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28 octobre 2024 1 28 /10 /octobre /2024 18:43

                            Renaissance


Ce matin quelque chose de neuf vibre dans l'air.
Je regarde par la fenêtre et je vois, ce que je n'avais encore jamais vu. Tout a changé et pourtant je sais bien qu'il n'en est rien.
Doucement je pivote et sans me presser je gagne l'étage.
Par où commencer ?
Aller à l'essentiel dans un premier temps.

J'attrape un de mes vieux sacs à dos puis méthodiquement je dépose sur le lit mes cahiers de gratitude, mes vieux agendas, le disque dur où je compile depuis des années tous ces documents qui témoignent mieux qu'un long discours du chemin accompli pour me découvrir, celui où sont stockés photos et films. Après avoir évalué la stratégie adéquate le remplissage commence. Au prix d'un dernier petit effort, j'arrive même à y loger le gros classeur où depuis dix ans je range toutes les notes prises lors d'interrogations au pendule.
Assise sur le lit je laisse un instant mon regard errer puis, déterminée, c'est au tour du contenu de l'argentier de passer au crible. Il y a quelque temps encore cela m'aurait demandé un incroyable effort d'opérer un tri parmi toutes mes « petites choses ». Là, plus question de s'encombrer avec les vieilles loyautés familiales et amicales, Pierrot ne sera pas du voyage, ni les vieux appareils photos. Un peu plus tard peut-être, aujourd'hui j'ai court-circuité le mental. Rapidement mon vieux cartable en cuir affiche complet.

Reste le plus délicat, le contenu de l'armoire !
Aucun tri à opérer, tout suit, reste à me concilier les faveurs de la belle Delsey rouge. Elle n'aura pas trop de soufflets pour tout avaler. Silencieusement je persévère dans mon entreprise, rien ne semble devoir me troubler, pas même la sonnerie de mon téléphone. Pour la troisième fois, en moins d'un quart d'heure, elle retentit quelque part au rez de chaussée.
Pas de message, sans doute rien d'important, à moins que ce soit ma voisine à la recherche d'un chauffeur !
Tant pis !
Ce ne sera pas moi !
De toute façon elle va devoir se trouver quelqu'un d'autre.

Depuis mon lever les choses ont considérablement avancé. La Delsey, le sac à dos, le vieux cartable ont trouvé leur place à l'arrière du Berlingo en compagnie de quelques cartons dans lesquels j'ai remisé livres, CD et DVD favoris.
Sur le coup de 14h, foudroyée par la faim, j'avale sur le pouce quatre fruits, un sandwich au fromage et deux carreaux de chocolat. Je n'ai plus de temps à perdre. Je suis une ado attardée qui s'apprête à fuguer. J'ai juste un peu plus d'expérience qu'elle et je ne perds pas de vue le côté matériel de l'entreprise.
Et puis je sais où je vais.
Je retourne chez moi.
Définitivement.
Il y a si longtemps que j'en suis partie.
Rien à voir avec un coup de tête, plutôt une prise de conscience après une longue maturation ! J'ai enfin cessé de faire la sourde oreille, j'ai entendu ce que mon corps me disait, me criait avec insistance. Il m'en a fallu du temps pour comprendre, vingt, trente ans ?
Mais la Vie veillait.

Lorsqu'une amie m'a parlé de "son" acupunctrice, n'ayant plus rien à perdre, complètement démoralisée par une expérience dévastatrice auprès d'un psychothérapeute, je me suis lancée.
Préparée à devoir attendre un bon moment avant de pouvoir la rencontrer, un désistement inespéré m'a réconfortée. Comment ne pas en déduire que c'était le cadeau que la vie m'adressait.
Deux jours après je me retrouvais auprès d'une petite bonne femme joviale qui m'invitait à m'asseoir à ses côtés sur un canapé douillet. D'un coup la tension qui m'habitait est tombée et avec gratitude j'ai accepté et vidé le verre d'eau qu'elle me proposait. Une conversation informelle, en apparence, s'est engagée, rien de médical. Ce que j'aimais, mes dernières lectures, les souvenirs agréables qui coloraient ma vie. Puis sans transition elle m'a demandé de lui prêter mon poignet droit ... et là je suis restée complètement baba. On se serait cru dans une réplique du Malade Imaginaire ... "Le foie vous dis-je". Et oui depuis des années, j'ai mal au foie ! Je digère mal, j'ai des crampes au niveau du diaphragme, des douleurs sourdes, piquantes ou fulgurantes. Pourtant, pour le corps médical, je n'ai rien !
De grave !
Mais cela me pourrit la vie !
Allez au restaurant, être invitée, voyager, tout ce qui met du piment dans la vie m'est un supplice. Je crains toujours de faire le mauvais choix, d'être un fardeau pour les autres qui d'ailleurs ne ménagent pas les petites piques désagréables.

Petit à petit, alors que je ne lui avais rien dit de ce qui m'amenait à la consulter, la thérapeute a dressé le tableau de tout ce qui me gâche la vie en plus de mes problèmes digestifs. Des tendons défaillants, une difficulté récurrente à savoir ce que je veux, à décider et donc le sentiment de toujours m'effacer devant les autres. La consultation a pris un tour plus en accord avec ce que j'imaginais et je me suis retrouvée en petite tenue sur la table de soin. Au terme d'un second examen minutieux, la séance d'acupuncture a démarré.
Je commençais juste à me détendre quand une décharge électrique m'a vrillé un nerf au niveau du gros orteil, une onde de feu a remonté le long de la jambe, passé l'aine et dans la seconde qui suivait au niveau du creux épigastrique un infâme glouglou a retenti. On aurait dit un évier qui se débouche !
Ma "tortionnaire" a émis un "ah" jubilatoire avant de m'expliquer que mon corps venait de s'exprimer et confirmer ainsi son diagnostic.
Aucune pathologie grave en effet, juste une vieille colère que ma vésicule biliaire ne pouvait plus gérer d'où tous les désordres déplorés qui, le temps passant, s'amplifiaient. Mon corps mettait les points sur les i, en vain. Je suis restée à méditer ce constat pendant qu'elle se livrait au niveau du crâne à un massage divin qui a bien failli m'emporter dans les bras de Morphée.
En Colère !
Moi ?
Comment le nier ?

En colère de ne pas vivre ce que je voudrais vivre, de ne pas savoir imposer mes goûts et points de vue, de faire toujours le choix du raisonnable, de vivre là où je n'ai pas choisi !
Oui il y a en moi de la rancœur, de la rancune, des regrets qui nourrissent une aigreur dont jusqu'à cet instant je n'avais pas pris conscience. Je me croyais sage, raisonnable. Une part de moi l'était sans doute !
L'abcès a crevé d'un coup, un flot de larmes a jailli, des borborygmes inintelligibles l'accompagnaient. Madeline Romesco m'a laissée sangloter puis m'a tendu une boîte de mouchoirs, un nouveau verre d'eau bienvenu et m'a expliqué ce que mon corps tentait vainement de me dire, à sa manière. Il est évident qu'une part de moi savait déjà tout cela mais que jamais je ne me serais autorisée à l'exprimer et encore moins à passer à l'action.
J'ai compris à cet instant que mon tourisme médical, une quête qui ne disait pas son nom, n'avait qu'un but. J'attendais qu'un médecin me révèle aussi clairement que Madeline et ses aiguilles qu'il était temps de me réveiller et de me donner les moyens de vivre ma vie.

Aujourd'hui je suis sortie de la colère car je sais que je me suis incarnée pour faire l'expérience de cette vie et que toute expérience comporte un grand nombre d'étapes. Comme le chercheur confronté à un échec considère le déroulé de son expérience point par point, analyse les causes de son insuccès et modifie les paramètres pour reprendre ensuite le cours des choses, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, j'ai reconsidéré ce que fut ma vie jusqu'à ce jour.
Je n'ai pas eu longtemps à chercher, je n'ai même pas eu à prendre beaucoup de recul pour analyser chaque difficulté rencontrée et comprendre ce qui était à modifier.
Voilà pourquoi je rentre chez moi !

Je suis une fille du Sud et si je vis depuis des années sur la côte atlantique, ce n'est pas par goût. Ce fut par Amour, par habitude ensuite, puis pour ne pas faire de peine, pour rester utile aux miens. La Lassitude a été ma geôlière.
Impossible de faire entendre à ma famille que mon Midi me manquait. Je crevais de peine à chaque fin de vacances lorsque nous reprenions l'Autoroute des Deux Mers. Aujourd'hui, la messe est dite. Je ne les abandonne pas, je me choisis. Je retournerai auprès d'eux pour le plaisir mais ma vie n'est plus à leur côté.
Dans un premier temps je m'offre le rêve de ma vie, un joli bungalow qui par la suite pourra les accueillir le temps de leurs vacances même si leur venue n'est pas pour demain. Mon départ déplaît, je suis en quelque sorte punie de vouloir vivre ma vie, mais peu importe.
J'ai déjà une foule de projets dont certains sont en passe de concrétisation, des portes s'ouvrent comme pas magie.
Aide toi, le Ciel t'aidera ! C'est ma réalité, la vie m'a offert sur un plateau l'occasion de passer à l'action.
Le mobilier que je souhaite conserver va partir au garde-meubles, les enfants choisiront parmi ce que je laisse. Ce qui n'aura pas trouvé preneur sera donné, la maison vendue !

Je renais au soleil de mon midi, rien n'est impossible quand on s'aime !
S'aimer !
Cela n'a rien d'égoïste, cela est même ce que l'on peut offrir de meilleur aux autres, à l'Univers !

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