2 juillet 2019
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19:35
Nous voici de retour à St G après deux semaines de vagabondage en Espagne et pour être plus précise sur la côte Atlantique. Un voyage déstabilisant qui nous a fait découvrir une Espagne totalement différente de ce que nous connaissions, parfois comme laissée à l’abandon. La côte très découpée abrite fréquemment à la hauteur de ria des pôles industriels tels que nous en voyions en France il y a une vingtaine d’années. Cheminées crachant une fumée épaisse et malodorante, on doute qu’il y ait des filtres à particules, torchères, vieux bâtiments abandonnés ou non, il faut parfois avoir franchi ces zones puis des barres d’immeubles sans âmes pour accéder le plus souvent à un front de mer hérissé de grands bâtiments jouxtant un vieux beau centre ville encore dans son jus. Que dire des pétroliers ancrés au milieu des bancs de moules?
Si Pays Basque, Cantabrie et Asturies nous ont offert leur lot de jolies découvertes, j’y reviendrai, cela s’est incontestablement gâté en Galice et plus spécialement en bord de mer.
Majoritairement les villages n’offrent aucune unité architecturale et fréquemment l’habitat semble inachevé. Des ruines d’immeubles à peine commencées et jamais finies sont présentes partout. Alors que le plus souvent en Espagne les maisons sont regroupées autour des centres villes, il n’est pas rare de faire des dizaines de kilomètres sans voir une habitation, là elles sont dispersées un peu partout. Malheureusement car elles exhibent leur banalité à côté de superbes ruines qui permettent de se faire encore une petite idée de ce qu’était l’habitat typique. En Galice nous avons repéré fréquemment de ces bâtisses sur plan carré, couvertes de grandes dalles de schiste, aux toits à quatre pentes hérissés sur tout le pourtour de pierres taillées en tétraèdres croulant sous une végétation invasive. Cubes de 2, 3 étages aux crépis vert cru, violacé ou jaune canari ont également envahi les villes et villages où ils jouxtent de belles demeures tombant en ruine.
Seul l’horréo est généralement pimpant. Ces constructions, greniers à maïs en Galice, réserve de vivres, fourrage en Cantabrie ou Asturies sont spectaculaires. Perchés sur des blocs de pierre ou des pieux de bois afin de les isoler du sol et de l’humidité, la construction par elle même est protégée de l’incursion des rongeurs par de grandes dalles de pierre installées au sommet de chaque bloc ou pieu sur lesquelles prend appui le plancher.
En Cantabrie et Asturies les murs sont en bois, ajourés ou non. Souvent dotés de galeries ces horréos à plans carrés sont très séduisants, de sympathiques petits bungalows ! En Galice, de plan rectangulaire, ils affichent parfois des longueurs spectaculaires, par contre fait en pierre, majoritairement du granit pour les anciens, leur aspect cimenté est parfois assez disgracieux.
Au cours de ce périple nous avons coupé et recoupé le « Camino de Santiago » rien d’étonnant dans la mesure où notre but est le sien mais quand même décourageant car il emprunte très fréquemment des portions de routes fortement fréquentées. Même le tronçon qui mène au Cap Fisterra n’échappe pas au bitume. Raison de plus pour me confirmer que faire le pèlerinage n’est pas pour moi !
Le 23 juin nous atteignions sur le coup de 11 heures le village du même nom et stoppions notre Ptibus juste au début de la route qui mène à ce bout du monde et qui n’est pas contrairement aux idées reçues le point le plus à l’est de notre continent, nous aurons au moins appris qu’il s’agit du Cabo Touriňan ! Le Camino longe la route et débouche sur un lieu qui nous a paru franchement pas folichon.
Quelques commerces regroupés au sein d’un parallélépipède d’une banalité à pleurer, plus loin un hôtel - cafétéria - centre d’interprétation surplombe les falaises, deux pylônes que l’on ne s’attend pas à trouver là et partout la foule. Quelques vieux godillots sont restés en panne sur le site à titre de souvenir, ainsi que des foulards et autres objets qui à la première tempête prendront la poudre d’escampette ! Revenues au camion après être restées interloquées par ce qui est annoncé comme un cimetière mais dont seuls sont visibles quelque structures bétonnées vides, nous avons été accueillies par une pétarade effrénée, genre feu d’artifice en plein jour. Nous y avons eu droit une bonne heure, le temps d’un aller retour au village des plus rapides.
Des cubes empilés, pas d’arbres ou si peu, un vieux petit château fortifié transformé en musée mais fermé quant à l’église impossible de l’apprécier noyée au sein d’une marée de véhicules. Démoralisées nous nous apprêtions à quitter les lieux quand la maréchaussée nous a couper toute possibilité de retraite, procession oblige. Baldaquins, drapeaux et étendards, foule endimanchée et lot de communiantes ont surgi sous les tirs de pétards redoublant de force. Démonstration de Foi ou rite païen ? Je me garderai de vous livrer le fond de ma pensée mais quand en fin de soirée nous avons découvert, toujours sur la Côte de la Mort le très beau village de Muros la question s’est reposée.
Muros est l’exception car pour une fois le patrimoine bâti a été préservé et l’unité architecturale est un régal pour les yeux. Notre découverte du village a été particulière, fleurie en quelque sorte. Depuis 8 heures du matin des femmes et quelques jeunes ados recouvraient de motifs floraux et religieux le sol des rues qu’allait emprunter la procession du Corpus Christi (fête Dieu pour les ignares dont j'étais).
Très beau mais dire qu’en un rien de temps tout allait être piétiné ! Le lendemain nous sommes repassées par là et des monceaux de pétales, branches, feuilles jonchaient les rues qu’un bataillon d’employés municipaux balayaient et ramassaient !
Pauvre Nature !
Le lendemain, rattrapées par une circulation d’enfer, méfiantes quant à la signalétique (c’est toujours quand nous avons trouvé la bonne direction au prix de moultes demis tours que le panneau salvateur nous confirme que le pifomètre a bien fonctionné), nous décidions d’un repérage afin de situer le camping de Santiago !
Nous allions y rester !
Mais c’est une autre histoire !
Notre récit de voyage va pouvoir débuter.
Do