LA MALEDICTION D’EDGAR
Marc DUGAIN
(Ed. Gallimard, Paris, 2005)
Le roman est présenté comme étant les mémoires de Clyde Tolson, numéro 2 du FBI et amant de J. Edgar Hoover, lequel dirigea le FBI durant 48 ans. Dans le prologue Marc Dugain laisse habilement supposer qu’il s’agit d’un faux, un manuscrit acheté sans en avoir lu une ligne.
A la tête de l'agence fédérale américaine, ces deux là ont mis l'Amérique sur écoute durant les mandats de huit présidents, de 1924 à 1972. Extrêmement bien documenté, nourri d’archives inédites, le roman de Marc Dugain nous propose une immersion dans l’univers de ces deux hommes odieux et cyniques qui ont écouté, couvert, manipulé, en fonction de leurs propres intérêts (et d’un anticommunisme viscéral), d’autres hommes censés servir l’Amérique. Le roman est ainsi une formidable histoire contemporaine des Etats Unis. La famille Kennedy (de Joseph le père à John et Robert les fils assassinés) étant, de fait, la partie la plus en vue. Le livre réserve quelques révélations qui cassent le mythe Kennedy.
Quelle était cette « malédiction » d’Edgar se demande t-on au final ? : lui, chef du FBI, « garant du puritanisme et de la moralité américaine » était homosexuel et homophobe.
P.S. En 2013, Marc Dugain a réalisé un film de son propre livre (même titre) avec Brian Cox dans le rôle de J. Edgar Hoover. Ce film est, lui, essentiellement centré sur Hoover et les Kennedy, sur la présidence et l’assassinat de JFK. « J'avais une profonde aversion pour les Kennedy. Je considérais comme une imposture le décalage entre l'image qu'ils renvoyaient et la réalité. Depuis mes premiers jours au FBI, j'avais croisé de sacrés vicieux. Mais rien en comparaison de cette tribu irlandaise... » (Clyde Tolson)