Aujourd’hui, nous attaquons la côte de la mort !!!
On peut bien le dire, pour nous la côte de la mort justifie à lui seul notre déplacement jusqu’en Galice. On en a tellement parlé ! Toujours comparée à la Bretagne, nous attendons donc forcément beaucoup de cette découverte (puisque nous adorons la Bretagne). Ce sera donc, pensons-nous, le point d’orgue de notre voyage et après notre déception d’hier, nous sommes très impatientes de découvrir le cabo Finisterre qui n’est pas, comme on a coutume de le dire le point le plus occidental d’Europe, puisque son voisin, le Cabo Nave s’avance encore plus à l’ouest.
La côte de la mort doit son nom à la bonne centaine de navires qui y firent naufrage, naufrages bien souvent provoqués par les habitants du coin qui attiraient les navires vers les rochers pour pouvoir piller leur cargaison. Sympa.
Nous filons directement sur Fisterra, le village le plus proche du cap. Nous traversons pas mal de villages sans charme ; seuls les horréos, ces greniers à maïs rectangulaires perchés sur pilotis, en pierre et souvent orné de croix à chaque extrémité, apportent une note typique, avec parfois, une ou deux maisons anciennes. Le reste est noyé dans des constructions plus ou moins modernes, interventions humaines plutôt malheureuses dans un paysage naturel plein d’attraits, forêts d’eucalyptus, de pins, relief vallonné, côtes rocheuses spectaculaires. Quel dommage !
L’arrivée à Fisterra est donc tout aussi moche que le reste, mais comme nous ne pouvons pénétrer le cœur du village (rues barrées !) et que nous filons directement en direction du cap, nous pouvons encore entretenir quelques illusions. A la sortie du village, en direction du cap, une jolie église, la igrexa Santa Maria des Areas, attire la foule. Beaucoup de voitures garées à l’entour et pas mal de pèlerins. Au-delà, nous repérons un espace propice au stationnement ; il nous reste moins de deux kilomètres pour atteindre le phare ; nous décidons de les faire à pieds.
Le chemin où se pressent promeneurs et pèlerins est aménagé au bord de la route, protégé par une barrière en bois. C’est toujours mieux que de marcher directement sur la route, mais les odeurs d’essence, de gasoil, ainsi que le bruit des moteurs gâchent un peu le paysage. Impossible de ne pas faire la comparaison avec la pointe du Van ou la pointe du Raz, si bien préservées et aménagées pour le plaisir des marcheurs, à l’écart de toute circulation. De plus, un ciel bas, très bas, chapeaute toute la crête du cap. En contrebas, la mer se brise contre les rochers ; de temps à autre, une éclaircie dégage un joli point de vue maritime. La nature est belle.
Rapidement, nous atteignons le bout de la route. Parkings, cafés, commerces, tout le toutim… Un gratteur de guitare a déposé sa casquette devant lui… A vot’bon cœur ! Un peu plus loin, mais pas suffisamment pour éviter la cacophonie, un joueur de cornemuse donne toute sa mesure (déjà que je ne suis pas fan !). Il y a foule ! Nous contournons un phare carré pour nous avancer plus avant, en direction d’une croix de pierre où des tas de gens se font photographier. Il faut bien pouvoir montrer qu’on y était ! Difficile de prendre un cliché un peu personnel en évitant les indésirables. Encore plus bas, un pylône ! Pas top, même s’il est décoré de tous les gris-gris laissés par les pèlerins (même des chaussures) en témoignage de leur passage. D’autres témoignages de la fréquentation humaine sont encore plus navrants : le sol est jonché de mégots (je n’en ai jamais vu autant !), de détritus de toutes sortes, papiers, mouchoirs, cannettes, emballages… La pointe s’avance encore un peu dans la mer qui s’agite en contrebas, provoquant de belles gerbes d’écume contre les rochers.
Grosse, grosse déception…
Nous ne traînons guère dans le coin et redescendons vers le camion. Nous ne savons pas trop pourquoi, mais ils n’arrêtent pas de faire exploser des pétards. On aperçoit les étincelles dans le ciel au dessus de la mer. Sans doute une fête se prépare-t-elle ? La Saint Jean ? Nous nous restaurons avant de prendre la direction opposée au cap pour aller visiter le village, en repassant devant l’église où il y a toujours autant de monde. Oui, il doit y avoir une fête.
Là, il faut citer un extrait de la description du « Routard » à propos du site : « Restent quelques paysages grandioses, et Fisterra, une grosse bourgade aux ruelles pentues qui conserve un certain caractère à défaut d’un charme fou ».
Oui, il y a de beaux paysages et oui, les ruelles sont parfois très pentues. Mais pour le reste… caractère et charme (même pas fou), je crois qu’ils se fichent de nous. Le seul monument qui puisse retenir l’attention est le « castelo San Carlos », où se trouve le musée de la pêche, mais le musée est fermé et on ne peut même pas pénétrer dans l’enceinte du fort ; ils ont mis une chaîne. Vu du fort, nous jetons un œil sur le village, le port… C’est laid ; pas d’autre mot. Du coup, nous revenons illico au camion, repassant encore devant l’église où la foule commence à s’agglutiner sérieusement ; il y a même une voiture de police… Nous accélérons le pas ; ne traînons pas, où il y a des risques que nous soyons coincés l
Quelques minutes plus tard, nous avons démarré et nous sommes effectivement arrêtées par le policier ; ils attendent une procession et nous en avons pour une dizaine de minutes. Voilà. Avant nous, ils sont tous passé, et celui qui arrive derrière parlemente… Il passe ! Voyant cela, nous parlementons aussi, mais il nous répond que le véhicule est trop grand et que nous ne passerons pas. Bon, n’insistons pas. Il ne nous reste plus qu’à attendre, en espérant que ce ne sera pas plus de dix minutes.
Les pétards continuent leur tintamarre ; heureusement que nous n’avons plus Virgile, il serait terrorisé. La procession arrive enfin, précédée de gamines en robe blanche et froufroutante ; alors il s’agit peut-être de communions ?
Enfin, on nous libère. Finalement, c’était vrai ; nous n’avons pas attendu plus de dix minutes.
Nous longeons la côte.
Oui, c’est vrai, la côte est belle, découpée, mais la traversée des villages, des ports qui se succèdent reste décevante. Les maisons sont souvent décrépies, lépreuses, presque en ruines. Pas de station balnéaire ici. C’est pauvre.
A Ezaro, l’ambiance devient assez perturbante, pour ne pas dire angoissante. Nous contournons le monte de Pindo aride, sillonnée de barres rocheuses. Sur des kilomètres, tous les arbres sont morts. Ont-ils brûlé ? Nous ne voyons pas de séquelle de feu, pas de tronc calciné. Sont-ils malades ? Nous nous posons encore la question.
Du côté de la mer, criques et plages se succèdent. Nous remarquons beaucoup d’algues vertes ; nous l’avions déjà noté. Pas de baigneur. Îles, presqu’îles, îlots ; oui, c’est beau, mais nous sommes mal à l’aise.
Nous nous arrêtons à Carnota pour admirer un horréo long de 35 mètres. Impressionnant ! Le village est d’ailleurs assez joli, avec un vieux cœur, une belle église et plusieurs autres horréos, plus petits mais jolis. Le cimetière est très impressionnant. Mais beaucoup le sont ici. Pas vraiment envie d’y entrer…
Nous commençons à nous sentir mieux à partir de Louro où, pour l’instant, nous ne faisons que passer pour aller visiter Muros, un peu plus loin. Les paysages maritimes deviennent superbes ; nous longeons une plage magnifique et la pointe Careiro qui s’avance dans la mer ne manque pas d’allure.
Muros est situé dans une joli baie aux eaux calmes, la profonde ria de Muros et Noïa, et nous trouvons assez facilement à nous stationner sur le port, après avoir eu peur de devoir repartir sans rien pouvoir visiter tant les places semblaient petites sur les parkings. Nous nous dirigeons avec impatience vers les vieux quartiers dont nous avons eu un aperçu en passant et qui nous ont semblé particulièrement beaux.
Et c’est vrai ! Enfin un village, un port, avec un cœur préservé, riches de maisons et de monuments anciens bien conservés. « Enfin une certaine unité », souligne le Routard. On est d’accord ! D’ailleurs, le village est classé, et il le mérite. Belles maisons à galerie sur le front de mer et à l’intérieur, ruelles étroites, bordées de belles demeures en pierre, passages à arcades, jolies places et fontaines monumentales. « The must » aujourd’hui, c’est que nous tombons sur la préparation d’une procession qui doit avoir lieu ce soir, à 20 Heures. Toutes les femmes du village, et quelques ados, recouvrent le sol des ruelles en direction de l’église paroissiale San Pedro où doit se diriger la procession, réalisant de superbes motifs floraux, géométriques ou symboliques. Quel travail ! Et dire que tout cela va être bousculé, piétiné, ruiné, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ! Elles sont au boulot depuis huit heures ce matin, et elles n’ont pas terminé, loin de là, bien qu’il soit bientôt dix-sept heures. Nous avons vraiment beaucoup de chance d’assister à cela.
En déambulant, nous remarquons que, comme nous l’avions vu en Navarre, les gens d’ici aimer laisser ouvert le vestibule de leur maison pour que chacun puisse en admirer la décoration, fleurs, mobilier…
Petite remarque en passant… Pour réaliser ce travail magnifique, combien de milliers de fleurs a-t-il fallu sacrifier ?
Nous suivons le trajet de la procession pour gagner l’église, en surplomb du village, ancienne collégiale datant de 1400. Elle est très belle extérieurement et comme elle est ouverte, nous entrons. L’église à la particularité de ne présenter qu’une seule nef, très large, en forme de coque de navire retournée. Nous ne nous attardons pas vraiment, un peu effrayées d’emblée par l’allure terrifiante d’un Christ en croix ornant une chapelle latérale. Très réaliste ? Trop. Franchement, on se croirait carrément à Halloween ! On voit bien que le but de la religion est de maintenir le croyant dans la peur du péché !!!
Au siiiicours!!!!!
En quittant Muros, nous optons pour un retour sur Louro où nous savons trouver plusieurs campings. Nous échouons au camping Aucoradoiro, carrément en bord de mer, cette belle côte rocheuse présentant effectivement des similitudes avec la côte de granite rose de Ploumanac’h. Nous espérons bien trouver quelques petits sentiers côtiers sympathiques dans le coin !
Est-ce parce que nous sommes des femmes ? Le patron nous impose un emplacement, alors qu’il laisse choisir le couple qui arrive derrière nous. Après une tentative pour occuper cet espace peu commode, nous en repérons un qui nous va mieux et allons le lui signaler. Pas d’objection. De toute façon, nous étions prêtes à repartir.
Sitôt installées, nous allons nous balader jusqu’à la croix de la Punta Lens, jolie promenade, un peu courte, mais nous la rallongeons en allant découvrir la « praia Agro de Grelo », longue plage de sable blanc qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres, où nous trouvons quelques jolis coquillages (mais pas tant que cela !) et même deux « porcelaines puce » (nous n’arrivons plus à en trouver chez nous !). D’énormes rouleaux ont attiré quelques surfeurs téméraires…
La journée se termine mieux qu’elle n’a commencé !
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Nous sommes deux soeurs... L'une peint, l'autre écrit. Nous avons envie de partager nos vécus, nos ressentis, nos expériences; de témoigner... Nous aimons par dessus tout la nature, notre plus grande source d'énergie... Sur ce blog, nous vous présenterons des peintures, des livres, mais aussi des photos de nos voyages, de nos randonnées, des récits... Nous tenterons enfin de vous entraîner dans la grande aventure de notre vie: notre cheminement spirituel vers l'Amour et la Lumière.