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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 19:54

De Deva à Viveiro

Cette nuit a été bien arrosée et c’est sous une pluie « fifine » que nous quittons Deva pour poursuivre notre progression vers l’ouest. Evitant les grandes villes, nous rattrapons l’autovia et contournons Gijon ( prononcez « rironne » !) en direction de la Corogne. Chemin faisant, nous quittons la Cantabrie ; nous voici dans les Asturies.

Première halte à Cudiliero. Coup de foudre !

Par chance, la pluie s’est arrêtée mais le temps reste gris : ambiance parfaite pour découvrir ces lieux bourrés d’atmosphère ! Nous sommes arrivées directement sur le port et avons facilement trouvé une place pour nous garer. Heureusement que nous avons raté la route qui arrive directement dans le village ; le hasard fait bien les choses car nous aurions eu quelques difficultés à le traverser. Tout est bien.

Notre découverte va nous mener bien au dessus de ce joli village de pêcheurs dont les maisons colorées s’accrochent aux deux versants de la vallée. Du point le plus haut où nous sommes arrivées en enfilant ruelles et venelles pittoresques, nous avons une vue plongeante sur les toits, le port, la crique et les falaises qui la bordent surplombées d’une frange d’eucalyptus.

Il y a des eucalyptus partout. En filant sur l’autoroute nous nous sommes aperçues que ce que nous prenions souvent pour des forêts de pins n’étaient en réalité que des forêts d’eucalyptus. Radiata ? Globulus ? Citriodora ?

En arpentant le village, nous pensons à ces villages des « cinque terre » que nous avons visité deux ans plus tôt. Il y a des similitudes, mais autant les premiers, magnifiques, subissent l’invasion touristique, autant Cudiliero est resté dans son jus, authentique et peu fréquenté, plus ou moins refermé sur lui-même. Ce n’est pas la richesse, ici ; nous remarquons beaucoup de maisons en ruines, et de nombreuses autres arborent un panneau « se vende ».

Dans les hauteurs du village, inaccessibles aux voitures, deux femmes âgées discutent devant leur maison. Comment se ravitaillent-elles ? Comment fait-on, ici, lorsque l’on ne peut plus se déplacer ? Vit-on reclus chez soi ?

Redescendues vers le port, nous sommes heureuses de trouver une vraie poissonnerie. Nous remarquons même à l’entrée un panier rempli de pousse-pieds, ces coquillages bizarres que les gens du coin s’en vont ramasser sur les rochers fouettés par les déferlantes, au risque d’y laisser leur peau. Une vraie passion, ici, ce « truc » bizarre. Nous n’avons pas vraiment envie d’y goûter ; nous, ce que nous voulons, c’est du poisson tout frais péché… Mais le patron nous dit sèchement qu’on ne peut pas entrer. On a un peu de mal à comprendre pourquoi puisqu’il y a un client à l’intérieur. Celui-ci s’empare d’un balai et le place en travers de la porte. Bon, c’est clair. On ne veut pas nous servir.

Lorsque nous repartons, nous constatons qu’ils sont en train de nettoyer les quais du port au jet. Et hop ! Les mégots et divers détritus ! Tout le monde à la mer !


 

Nous repartons et remontons vers l’autoroute pour l’étape suivante : Castro Coaňa.

On appelle « castro » un village fortifié, et en l’occurrence, le Castro (ou castelon) de Coaňa est un village fortifié d’origine celte que l’on commença à fouiller en 1877. Mais c’est entre 1939 et 1944 que la majorité des constructions furent exhumées. D’une richesse exceptionnelle, il fut classé d’intérêt culturel en 1993.

Ce gisement archéologique apporte de grandes connaissances sur un modèle d’établissement humain qui fut prédominant dans les Asturies à l’âge du fer, et même à l’époque romaine. Le village aurait été occupé au moins depuis le Vl-Vème siècle avant JC, jusqu’au llème siècle après. Il semblerait qu’il ait connu une grande activité durant les premier et second siècles du fait d’une exploitation aurifère dans la vallée du rio Navia et de sa position stratégique, à proximité de la mer et de la portion navigable de ce même rio.

Aujourd’hui, l’ensemble des habitations se répartissent sur une petite colline en deux parties distinctes : l’acropole et le quartier nord. Renforcé de bastions, un rempart de deux mètres d’épaisseur, précédé d’un fossé défensif, enserre l’acropole au sommet de la colline ; un autre rempart protège tout le quartier nord. Au pied de l’acropole, on a exhumé environ 80 cabanes, la majorité étant de forme circulaire.

Quelques unes présentent un plan rectangulaire et l’on peut remarquer dans d’autres la présence d’un vestibule.

Bien entendu, seuls les murs d’ardoise, d’une hauteur moyenne de deux mètres (mais certains atteignent quatre mètres) ont résisté au temps. Les cabanes n’ont pas de fenêtre mais certaines ont deux portes; elles étaient vraisemblablement recouvertes de paille et d’arbustes locaux, tels le genêt, sur une armature de bois. En tant que mobilier, il ne reste plus que des mortiers, des moulins, et parfois un banc. Au centre du quartier nord court un réseau de canaux recouverts d’ardoises : des égouts !

Lorsque l’on pénètre sur le site, la première chose que l’on découvre est le sauna, réemployé et amélioré par les romains, avec sa grande baignoire en granite, ses canalisations, son four et sa chaudière. Face au sauna, une grande « place rectangulaire dominant la partie basse du village et l’ensemble des habitations, vraisemblablement espace public ou « forum » après la romanisation.

L’acropole n’est pas accessible. La femme de l’accueil nous précisera ensuite que des fouilles y sont en cours et que les lieux ne sont pas assez sécurisés. Nous avons d’ailleurs longuement parlé avec elle après la visite du musée ( on peut y voir des vestiges trouvés sur les lieux, une présentation d’autres castros des Asturies et de longues explications sur l’exploitation de l’or qui fut pratiquée dans la région). Commencé dans un français timide (mais bon), constatant que nous la comprenions en espagnol, assez bien (pour moi) et très bien (pour Dominique), elle est entrée dans des explications plus pointues (et dans un débit nettement accéléré !), notamment sur le fait qu’il n’a jamais été retrouvé la moindre sépulture aux abords des « castros ». Bizarre, non ? Que faisaient-ils donc de leurs morts ? Mystère et balle de golf ! Les incinéraient-ils ? Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’ils pouvaient utiliser les nombreux tumuli présents dans la région. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

La visite terminée, nous nous restaurons sur le parking avant de reprendre la route (et l’autoroute) jusqu’à Viveiro, petite ville bordant une large ria, la ria de Viveiro, pardi ! Nous allons directement au camping, situé entre la ria et la plage de Covas, (la praia, dit-on ici, puisque nous sommes arrivés en Galice où la langue locale n’a plus grand-chose à voir avec le castillan). Nous supposons que cela ressemble au portugais… Nettement plus compréhensible que le basque, heureusement. Nous remarquons en tout cas que les catalans ne sont pas les seuls à avoir éradiqué le castillan de l’affichage public, alors arrêtons de les stigmatiser !!! A partir de maintenant, tout sera en galicien. On s'adapte.

Nous partons aussitôt à la découverte de la ville. Depuis midi, le soleil est revenu.

Nous pénétrons dans les quartiers historiques par la porte de Charles Quint, du XVlème siècle, dernier vestige d’un rempart médiéval, majestueuse, couronnée de créneaux ouvragés.

La petite ville de Viveiro est agréable, les ruelles décorées, parées de petits drapeaux, les vitrines attrayantes. Nous tournons autour de la très ancienne église Santa Maria de Campo, faute de pouvoir y entrer (ici, on ne dit pas iglesia, mais igrexa), admirant son architecture extérieure. La plus ancienne et la plus pure des églises de style roman de Galice, dit le Routard. Mobilier intérieur intéressant ; on les croit sur parole.

De nombreuses bâtisses arborent désormais le style galicien, avec leurs galeries en façade, souvent sur plusieurs étages.

Le routard parle de « bow-window » et si cela donne une idée du style, nous n’avons pas réussi à trouver le mot exact, en espagnol ou en français. Les galeries, constituées de boiseries et de verrières, recouvrent parfois toute la façade des maisons à l’exception du rez-de-chaussée ; pour d’autres, seuls un ou deux balcons sont fermés. Les boiseries sont généralement très travaillées, uniformément blanches ou colorées.

En aval de la ville et du port de Celeiro qui la jouxte, la ria de Viveiro est ponctuée de criques et de plages, dont la plage de Covas (praia de Covas, donc). Le camping est juste à côté et nous allons y faire un tour après le souper. La promenade longue d’environ 1,5 kilomètre permet de découvrir la baie pittoresque, piquetée de nombreux îlots.

Plusieurs maisons du front de mer arborent la même banderole intrigante : « S.O.S praia ». Que se passe-t-il donc ici ?

Renseignements pris sur Internet : suite à la construction d’une nouvelle jetée pour le port de Celeiro, la dynamique des marées est perturbée et la plage serait progressivement grignotée. Voilà… C’est ça, le progrès. Et c’est la même histoire partout ! (Le Racou !)

Fredo

 

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