Lorsque nous quittons Viveiro ça fulmine dans le fourgon !
En arrivant aux sanitaires pour ma petite douche matinale, une femme la mine catastrophée brassait de l’air invoquant à grands cris « Réssuse » ! Je me suis inquiétée de la nature du problème, croyant qu’elle appelait son mari. Après tout Jésus est un prénom fort répandu en Espagne, à commencer par notre voisin ! J’ai vite réalisé ma méprise. La femme m’a enjoint de la suivre dans les WC où régnait une odeur pestilentielle puis m’a expliqué les problèmes de boyaux de la « niňa » et la fermeture de la réception du camping avant de reprendre ses invocations à Jésus. N’aurait-il pas mieux valu songer à mander la déesse serpillière et ses acolytes savon, seau et eau à la rescousse ?Je l’ai laissé à ses imprécations pour me doucher à une vitesse record avant de rejoindre Frédo et de lui conseiller de viser les sanitaires hommes moins odorants. Pas de bol, quand elle a rejoint le bloc sanitaire pas question d’investir le côté « senior », ça ne rigole pas avec la décence et chez les dames la situation n’avait pas évolué !
Nous fulminions donc en quittant le camping, non contre les responsables de l’établissement mais contre la famille de la gamine incapable de prendre en charge une situation les concernant au premier chef. Cela nous a rappelé les récriminations quant à la gestion des déchets en certains points des villes et villages. Quand des containers débordent et que d’aucuns déposent leurs détritus sur le sol à côté, qui est responsable de la saleté des lieux ? Celui qui aurait pu remballer sa poubelle pour la déposer ailleurs voir surseoir ou ceux charger de vider les containers lors de tournées régulièrement programmées ?
Mais revenons en à nos moutons.
Ayant mis le cap sur Betanzos, notre première étape aurait dû être pour la forêt d’eucalyptus de Chavin, juste au sud de Viveiro. Aurait car nous n’avons jamais trouvé la route ; que n’avions nous eu recours à l’application géniale MAPS.ME. Il suffit de télécharger par avance les cartes sur le téléphone et cela fonctionne ensuite comme un GPS. Trop chouette.
Betanzos est une ancienne ville portuaire, elle a gardé un charme certain de ses années florissantes. Ville jadis acquise aux idées du siècle des Lumières, elle fut aussi un puissant foyer libéral. C’est d’ailleurs à Betanzos que nous avons déniché nos premières affiches contre le machisme et les violences faites aux femmes et les premiers lieux d’accueil qui leur sont destinés.
La vieille ville est charmante et compte rien moins que 4 églises regroupées dans un espace assez restreint.
Nous en visiterons une seule surtout pour ne pas déplaire à une petite mamie un brin autoritaire. Nous préférons souvent tâter l’ambiance d’une ville en testant commerces, bistrots, notre halte au marché couvert nous vaudra de trouver, enfin !, du poisson frais et à un prix défiant toute concurrence.
Sur la Praza de la Constitución nous découvrons une composition en 3 D, une marine réalisée par les enfants des écoles. Destinée à sensibiliser la population sur la pollution du plastique tous les éléments de cette création auraient dû se trouver dans nos poubelles et non sur les plages, au moins auront-ils échappé aux fonds des mers !
Les maisons à galeries voisinent de vieux palais renaissance,
une demeure art nouveau tranche sur l’ensemble quant à l’igrexa du couvent Santo Domingo installée Praxa de Garcia Hermanos elle affiche carrément un air mexicain.
Repassée au fourgon pour y déposer notre poisson, nous gagnons le parc du Pasatiempo, un délire rococo un peu vieillot et décrépi. Nous traînons un petit moment sans repérer la moindre reproduction de mosquée ou de pavillon chinois. Un vieux reste de labyrinthe, quelques canards, rien vraiment d’exotique mais une passerelle qui traverse le parc sur toute sa longueur. Nous l’empruntons mais impossibilité de poursuivre notre exploration, le sol de la passerelle semble plutôt « mitée » et le passage est condamné. Nous revenons sur nos pas et ce ne sera que de retour à St G que nous découvrirons que tous ces délires rococos que nous n’avons pas vus existaient bien, il aurait juste fallu pouvoir emprunter la passerelle et passer de l’autre côté de l’avenue ! Le parc est en deux parties ! Fallait savoir !
A Coruňa n’étant qu’à quelques kilomètres de Betanzos nous y filons d’une traite et après avoir galéré comme des malades pour nous garer nous atterrissons juste au bord du paseo maritimo dans un quartier récent mais qui offre l’avantage de pouvoir gagner le centre ville après un bain de nature. De nature mais pas de mer, une pollution à l’Echerischia Coli a vidé toutes les plages !
Nous démarrons la balade visant la Tour d’Hercule et sommes immédiatement attirées par ce qui de loin ressemble à Stonehenge.
Nous aurons beaucoup de difficultés à savoir de quoi il retourne, nous glanons quelques indices et comprenons vite que ces lieux furent le théâtre de douloureux évènements, il n’est pas exagéré que de dire que nous le ressentons dans nos tripes ! Nous avons atteint El Campo de la Rata et le premier ensemble aperçu de loin, le « Menhir Pentacefalico ». Inauguré en 2001 c’est un hommage aux victimes de la répression franquiste. Deux poèmes de Fédérico Garcia Lorca et Uxio Carre Alvarellos ornent ses frontons. Nous déambulons sur la vaste prairie attirées par un autre groupe de pierres levées, ces menhirs constituent une seule et même œuvre architecturale, conçue par le sculpteur galicien Manolo Paz.
Nommée Menhirs de la Paix ils participent à l’oeuvre de mémoire du peuple galicien. Ici furent fusillés entre 1936 et 1937 des républicains socialistes et tous ceux qui osaient afficher une idéologie de gauche. Quant à la nature des œuvres, des mégalithes, le choix vient du désir de rendre hommage à la culture celte, une culture qui a essaimée loin en Europe principalement grâce à sa maitrise du fer. Elle a également laissé un héritage culturel de qualité et une écriture, les runes. Nous avons connaissance de l’existence d’un alphabet, dit de Ogham et savons que cette écriture était notamment utilisée pour ratifier des traités de toute nature avec d’autres civilisations. Cette écriture fut reprise par les Vikings.Nous gagnons ensuite la tour d’Hercule suivant un chemin transformé en parcours de découverte, ponctué de panneaux explicatifs nous apprenons que l’étendue râpée où nous déambulons fut jadis cultivée et alimentaient les habitants de la ville au prix d’un dur labeur.
Cette tour d’Hercule est présentée comme le plus vieux phare en activité du monde Construit au Ier siècle après J.C. par les romains. Son parcours chaotique lui a infligé quelques dommages, abandonnée, pillée puis restaurée pour surveiller les attaques normandes puis musulmanes, elle a été largement remaniée depuis son origine. Massive la tour d’origine a été doublée à l’extérieur par une enceinte qui lui confère cet aspect austère. Au prix d’une ascension de 234 marches on peut découvrir un panorama quasiment inchangé depuis les romains.
Nous filons ensuite vers la vieille ville enfilant l’avenue de Navarra pour ainsi dire désertée, il est 15 heures et chacun se restaure. L’ambiance calme change insensiblement et comme nous approchons de la Ciudad Vieja une rumeur nous enveloppe.
Les bodegas, bars à tapas, restaurants sont bondés et dans les rues il faut jouer des coudes pour se frayer un passage et gagner l’avenida de Montoto.
Bordée sur toute sa longueur de demeures à galeries, vision emblématique de la Corogne. Pour ma part je n’ai pas été séduite, si encore comme à Bétanzos, Lugo ou Mondoňedo les galeries avaient arboré des bois de différentes teintes cela aurait animé les façades. Là tout ce blanc et les petits carreaux des vérandas donnaient une impression d’uniformité et de platitude.
Un petit coucou à Maria Pita, la Jeanne d’Arc galicienne qui trône au centre de la place qui lui doit son nom et nous gagnons le coeur de la vieille ville. Plus un bruit, nous sommes seules à déambuler au coeur d’un lacis de ruelles bordées d’austères demeures qui débouchent toutes ou presque sur la Praxa Xeneral Azcàrraga, les cafés sont fermés mais l’ombrage des magnolias est délicieux.
Les églises sont partout mais fermées ce qui en soit n’est pas grave car même si nous en zappons quelques unes nous arrivons à être en overdose. Impossible d'échapper aussi à St Jacques.
Au sommet de la vieille ville culmine l’église Santo Domingo plutôt austère, il faut dire que celui dont elle tire son nom (qui est le mien, dois-je en être fière?!) n’était pas un rigolo. Béatifié après avoir perpétré au nom de Dieu de telles hécatombes, cela questionne quand même !
Les guibolles un peu raides nous nous décidons à rallier le fourgon. Nous déambulons depuis 4 bonnes heures et avons presque tout le paseo maritimo à remonter. Vaillamment nous nous y collons puis rallions la Côte de la Mort, brrr, pour échouer dans un petit camping aux sanitaires très éventés.
:
Nous sommes deux soeurs... L'une peint, l'autre écrit. Nous avons envie de partager nos vécus, nos ressentis, nos expériences; de témoigner... Nous aimons par dessus tout la nature, notre plus grande source d'énergie... Sur ce blog, nous vous présenterons des peintures, des livres, mais aussi des photos de nos voyages, de nos randonnées, des récits... Nous tenterons enfin de vous entraîner dans la grande aventure de notre vie: notre cheminement spirituel vers l'Amour et la Lumière.