L’habitat troglodytique est très présent dans le massif vosgien, il faut dire que le relief et la nature des sols s’y prêtent particulièrement, le grès est une roche tendre et l’érosion fluviale n’a pas ménagé sa peine.
Un peu partout au cours de notre périple, au pied des falaises de grès, parfois à mi hauteur, les habitations troglos sont présentes. Les premières visitées furent habitées avant 1789, situées à quelques encablures du rocher de Dabo seules trois habitations situées sur des terrains privées échappèrent au massacre perpétré par l’administration prussienne. En 1872, 38 personnes vivaient là sous le sommet du Falkensfel, en marge de la société. La région passée sous domination prussienne, pour les obliger à réintégrer les villages, les prussiens firent sauter en 1894 les cavernes situées sous sa juridiction. Oserai-je une aparté ?! Un peu comme aujourd’hui quand on détruit les yourtes, mobilhomes de personnes choisissant de vivre en marge de la société, histoire de survivre surtout.
Aujourd’hui leur accès est libre et situé sur un itinéraire de randonnée, relativement facile d’accès, rien à voir avec les maisons du rocher à Graufthal.
Entouré de forêts et dominé par les falaises de grès rose, le village était célèbre pour son abbaye bénédictine dont l’existence est attestée dès le 12e siècle. Aujourd’hui il n’en reste plus grand-chose mais ce qui assure la notoriété de Graufthal ce sont les maisons dites du rocher.
Habitées jusqu’au début des années 60, aujourd’hui restaurées, réaménagées ces maisons restituent le cadre de vie des habitants qui vécurent là sans eau ni électricité.
La plus petite ne comportait que 2 pièces à vivre, une remise et une étable, un grenier où couchaient les huit enfants de la dernière famille ayant vécu en ces lieux !
Un jardin collectif est installé sous un surplomb de la falaise pendant qu’à l’extrémité de ce village perché se trouvait ce qui fut une minuscule fabrique d’allumettes !
C’est en 1805 que fut inventée la première allumette. D’abord oxygénée puis phosphorique la première allumette chimique à friction et tige de bois date de 1813, un an plus tard le phosphore blanc y fut ajouté.
En 1831 les premières fabriques d’allumettes firent leur apparition en France et en 1870 on recensait déjà 500 à 600 fabriques, principalement de petites unités comme c’était le cas en Moselle ou dans le Bas Rhin . En 1872 l’État instaurait un monopole sur les allumettes.
Les conditions de travail étaient catastrophiques ; scolarisés au maximum 2 mois par an, des enfants de moins de 12 ans étaient employés par ces fabriques à raison de 12 heures de travail par jour dans un air vicié par les émanations des substances toxiques. Malgré les dénonciations, aucune des formalités prescrites par la loi n’étant remplies, le travail des enfants a pourtant perduré longtemps, les familles préférant les voir travailler en ces lieux pour leur éviter la mendicité, tout en sachant qu’ils étaient maltraités et violés par leurs ainés.
la fabrique d'allumettes sous les rochers
En visitant ces maisons sous le rocher de Graufthal on découvre un autre monde, un monde dont nous sommes les héritiers. Pourtant nous avons tendance à oublier ce qu’il a fallu d’opiniâtreté, de combats et de douleurs pour arriver à éradiquer cet univers à la Zola. Méfiance pourtant ! Petit à petit, à brader tous les acquits sociaux gagnés par nos aînés ne serait-ce qu’en les jugeant insignifiants ou coulant de source innés tout est entrain de se détricoter.
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Nous sommes deux soeurs... L'une peint, l'autre écrit. Nous avons envie de partager nos vécus, nos ressentis, nos expériences; de témoigner... Nous aimons par dessus tout la nature, notre plus grande source d'énergie... Sur ce blog, nous vous présenterons des peintures, des livres, mais aussi des photos de nos voyages, de nos randonnées, des récits... Nous tenterons enfin de vous entraîner dans la grande aventure de notre vie: notre cheminement spirituel vers l'Amour et la Lumière.