tête... et son crâne explose !

Alors, sois prudent si tu ne veux pas être éliminé !

Petite précision : « movaise morve », est écrit tel quel dans le texte, c'est déjà édifiant en soi. Carlo Crado est donc bien un jeu de société, pas vraiment récent d’ailleurs. C’est navrant. Le comble du mauvais goût, du vulgaire et du décadent.

En tant qu’enseignante d’école maternelle, j’ai toujours privilégié le jeu comme outil pédagogique, activité essentielle à la construction de la fonction symbolique et de l’intelligence. Assurément, ce n’est pas avec « Carlo Crado » que j’aurais atteint mon but !

Loin de moi, pourtant, l’idée de bannir tout jeu qui ne soit pas intellectuel ! Je me souviens de m’être éclatée en famille en jouant à la puce, cet exercice d’adresse consistant à faire sauter le plus de jetons possible dans un gobelet… Mais je l’avoue, j’ai du mal à supporte la vulgarité. Et il me semble  que l’enfance mérite mieux que ça… Non ?

« La quête  de connaissance n’est pas primordiale pour survivre, ….., mais elle est indispensable pour celui qui veut mener une existence authentiquement humaine, qui cherche à s’élever au dessus de la simple animalité, en quête du beau, du vrai, du bien. …… » Frédéric Lenoir.

Fredo

 

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 21:01

Nous voici de retour d’une virée de plus de 3000 kms sur les routes françaises. Notre but, retrouver des amis que nous n’avions pas eu la joie d’embrasser « in live » depuis plus de 4 ans, notre intention, renouer avec l’itinérance.

Amies.JPG

 

Résultat, 13 jours d’errance et de plaisir en s’arrêtant au gré de notre inspiration ou selon ce que le hasard plaçait sur notre route.

 

a-velo.JPG

Les cieux nous ont été favorables et même si nous avons été copieusement arrosées le temps d’une balade à vélo, une bonne heure à pédaler sous des trombes, quand même, cela nous a donné l’illusion de braver, seules au monde, les éléments déchaînés.

Nous n’avons rencontré aucune manifestation de « mauvaise humeur » à l’encontre de la mise en place de l’écotaxe, dommage ! Nous serions allées ajouter notre voix au concert de protestation avec une suggestion : instituer une écotaxe à faire acquitter aux ministres, députés, président de la République.

Après tout si leur conscience écologique les titille, qu’ils mettent la main au porte-monnaie. Bon, je ne m’étendrai pas sur le sujet, enfin pas encore !

Le-Mont-a-croquer.JPG

Notre progression, toujours plus au Nord, nous a offert la joie d’atteindre le Mont Saint Michel à vélo en empruntant les multiples pistes cyclables qui sillonnent l’Ouest, constatant une fois encore que l’on se plait à rapporter beaucoup de bêtises. Si donc un jour le cœur vous en dit, sachez que si les parkings sont payants (c’était déjà le cas avant le réaménagement de toute façon) des navettes vous emmènent gratuitement jusqu’au pied du Mont et qu’il n’y a pas de péage à pied à acquitter comme cela nous avait été raconté !

Par contre, côté tarif pour visiter l’Abbaye, c’est surprenant : gratos si vous avez moins de 26 ans et ce quelque soit votre nationalité, 9€ si vous êtes un vieux crouton de citoyen européen (de plus de 26 ans) et 5.5€ si vous n’êtes pas un membre de la communauté européenne ! Comme le Mont semble pris d’assaut par l’Asie et la jeunesse, autant dire que les caisses ont besoin de nous autres, les séniors pour rester à flots.

Japonnais.JPG

Avant de rentrer à notre bergerie, nous avons repris nos vacances de Juillet là où elles étaient restées en rade, au pied d’un télésiège, Frédo attendant les secours !

Le Lac Pavin, le sanctuaire de Vassivière …

 Lac-Pavin.JPG

Des heures de balade avec une guibole au top pour Frédo et un feu d’artifice de couleurs automnales, après avoir constaté de visu que les gendarmes devaient sacrément avoir de la gadoue dans les yeux pour ne pas nous avoir repérées les attendant. Du parking, nous ne voyons que cette fameuse arrivée du télésiège où nous avions poireauté en plein soleil. Sur la photo c’est juste là où il y a la flèche !

Besse.png

Autre moment fort, nous avons testé une superbe hôtellerie de plein air.

Nous avons séjourné GRATOS aux portes d’Avallon dans un camping coté au moins 5 CARCASSES. Oui, vous avez bien lu, des carcasses, pas des étoiles !

Casse.JPG

La batterie du fourgon nous a plantées d’un coup, à Vézelay, en soirée. Le garagiste mandaté par l’assurance nous a donc offert le gîte dans sa casse, cool !

Enfin, avant de réintégrer nos pénates, nous avons découvert un lieu d’une grande Zénitude, le Temple aux Mille bouddhas, je vous en reparlerai !

1000-bouddhas.JPG

Et pendant tout ce voyage, l’âme de Jeannine n’a jamais été loin de nous, libre !

Do

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 19:55

Juste pour vous dire que cet après-midi

Jeannine nous a lâché la main,

Pour continuer son chemin dans la Lumière.

Ne soyez pas triste, elle est en Paix.

Frédérique et Dominique.

1913-2013.png 

 

 

“Les images de ceux que l’on aime

S’impriment dans nos mémoires

Et y laissent des formes

Qui se meuvent

Et qui vivent

Et qui parlent

Et qui restent

A jamais”

Plutarque

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 19:10
 
Voici une préparation sympa pour l’apéritif qui ne vous demandera pas beaucoup de temps. Il ne vous faudra que quelques tomates (petit format), des graines de sésame, du sucre.
Tomates.JPG
Lavez les tomates et disposez des graines de sésame dans une soucoupe.
Réalisez un caramel.
Disposez à portée de mains, tomates, sésame et caramel.
Plongez chaque tomate dans le caramel et immédiatement après dans le sésame.
Installez les dans un plat de service et mettez les quelques minutes au réfrigérateur avant de les servir. Vous pouvez vous amuser à leur coller yeux et bouche.
Bon appétit !
Do
 
 
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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 17:12

Sans doute vous êtes vous déjà demandé comment font certaines personnes pour tenir le coup face à des situations difficiles et peut-être avez-vous constaté qu’un beau jour, alors que tout s’arrange pour elles (c’est du moins notre ressenti personnel) au lieu de se sentir revivre, c’est la dégringolade !

Dans cette nouvelle, j’ai essayé de démonter quelques mécanismes de fonctionnement que nous pouvons tous avoir un jour et de mettre en scène comment, lorsque la situation perdure et est poussée à son paroxysme, ces mécanismes de sauvegarde deviennent notre identité. Identité qui nous colle à la peau et a généralement des répercussions sur notre entourage.

C’est en m’intéressant à la psycho généalogie que j’ai découvert les ravages que ces différents modes de fonctionnement opèrent au sein des familles et que l’on retrouve de génération en génération. Voici donc le fruit de mes cogitations.

 copyrightfrance-logo13

Quelle est la pile qui vous fait avancer ? Nouvelle

Depuis un petit moment Pascaline regardait avec attention le paysage qui se déployait au pied de la Résidence. L’intense luminosité lui blessait les yeux mais un petit détail avait accroché son regard. Les grands pins voisins masquaient en partie la petite route qui sinuaient au milieu des vignes aussi se démanchait-elle le cou pour tenter d’en apercevoir le seul tronçon partiellement dégagé.

Le ciel chauffé à blanc vibrait sous les stridulations des cigales la remplissant d’un bien-être qu’elle sentait renaître chaque été.

-« Mais enfin Pascaline, fermez moi cette fenêtre et branchez au moins votre ventilateur si vous ne voulez pas venir au salon ! »

Toute à sa surveillance, Pascaline n’avait pas entendu arriver l’aide-soignante qui régulièrement dans la journée venait leur proposer à boire.

-« Te-te-te, vous n’allez pas m’apprendre ce qui est bon pour moi ? J’ai besoin d’avoir chaud, je me sens revivre !!! »

Pressée d’en finir, Pascaline attrapa le verre de citronnade que lui tendait la jeune femme et regagna son poste d’observation. Trop tard ! Si ce qu’elle avait cru voir n’était pas un mirage, elle avait manqué l’opportunité de s’en assurer.

-« C’est malin ! je n’ai rien pu voir ! »

-« Voir quoi ? »

-« J’ai cru reconnaître quelqu’un ! »

-« Et bien, il faut qu’il soit fada pour se balader en plein cagnard ! »

-« Dans ce cas on sera deux, je sors. Je vais au jardin, sous les pins je serai bien ! »

Pascaline attrapa ses lunettes, son chapeau et sans attendre de quelconque commentaire quitta sa chambre.

Bien que fleurant les 90 printemps, d’un pas dansant elle gagna le rez de chaussée où un rapide inventaire des magazines lui permit de trouver de quoi s’évader.

Elle connaissait un petit coin sous les pins qui l’enchantait ; le vent dans les aiguilles la transportait des années en arrière quand jeune retraitée elle avait décidé de tout quitter pour venir s’établir dans le Sud. Elle avait largué les amarres médusant son environnement qui ne la voyait qu’en femme soumise. Soumise, elle l’avait été, à ses parents d’abord, à son époux ensuite puis à sa hiérarchie. Enfant elle avait cru qu’il était dans l’ordre normal des choses d’obéir, d’être sage. S’il lui arrivait d’envier la liberté de certaines de ses amies, la satisfaction de plaire aux siens, les compliments, faisait taire en elle ses quelques brefs moments de rébellion. Plaire était devenu « la pile qui la faisait avancer », elle s’effaçait pour répondre aux attentes des autres. Être sage se résumait à ne pas être !

La donne avait quelque peu changé lorsqu’elle était devenue mère. Si sa fille aînée s’était révélée l’enfant idéal, la seconde était née la rébellion chevillée au corps. Regardant sa cadette grandir, Pascaline se surprenait parfois à la trouver plus adulte qu’elle. Lorsque du haut de ses 9 ans, la petite lui demanda pourquoi elle ne divorçait pas comme la mère de sa copine, elle n’avait su quoi répondre. Pourquoi en effet acceptait-elle de se laisser traîter comme une « sous merde » comme lui disait une de ses collègues et amies.

La réponse était lumineuse de simplicité : c’était au-dessus de ses forces !

Devoir se justifier auprès de ses parents, entamer des tonnes de démarches, quitter sa maison, elle y avait investi beaucoup d’énergie, tout lui semblait insurmontable. Par ailleurs, elle pouvait compter sur ses copines, se savait écoutée et plainte quand la mesure était comble. Il y avait toujours une porte amie où aller frapper si nécessaire pour recharger ses batteries !

Ses filles avaient grandi, chacune suivant sa voie. L’aînée, Florence, n’était pas sans lui rappeler ce qu’elle était, placide, soucieuse de ne pas faire de vague. Elle aurait pu en être satisfaite, pourtant son attitude l’inquiétait alors que le côté « va-t’en guerre » de la petite, Aline, la stimulait. C’est à cause d’elle finalement qu’un beau jour, elle annonça qu’elle allait vivre sa nouvelle condition de retraitée dans le sud et seule !

Un cataclysme !

Son mari s’était effondré, toute la famille à son côté. Petit à petit leur pitié l’avait « ressuscité », il était devenu la victime, elle était son bourreau. Les rôles s’étaient inversés. Florence ne décolérait pas, seules Aline et sa petite famille l’avaient soutenue. Ils avaient prospectés avec elle, l’aidant à trouver sa nouvelle résidence.

Elle leur en avait ouvert grand les portes puis avec joie les avait vus s’installer dans le sud où ils y avaient fait souche. Si Pascaline se régalait à voir grandir la descendance de sa plus jeune fille, de l’aînée elle ne savait que ce que lui racontait Aline, autant dire assez peu de choses car les rencontres étaient rares. De ses 7 arrières petits-enfants elle ne connaissait que Tom et Marie qu’Aline assumait énormément. C’était sans aucun doute son choix mais Pascaline ne voyait pas d’un bon œil sa fille jouer les mères de substitution. Elle comprenait bien ce qui animait Aline. Veuve, encore jeune, elle avait une trouille bleue de la solitude qu’elle comblait en élevant ses petits-enfants, leurs parents étant toujours occupés de droite ou de gauche.

Pascaline s’était juste autorisée à lui faire remarquer que Tom et Marie feraient leur vie un jour sans regarder derrière eux, ce qui était non seulement normal mais souhaitable ! Ils ne pourraient remplir sa vie éternellement et si elle voulait ne pas trop souffrir il était important qu’elle pense à elle, vive pour elle ! Elle n’était pas certaine d’avoir été reçu 5 sur 5 mais au moins, elle avait dit ce qu’elle pensait.

Pascaline vivait maintenant depuis quelques mois à la résidence de la Forge où elle menait une vie un peu en marge des autres, ce qui était d’autant plus aisé qu’elle était à deux pas du village où elle avait vécu de si longues années. Elle y avait ses repères, de vieilles copines avec lesquelles elles sortaient parfois. Souvent en vadrouille, la routine de la Résidence lui pesant fréquemment, elle qui par le passé était taxée de femme soumise avait endossé le costume de rebelle au sein de la maison de retraite. Avec la complicité d’un vieil ami bricoleur, elle avait installé sur sa loggia, un petit coin dînette. Il lui avait bricolé un système de verrouillage « aux petits oignons » et personne n’avait encore découvert ce que contenait le petit meuble. Elle se mitonnait parfois des petits plats où régalait Tom et Marie de sucreries « maison ».

Elle prenait un réel plaisir à cultiver son côté marginal ; c’était là sa réponse pour arriver à s’adapter à son nouvel environnement. Louée enfant pour sa docilité, elle alimentait les ragots par son goût de la provocation.

Installée sous son pin, Pascaline était plongée dans la lecture d’un magazine quand elle entendit chuchoter à ses côtés.

Sans réel étonnement elle pivota pour découvrir la tignasse d’un blondinet émergeant d’un bouquet de tamaris. Elle n’avait donc pas eu la berlue tout à l’heure en apercevant une silhouette menue sur la petite route !

-« Elliot ?! D’où sors-tu ? »

-« Les parents m’ont déposé »

-« Ah bon ! Tiens !! »

La réponse du gamin la laissait perplexe, les propos d’Elliot avaient un petit parfum de mensonge. Néanmoins toute heureuse de cette visite inespérée, elle invita l’enfant à venir déjeuner avec elle. Après avoir demandé si elle pouvait mangé dans sa chambre et récupéré deux plateaux garnis en cuisine, ils s’installèrent pour une espartinette sur sa terrasse. Elliot regardait son arrière grand-mère s’affairer dans son coin dînette, tout en lui livrant sans s’en rendre compte le pourquoi de sa présence auprès d’elle. Pour son opération séduction, Pascaline était décidée à bien faire les choses n’hésitant pas à améliorer l’ordinaire avec du Nutella et du Coca. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et il y avait à coup sûr de « l’entourloupe » dans l’air !

 

L’an passé, Aline avait renoué avec sa plus jeune nièce, benjamine de Florence. Mère de 3 enfants, Angélique avait été séduite par le côté dynamique de sa tante, cette dernière prenant un grand plaisir à voir Tom et Marie cohabiter joyeusement sous un même toit avec des cousins qui venaient de leur tomber du ciel.

Pascaline espérait que côté retrouvailles, la famille n’en resterait pas là, pour tout dire elle espérait renouer avec Florence ! Sa fille, Angélique, n’avait en rien hérité du caractère de sa mère, elle s’était, aurait dit un psy, construite en totale opposition. Elle menait sa famille d’une main de maître. Rien ne lui échappait, elle avait un avis sur tout, se flattait de ce que ses enfants filaient doux.

Elliot notamment était d’un calme impressionnant mais il n’avait pas fallu longtemps au joyeux Tom pour le séduire.

Observant vivre sa nièce, Pascaline se demandait si un jour viendrait où, comme elle, Angélique se lasserait du rôle qu’elle avait endossé. La vie ne pouvait se résumer à ce combat perpétuel que menait Angélique en toute circonstance.

A la fin du repas, Pascaline attrapa Elliot aux épaules l’obligeant à lui faire face. Elle n’eut pas à insister longtemps pour découvrir que l’enfant avait filé à l’anglaise. Profitant d’une scène entre ses parents et après avoir proféré le plus gros mensonge de sa vie, il avait lancé à la cantonade que Tante Aline était venu le chercher pour retrouver Tom, et il s’était évaporé.

Avec ses mots d’enfants il lui expliqua qu’il en avait assez d’entendre ses parents se disputer. Sa mère se plaignait d’être seule pour tout faire mais elle refusait tout le temps d’être aidée, semblant savoir mieux que quiconque leurs goûts, leurs désirs. Elliot aimait la musique, il était inscrit au tennis. Ses sœurs rêvaient de poney, elles avaient chaussé les demi-pointes dont leur mère rêvait enfant.

Et puis, il y avait son père !

Effacé, laissant sa femme mener sa barque, il fuyait la maison se réfugiant dans sa voiture pour y passer de longs moments. Un copain de classe d’Elliot lui avait raconté avoir vu son père un dimanche midi manger tout seul un sandwich sur un parking. L’étrange découverte avait grandement perturbé l’enfant mais il en avait conclu que la solution à ses problèmes se trouvait dans la fuite …

Dans la tête de Pascaline les idées se bousculaient.

Cherchait-on Elliot ? Personne n’avait tenté de la joindre !

Devait-elle appeler Aline ?

Pouvait-elle trahir l’enfant ?

Après tout, Elliot lui avait dit avoir été déposé par ses parents, elle n’avait qu’à s’en tenir à cette vérité. C’est d’ailleurs ce qu’elle avait annoncé au personnel en présentant son invité !

Sa décision était prise, elle ne bougerait pas une oreille pour le moment.

A l’heure du goûter, personne ne s’étant manifesté, Elliot partagea celui des résidents sans que personne n’en soit surpris ! 

Pascaline attendit l’heure du dîner pour appeler sa fille et jouer les étonnées faisant mine de s’interroger sur la présence si tardive du jeune Elliot à ses côtés.

Une demi-heure plus tard, toute la famille débarquait à la Forge où Elliot paradait de table en table auprès d’un public de séniors conquis par sa spontanéité.

En quelques enjambées Angélique se porta vers l’enfant. Un peu en retrait, son mari, Aline et les autres enfants retenaient leur souffle. Prestement Elliot se rapprocha de Pascaline qui l’accueillit, le plaçant devant elle, les mains sur ses épaules. Il se sentait plus sûr de lui et c’est sans se démonter qu’il répondit à la question de sa mère : il en avait eu assez de les entendre crier alors il avait fait comme son père lorsqu’il les laissait le dimanche pour aller manger tout seul dans sa voiture : il était parti …

La stupeur figea Angélique une fraction de seconde puis, pivotant sur place, elle fit face à son mari. Sentant l’orage venir, Pascaline invita les enfants à gagner le jardin, chargeant Elliot d’y amener la troupe. Le garçon, ne se le fit pas répéter tant il lui paraissait incroyable d’échapper à la colère maternelle.

Pascaline invita ensuite les adultes à la suivre dans sa chambre où, par ailleurs, elle comptait bien ne pas s’incruster. La porte à peine refermée, Angélique explosa ; personne ne lui dicterait sa conduite et surtout pas celle qui avait détruit leur famille. Le regard furibond elle ajouta qu’elle avait le sens du devoir et savait où était ses responsabilités. Ce n’était pas sa faute si elle n’était entourée que d’incapables, avait-elle ajouté.

Sa tirade fit l’effet d’un détonateur sur mari. L’attrapant par le bras il l’obligea à s’asseoir pour l’écouter. Pascaline et sa fille se dirigèrent vers la porte, elles n’avaient pas l’intention d’assister à la scène qui s’annonçait ; récupérer les enfants, les rassurer au besoin était leur priorité.

 

Ce qui s’est dit, Pascaline ne l’a jamais vraiment su. Tout juste a-t-elle pu l’imaginer en regardant vivre ses arrières petits enfants les jours qui ont suivi la fugue d’Elliot puis en écoutant sa fille.

Depuis ce jour, Angélique peine à lâcher prise et si la survie du couple reste un point d’interrogation, Elliot et ses sœurs ont su tirer partie de la situation. Les tutus, la raquette sont d’ors et déjà remisés et leur père semble avoir à cœur de s’investir davantage auprès d’eux. Reste à savoir s’il saura ne pas en faire trop et arrivera à faire en sorte que lui et Angélique soient complémentaires !  

Pascaline se doute bien qu’elle ne reverra pas de sitôt sa petite fille, si elle la revoit, il y avait bien trop de haine dans ses propos. Elle lui a cependant écrit une lettre car elle n’arrive pas à porter seule la responsabilité de la faillite familiale. Elle aimerait tant arriver à lui faire comprendre que chacun doit vivre selon ses aspirations, que rien ni personne ne peut obliger un être humain à se voir imposer des vues incompatibles avec ce qu’il est. Les humiliations, les coups … pourquoi aurait-elle dû continuer à supporter ? Son seul crime est d’avoir trop attendu pour partir !

Reste à savoir si cette lettre aidera Angélique ?

Mais cela n’est plus vraiment son problème ; après tout elle a vécu si longtemps sans elle, si cela devait continuer, tant pis !

Do

Ps. Si le sujet vous intéresse voici un lien intéressant : http://www.corps-esprit.net/article-darpan-pourquoi-ne-puis-je-etre-pleinement-moi-meme-111714940.html

J’ai découvert ces vidéos tout à fait passionnantes.

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 16:38

    copyrightfrance-logo13

 

Un petit matin d’été, à l’ouverture du marché…

Mme Grossein

Bonjour, madame Poteau, on dirait qu’il va encore faire chaud, hein ?

Mme Poteau

Ah, bonjour, madame Grossein ! Oui ! Mais heureusement, ça ne va pas durer ; ils ont dit qu’il allait pleuvoir…

Mme Grossein

Hé bien, ça ne fera pas de mal ! C’est trop brutal, cette chaleur ; on n’a pas eu le temps de s’habituer. De toute façon, il nous faut de la pluie ; à la télé, hier, ils expliquaient que malgré le printemps pluvieux, les nappes phréatiques étaient à leur niveau le plus bas depuis des années !

P1010399.JPG

 

Mme Poteau

Oui, j’ai entendu ça, moi aussi. Et c’est pas le petit orage d’il ya trois jours qui a dû changer quelque chose…

Mme Grossein

Pensez donc, quatre gouttes ! Ce n’est pas assez ! Enfin, ceci dit, comme maintenant, dès qu’il pleut ça fait des catastrophes, ce n’est peut-être pas plus mal !

Mme Poteau

C’est sûr. J’espère en tout cas qu’il ne fera pas aussi chaud qu’hier. On est passé de l’hiver à l’été sans transition… Ah ça, on voit bien que tout est détraqué ! C’est pas étonnant, avec tout ce qu’on envoie dans l’atmosphère ! L’autre jour, ils ont montré des photos de l’espace tout autour de la Terre… Affolant ! Tout ça, ça va bien nous retomber dessus un de ces quatre ! Et en attendant, ça modifie le climat, évidemment. Ah, c’est pas réjouissant, tout ça !

Mme Grossein

En tous les cas, moi, ça y est : je me suis fait installer la climatisation. Et quand il fait trop chaud, je ne sors plus de chez moi ! C’est pour ça que je viens de bonne heure au marché, voyez-vous ?

Mme Poteau

Oui, dites-donc, c’est vrai que vous êtes bien matinale aujourd’hui !

Mme Grossein

Il faut dire qu’en plus, j’ai rendez-vous au médecin dans une demi-heure !

Mme Poteau

Ah bon ? Des problèmes de santé ?

Mme Grossein

Oh, pas vraiment… Mais vous savez, à nos âges, il y a forcément toujours un petit quelque chose qui ne va pas ! Une petite visite tous les mois, ça ne peut pas faire de mal pour conserver la santé !

Mme Poteau

Ah ça, et la santé, c’est notre bien le plus précieux… Tiens, au fait, vous êtes au courant pour madame Bourrel ?

Mme Grossein

Non, qu’est-ce qu’elle a fait ?

Mme Poteau

Elle n’a rien fait, la malheureuse, c’est son mari ! A ce qu’il parait, il aurait la maladie d’Almezer…

Mme Grossein

Ah, c’est terrible… Elle ne va pas pouvoir le garder chez elle longtemps. IL a quel âge ?

Mme Poteau

Je dirais plus de quatre vingt cinq ans…

Mme Grossein

J’espère qu’elle a les moyens de payer une maison de retraite ; elle va être obligée d’y penser.

Madame Poteau (baissant la voix)

Elle n’est pas à plaindre, vous savez… Elle a plusieurs maisons, des terres… C’est une famille qui a du bien. Enfin, pour l’instant, elle n’en est pas là.

Mme Grossein

Bon. Notez qu’il y a des aides, aujourd’hui pour ceux qui ne peuvent pas payer. C’est comme dans la vie active ! Ceux qui n’ont rien sont presque mieux lotis que les autres ! Ah, ah, ah !!!

Mme Poteau

Et puis ils ont peut-être anticipé ? Parce qu’il ya des assurances maintenant !

Mme Grossein

Pour… Almezer ?

Mme Poteau

Non, pour prévenir la dépendance… Moi, je dis qu’il faut y penser quand on est valide et encore jeune. Un accident est vite arrivé. On peut tomber, se faire renverser… Le fauteuil-roulant, ce n’est pas que pour les autres, hélas !

Mme Grossein

Hé oui ! Mais il n’y a pas que ça ! J’ai lu, dans le journal de ma mutuelle qu’on pouvait prendre une assurance pour le cancer !

Mme Poteau

Bien sûr ! Ma mutuelle, à moi propose un « pack » intéressant : cancer, maladie cardiaques, diabète, et puis je ne sais plus quoi d’autre encore. C’est très complet. Je me demande si je ne vais pas le prendre.

Mme Grossein

C’est vrai qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Mme Poteau

Absolument ! Mieux vaut être bien assuré. C’est comme le vol ; ça vous tombe dessus sans prévenir. Avec toute la racaille qui rôde, tous ces oisifs, ces assistés…

Mme Grossein

C’est vrai que ça fait peur. Il y a eu trois cambriolages dans ma rue en huit jours ! Je viens de prendre rendez-vous pour faire poser une alarme.

Mme Poteau

Une alarme, c’est bien joli, mais s’ils rentrent quand vous êtes dedans ? Vous avez vu, ces retraités qui se font agresser, séquestrer, « saucissonner », comme ils disent ? C’est presque tous les jours dans le journal ! Mon voisin a une carabine, mais moi je ne saurais pas me servir de cet engin-là. Je n’ai plus rien chez moi, j’ai pris un coffre à la banque. Mais ils ne sont pas censés le savoir ! Alors dès qu’il fait nuit, je me boucle chez moi… Et ça ne m’empêche pas d’avoir peur !

Mme Grossein

C’est pour ça que je suis bien contente d’avoir mon chien. Au moins, ça prévient.

Mme Poteau (se penchant pour caresser le petit chien de Mme Grossein)

Oui, et puis c’est une compagnie. C’est un garçon ou une fille ?

Mme Grossein

Une fille. J’ai toujours eu des chiens. Croyez-moi, ça vaut souvent mieux que bien des humains ! Il ne leur manque vraiment que la parole…

Mme Poteau

Je vous crois ! Mais j’en reviens au vol… Ma cousine, qui habite la ville voisine, a été cambriolée l’année dernière. Hé bien son chien ne lui a servi à rien, figurez-vous : ils ont envoyé des gaz pour endormir tout le monde et après, ils ont fait leurs petites affaires tranquillement. Ni vu ni connu.

Mme Grossein, opinant du chef

Il faut dire qu’il y a tellement de gens qui n’ont rien à faire… Tout ça, ça tourne en rond, ça rôde, ça cherche de l’argent facile … C’est terrible, on n’est plus en sécurité nulle-part !

Mme Poteau

En tous les cas, on ne peut pas dire que le changement de gouvernement ait amélioré les choses ! Au début, on se disait qu’il fallait leur laisser le temps, mais ça fait deux ans, maintenant… Et rien ne change. Toujours autant de parasites, de pique-assiettes… Et ce sont toujours les mêmes qui se font plumer !

Mme Grossein

Hé oui, on peut dire que gauche ou droite, tout ça c’est du pareil au même !

Mme Poteau

En tous les cas, on sait pour qui voter, maintenant.

Mme Grossein

Ha bon ? Vous savez, vous ?

Mme Poteau

Oui, bien sûr ! Pour ceux qu’on n’a jamais essayés. Ils ont des solutions, eux, et à mon avis, ils n’hésiteront pas à les appliquer.

Madame Grossein (chuchotant avec prudence)

Vous voulez dire le « FN » ?... Je ne sais pas… Moi, ça me fait un peu peur, quand-même…

Mme Poteau

Mais non, ça n’a plus rien à voir avec le passé, les nazis, tout ça… Ils ont changé ! C’est un parti comme les autres, maintenant ! Ecoutez la Marine, la prochaine fois ; vous verrez, ce qu’elle dit est très censé !

Mme Grossein, dubitative…

Quand-même…

Mme Poteau

La France a besoin d’un grand ménage ! Et eux, ils le feront. Il y a trop d’étrangers chez nous. Un point c’est tout.

Mme Grossein

Vous avez peut-être raison…

Mme Poteau

C’est certain ! Et ça me fait penser… Vous êtes allée à la réunion de la mairie au sujet des logements sociaux ?

Mme Grossein

Non, je n’ai pas eu le temps. Alors ? Qu’est-ce qui s’est dit ?

Mme Poteau

Mais c’est qu’ils ont l’air d’y tenir ! Vous vous rendez-compte ? Ça va nous amener des gitans et des arabes tout ça ! Les gens n’étaient pas contents. Je crois qu’il y a une pétition qui circule, d’ailleurs. Je vais me renseigner ; j’aimerais bien la signer.

Mme Grossein

Vous me tiendrez au courant ? Je signerai aussi. Et ça se ferait où, exactement ?

Mme Poteau

Dans le secteur est du village ; derrière la scierie. Vous voyez, cette grande friche ? C’était des vignes, avant…

Mme Grossein, effrayée

Ah ! Mais c’est juste derrière chez moi, ça ! Mais pourquoi ils ne font pas ça de l’autre côté ? En allant vers la zone commerciale ? Ce serait bien plus logique !

Mme Poteau

Impossible, il parait que c’est inondable.

Mme Grossein, haussant les épaules

Oh, ben écoutez, hein…

Mme poteau, se penchant vers Mme Grossein en lui tapotant le bras avec connivence

C’est exactement ce que je pense…

 

Un blanc dans la conversation… Madame Grossein et madame Poteau se promènent dans les étals en adressant des petits saluts à leurs connaissances…

Mme Grossein

Ah, au fait… Vous avez vu madame Courtecuisse ces temps-ci ?

Mme Poteau

Non, elle est partie garder ses petits-enfants à Marseille… Sa fille s’est fait plaquer par son mari. Trois enfants, vous vous rendez-compte ?

Mme Grossein

De nos jours, plus personne ne sait assumer ses responsabilités. Divorcer est devenu trop facile ! A notre époque, l’engagement du mariage, c’était sacré ! On savait composer avec les difficultés !

Mme Poteau

Remarquez, madame Courtecuisse, ça ne doit pas la changer beaucoup. Sa fille a toujours eu recours à elle comme garde d’enfant. C’est pas facile pour les jeunes aujourd’hui. Travailler et avoir des enfants en même temps… Ça revient cher de les faire garder !

Mme Grossein

Hé oui, la vie change. De notre temps, on restait à la maison et on s’occupait des enfants. Mais maintenant, les femmes veulent travailler… Que voulez-vous ? On ne peut pas tout avoir !

Mme Poteau, un ton plus bas

En plus, cette pauvre femme… Madame Courtecuisse… Hé bien, il parait que son fils s’est mis en ménage… avec un homme.

Mme Grossein

Hé ben dites-donc ! Et quand je pense qu’ils ont fait passer leur loi et qu’ils vont pouvoir se marier ! C’est un scandale, non ?

Mme Poteau

Et le pire, c’est qu’ils vont pouvoir adopter des enfants !

Mme Grossein

Pfff ! Mais pas besoin d’adopter ! Ils vont se faire faire des gosses par des mères porteuses ! Avec un peu d’argent, tout est facile ! Et quand je pense qu’il y a des femmes qui louent leur ventre pour… Oh ! Le monde devient fou !

Encore quelques pas… Une femme passe… Elles se saluent avec de grands sourires… La femme s’éloigne et elles la suivent des yeux un moment.

Mme Poteau, se penchant à l’oreille de Mme Grossein

Cette pauvre « Chinetoque »… Elle ne se voit pas vieillir ! A-t-on idée de s’habiller comme ça à son âge ?

Mme Grossein, secoue la tête d’un air désapprobateur

J’ai entendu dire qu’elle fricotait avec le patron du restaurant « Le carrefour »…

Mme Poteau

Non ! Oh !... Notez que j’aime mieux pour elle que pour moi ! Il n’a rien de bien ragoûtant !!!

Elles étouffent quelques éclats de rire, avant de reprendre leur déambulation au milieu des étals.

Mme Poteau

C’est pas donné tout ça, vous ne trouvez pas ?

Mme Grossein

C’est le moins qu’on puisse dire ! Et ce n’est pas la qualité d’antan. L’autre jour, j’ai acheté des pêches ; j’aurais pus assommer un cheval avec !... De temps en temps, j’achète quelques produits là bas… Elle fait du bio.

Mme Poteau, l’air dubitatif

Oh non, pas moi. Du bio, du bio… Qu’est-ce qui nous prouve que ça l’est vraiment ? Et ils en profitent pour nous le vendre plus cher. Non, non, pas de bio pour moi. C’est du snobisme, tout ça.

Mme Grossein

Elle a de bons produits, quand-même…

Mme Poteau, le front têtu

Oui, ben, moi, j’attendrai qu’elle fasse des prix abordables. Je ne vois le marchand de tissu… Je voulais en acheter pour me faire une « cantinière » pour mes rideaux…

Mme Grossein, consultant brusquement sa montre :

Ah oui… Non, il n’est pas venu, ce matin. Oh mais dites-donc, je vais rater mon rendez-vous, moi ! Je vous laisse, le temps d’y aller…

Mme Poteau

Ne courrez pas ! Avec nos trottoirs tout défoncés, vous auriez vite fait de tomber… Allez, bonne journée, Mme Grossein !

Mme Grossein

Bonne journée aussi à vous !... Ah ! Vivement qu’elle arrive, cette pluie !

 

***

 

* Pour ceux qui l’ignore encore (on ne sait jamais) : RLP = Radio Langue de Pute

 

Mme Poteau et Mme Grossein ont existé… Mme Courtecuisse et La « Chinetoque » aussi. Je ne sais pas si elles auraient tenu ce discours, je ne sais pas ce qu’elles pensaient de la vie, de la gauche, de la droite, des émigrés… et je leur demande pardon, même si elles ne sont plus de ce monde pour les propos que je leur ai fait tenir. Je ne sais qu’une chose : leurs noms ont enchanté mon enfance. Ils me sont revenus comme une évidence pour ce petit dialogue imaginé à partir de bribes entendues à gauche et à droite, sur le marché ou ailleurs… Et vive la France !

Frédo

 

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 19:25

Encore et toujours en lien avec notre dernier séjour, voici de quoi alimenter une réflexion constructive sur notre futur.

Nous faisons halte fréquemment dans des campings pour la simple raison que les conditions de stationnement sont souvent beaucoup plus agréables que sur les aires dédiées aux camping-cars où l’on est au touche-touche.

En plus à cette époque de l’année, les aires sont saturées alors que les campings sont désertés.

Pour notre dernier soir avant de réintégrer la Bergerie, nous avons donc fait halte dans un super camping doté d’un espace aquatique GRANDIOSE.

espace-aquatique.jpg

Frédo étant au volant, je me suis présentée à l’accueil pour régler les frais de séjour.

Invitée à faire le tour du camp pour choisir notre emplacement avant de revenir payer, comme à notre habitude, j’ai recherché le site adéquat : plat (presque), à l’écart de la foule (si possible). 2 possibilités s’offrant à moi, j’ai opté pour l’emplacement situé avant la barrière afin d’éviter de laisser une caution pour le badge qui permet d’aller et venir à sa guise.

Après avoir réglé en espèces, il m’a été demandé de laisser mon empreinte de Carte de crédit !

N’ayant pas besoin de badge, j’ai interrogé l’hôtesse d’accueil qui m’a expliqué que cela concernait les « bracelets d’identification » que chaque résident devait porter !

OK ! Cela se pratique (parfois) pour éviter que des « étrangers » viennent indûment profiter de la piscine et autre service.

J’ai donc laissé l’empreinte demandée en veillant à ce que le numéro du cryptogramme ne soit en aucun cas lu et tendu la main pour récupérer les bracelets. Et HOP !

La nana m’a attrapé le poignet pour me mettre le bracelet ; un bracelet à usage unique qui se clipse par pression et ne peut plus être retiré. La pub annonce que cela permet d’éviter que les campeurs ne se le repassent. Etant somme toute capable d’accomplir ce geste, j’ai voulu récupérer mon bras. NIET.

cartouche_holographique_sans_marquage.jpg

C’était à elle de le faire et non à moi et pour contrôler que nous les portions bien, il m’a été demandé d’aller chercher Frédo.

Incrédule, je l’ai assurée de mon haut niveau de compétence pour mener à bien cette tâche délicate. Bien que se la pétant en grand, elle a quand même saisi l’humour grinçant de ma remarque et tenté de se justifier en se cachant derrière le règlement.

L’échange s’est poursuivi un moment pendant qu’au guichet voisin un couple docile me regardait d’un air désapprobateur. Ce que cet étiquetage avait de scandaleux, semblait leur passer très au-dessus de la casquette, que portait le monsieur.

-« Cela semble vous déranger ?! » m’a dit alors l’hôtesse d’accueil.

-« Pour tout dire, je trouve cela concentrationnaire. Pourquoi pas des « ear tags » comme pour les vaches ! » lui ai-je répondu.

A son air, pas de doute j’étais une emmerdeuse, alors histoire d’en rajouter je lui ai fait remarquer que j’attendais toujours ma facture.

-« Ha, il vous en faut une ?! »

-« Bien sûr ! Et puis si vous n’avez pas confiance, moi non plus ! d’autant que je vous ai réglé en espèces et que cela ne laisse pas de trace !

 

Nous avons donc intégré le camping et noté immédiatement les regards inquisiteurs sur les poignets des résidents au hasard de nos premiers déplacements dans le camping. En vacances et formatés pour jouer les garde-chiourmes, repérer les indésirables et pourquoi pas « balancer » !

Alors nous souvenant de l'enseigne d'un restau qui nous avait bien plus, il y a quelques années à Rochefort en Terre : « Se soumettre, c’est se renier », on a coupé nos bracelets !

Peut-être allez-vous penser que je brasse de l’air pour pas grand-chose ?

Outre que cette anecdote a réveillé de mauvais souvenirs, m’a renvoyé à une période noire où les gens étaient parqués et traités pire que des bêtes, j’ai pris pleinement conscience des dérives de ce tout sécuritaire qui s’installe insidieusement, mais aussi parce que nous lui en donnons la possibilité en laissant les médias distiller la peur en nous.

Peur de l’autre principalement.

Même si vous trouvez la comparaison exagérée, cette affaire de bracelet m’a fait penser à ces puces électroniques que certains américains, indiens etc. se font implanter sous la peau et qui contiennent toutes les informations touchant à leur identité. Un fichage consenti qui ouvre la porte à toutes les dérives possibles.

Et comme un fait exprès, pour me donner raison, je viens de tomber sur un article relatant la prouesse technologique de japonais. Ils viennent de fabriquer une puce 5 fois plus fine que le film alimentaire, infroissable, indéchirable et qu’ils envisagent de greffer sur la peau, pour fournir toutes les données vitales de celui à qui on l’aura implantée. Et le journaliste de qualifier cette découverte comme une avancée médicale majeure !!!

Avant de râler contre les fichiers de police et autres renseignements nous concernant, collectés et stockés à notre insu, il serait peut-être temps d’anticiper et de savoir se protéger de toutes ses avancées dont le but est soi-disant de nous protéger mais qui à plus ou moins court terme restreindront notre liberté !

Pour avoir une idée un peu plus précise de ce que j’avance ici, cliquez sur le lien suivant : http://zone-7.net/v3/conspirations-sans-theories/la-puce-sous-cutanee-pour-humains

Do

 

 

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 15:22

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Jules a vingt huit ans et une belle réussite à son actif. Un beau parcours, en vérité…

Ses parents ont toujours eu une beaucoup d’ambition pour lui et ont su lui donner le meilleur. Après la crèche, il est entré à l’école maternelle à l’âge de deux ans et demi, bénéficiant ensuite d’un passage anticipé au cours préparatoire ; puis il a fait un parcours sans faute jusqu’à son bac, obtenu à l’âge de dix sept ans, avec mention « très bien », s’il vous plaît. Comme ses parents travaillaient tous les deux, il a toujours fréquenté la cantine, les garderies et les centres de loisirs, sans parler des colonies de vacances, une fois par an, ce qui lui a permis de découvrir la France, côté mer ou côté montagne, selon ce que ses parents décidaient pour sa santé. La collectivité, Jules en a fait le tour ! Au début, il avait du mal à supporter les autres, il s’en souvient parfaitement. Tout l’agressait… Le bruit, le mouvement incessant, l’impossibilité de s’isoler, de vivre à son rythme, l’obligation de toujours suivre la masse, quelque soit ses propres aspirations. Dix heures par jour, cinquante heures par semaine… Plus que ses parents ! Il attendait avec impatience le retour chez lui pour souffler un peu, se retrouver lui-même et profiter de ses jeux sans qu’aucun autre enfant ne vienne empiéter sur son territoire. Mais ces moments de répit étaient rares.

Enfant unique, ses parents avaient à cœur de l’inscrire à toutes sortes d’activités extrascolaires sportives ou musicales ; c’était indispensable selon eux pour que leur fils s’épanouisse et apprenne à mieux se connaître. Sans parler des rendez-vous réguliers avec les différents membres du corps médical pour veiller à le maintenir dans une bonne forme physique : orthophoniste, ophtalmo, orthodontiste… Non, Jules n’étaient pas souvent chez lui. Ses parents non plus, d’ailleurs.

Alors qu’il fréquentait l’école élémentaire, Jules avait un emploi du temps de ministre : cours de piano, -il avait voulu étudier la batterie, mais ses parents lui avaient opposé un véto catégorique: trop bruyant-, et entraînement régulier de football. Son père avait beaucoup insisté pour qu’il pratique un sport collectif. L’esprit d’équipe, c’est important dans la vie professionnelle.

Jules avait des petits talents, figurez-vous… Une bonne oreille et un sacré coup de crayon ! Il avait eu envie de s’inscrire à des ateliers d’arts plastiques ; mais ses parents avaient jugé qu’il ne fallait pas non plus trop en faire.

La musique, ça marchait bien ; Jules aimait vraiment cela et il était doué. Satisfait, son professeur l’inscrivit rapidement à des concours. C’était dans la logique des choses mais cela ne lui plaisait pas beaucoup. Par ailleurs, il y avait les matchs de foot, le mercredi ou le week-end…  Jules aurait vraiment aimé qu’on lui fiche la paix de temps en temps. Mais pas question de se reposer sur ses lauriers : les vacances en famille étaient consacrées à la découverte de l’histoire « in situ », châteaux, musées, sites archéologiques, curiosités géologiques, et on n’oubliait jamais les cahiers de vacances.

Jules était un élève brillant. Savant, même. Il savait beaucoup de choses, et même parfois trop ! Ses professeurs lui demandaient souvent de se taire : il fallait laisser les petits copains répondre de temps en temps, quand-même.  Evidemment, bien souvent, Jules se sentait frustré, d’autant que les autres enfants avaient eu vite fait de le prendre en grippe. Jules Kisaitou, on l’appelait. Ça l’agaçait prodigieusement. Mais cela ne le touchait pas trop car la plupart étaient des ânes, des cancres. Il n’avait pas vraiment de copain, mais il s’en fichait ; aucun autre enfant ne valait qu’on s’intéresse à lui de toute façon. Dès la seconde année d’élémentaire, il l’avait compris : il fallait qu’il soit le meilleur. La collectivité, ça servait à ça : apprendre à se détacher du lot et à écraser les autres.

Au collège, ses parents décidèrent de lui faire abandonner la musique. Les choses devenaient sérieuses ; il fallait se consacrer aux études. Par contre, ils décidèrent de lui maintenir une activité sportive, acceptant de changer le foot pour du tennis, Jules ayant des difficultés avec les sports violents.

Jules était devenu le meilleur et faisait la fierté de ses parents qui visait pour lui les plus hautes sphères de l’Etat. Les colonies de vacances avaient été remplacées par les séjours linguistiques, en Angleterre, aux Etats-Unis… Dès la fin du collège, on lui demanda ce qu’il envisageait pour son avenir. Avec ses résultats scolaires, s’il continuait comme ça, il pourrait intégrer une Grande Ecole, faire partie des élites de la Nation. Jules se voyait déjà ministre, et même président de la République, pourquoi pas ? Mais surtout, il espérait gagner beaucoup d’argent, avoir une grande maison, et même plusieurs, une en ville, une au bord de la mer, avec une piscine… Il conduirait une voiture de sport ; il pourrait même se payer un bateau. C’est cela, qu’il voulait, Jules : gagner un maximum d’argent pour pouvoir se payer toutes ses envies.

Jules était entré en « prépa » à 17 ans, seul mineur de sa promotion. Difficile. Les conditions d’hébergement des pensionnaires étaient plus que spartiates : chambres insalubres et mal éclairées, literie sale et inconfortable, nourriture pire qu’en régime hospitalier, sanitaires douteux. Le premier jour, ses parents avaient déjà dû lui acheter en catastrophe un matelas digne de ce nom, des draps, un oreiller et un duvet de camping, sans oublier une lampe correcte pour pouvoir étudier et une étagère pour ranger ses livres. Les professeurs avaient des exigences infernales : celui de français imposait à tous d’écrire à l’encre bleue exclusivement ; celui de mathématiques voulait que les élèves arrivent vingt minutes avant l’heure du cours pour être sûr de commencer à l’heure précise. Aucune fantaisie n’était admise dans l’achat des fournitures : lorsqu’une référence de livre était donnée, avec un format précis et une année d’édition, c’est celui-là qu’il fallait trouver et pas un autre. Tous les élèves devaient avoir le même livre. Et c’était la même chose pour tout. La vie était monacale, pour ne pas dire militaire.

Mais Jules était déterminé à réussir. Il était là pour travailler, de toute façon, et il ne faisait plus que cela. Plus rien d’autre ne comptait : ni musique, ni sport désormais, ni la moindre activité artistique ne venait égayer ses journées consacrées à l’étude. Il était sérieux, ne se mêlait jamais aux fêtes régulièrement organisées par ses copains de promo pour décompresser, orgies, beuveries, coucheries ; ça n’était pas son truc et ses parents l’avaient mis en garde contre ces dangereuses dérives. Les filles, il les regardait de loin ; il avait le temps d’y penser. Les études avant tout.  Il passait les week-ends et les vacances chez lui sans mettre le nez dehors. Il étudiait nuit et jour, soutenu par un savant cocktail de vitamines et de compléments alimentaires. Il était pâle à faire peur, mais il était toujours le meilleur !

Jules est devenu une bête à concours… Il a tout enchaîné, remporté tous les lauriers. Bardé de diplômes, il regarde vers l’avenir avec confiance. A vingt-huit ans, il vient d’obtenir un premier poste et il ose à peine dire à ses parents combien il va gagner ! Il va pouvoir se payer tout ce dont il a rêvé, d’autant qu’il aura le temps de mettre de l’argent de côté s’il doit travailler quarante cinq annuités !!!

Depuis deux ans, il fréquente une jeune fille, Juliette. Elle est brillante, elle aussi. A présent, ils ont envie de se marier, d’avoir des enfants.

Oui, Jules a réussi.

Quelques mois plus tard…

Jules et Juliette sont comblés ; un heureux évènement se profile à l’horizon. Juliette plaisante :

- C’est bien, il va naître en janvier… On pourra lui faire faire un passage anticipé…

Le cœur de Jules se serre. En un éclair, il s’est revu enfant, perdu dans la cour de l’école primaire, étranger aux ébats joyeux des autres enfants. Il déglutit péniblement. Sa salive a un goût amer tout à coup. Un passage anticipé et un tiers de sa vie à étudier ?

Mais c’est quoi, cette vie ?

Fredo

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