15 mai 2018
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Après la découverte de Prades, jolie petite ville médiévale qui vit naître le peintre Joan Miró, puis une halte moyennement satisfaisante à Caspe, agglomération sans trop de charme surplombant l’embalse du même nom sur le rio Ebro, lac artificiel surnommé la « mer d’Aragon », nous filons vers Teruel avec une certitude : nous reviendrons à Prades pour une découverte plus approfondie. La ville dispose d’un camping permanent où il est possible de louer des chalets. La région est sillonnée de sentiers de randonnées permettant de découvrir « les montagnes de Prades » dont nous avons eu un joli aperçu du haut de l’Abellera, un petit ermitage accroché à la paroi rocheuse. Du haut de ce promontoire, nous avons deviné la présence de petits villages pittoresques ; bref, voilà un terrain de découvertes peu éloigné de chez nous qui nous tend les bras… Alors pourquoi ne pas y revenir en hiver ? Affaire à suivre…
Mais revenons-en à l’Aragon ! Depuis Mequinenza, c’en est fini des « esteladas », des nœuds jaunes et des affiches réclamant la liberté des prisonniers politiques qui florissaient encore à la Granja d’Escarp, petite ville rurale où nous avons trouvé, toujours avec le même émoi, nos premières cigognes ; il est clair que nous ne sommes plus en Catalogne et que le problème des indépendantistes ne concerne pas trop les aragonais.
La province de Teruel est la plus petite des provinces composant la communauté autonome d’Aragon. Pour arriver là, nous avons traversé des paysages semi-désertiques, des gorges impressionnantes tapissées d’une végétation verdoyante, à l’image des oasis dans le désert.
Autour de Teruel, c’est le Colorado. Tout est rouge. Les arbres se font rares. La ville surgit au milieu de ce désert minéral de falaises, canyons et rochers tarabiscotées, hérissées de grands immeubles plutôt bien intégrés à ce décor de western.
Notre découverte des lieux commence par un contournement de la ville à la vitesse d’un supersonique pour ne pas perdre de vue la voiture d’une famille d’autochtones ayant entrepris de nous conduire à bon port, l’aire de stationnement pour camping-cars située près de la Guardia Civil. Pourtant, la circulation est limitée à 50 km/h , comme toujours en ville ; nous partons donc du principe qu’ils connaissent les lieux et savent qu’il n’y a pas de radar et nous appuyons sur le champignon. Nous apercevons au passage les tours et clochers de la vieille ville, construite à près de 900 mètres d’altitude, au confluent du Guadalaviar et du rio Turia.
Peuplée par les Ibères, puis par les romains, Teruel sera occupée pendant quatre siècles par les arabes, jusqu’à sa reconquête par le roi Alphonse II en 1171. Vestiges médiévaux et édifices mudéjares se côtoient avec bonheur dans cette cité vivante et pittoresque qui fut presque entièrement détruite par les troupes franquistes, entre le 9 janvier et le 22 février 1938.
La chance est avec nous ! Et il en sera ainsi pendant tout ce périple où nous avons décidé de nous laisser porter par la vie… Parvenus au parking destiné aux camping-cars, nous constatons qu’il n’y a plus de place. Etant à proximité d’un parc de sports, il y a surtout des voitures stationnées là, empiétant sur l’espace dédié aux véhicules de loisirs. Qu’à cela ne tienne, nous allons nous garer plus loin, le temps de déjeuner, avec l’intention de revenir voir après si des places se sont libérées. Ils ne vont pas faire du sport toute la journée ; il faudra bien qu’ils aillent manger !
Bien vu. Une heure plus tard, nous nous garons sans problème et nous nous élançons aussitôt à la découverte de la ville.
Finalement, nous ne sommes pas très loin de la vieille ville. Après avoir descendu une longue avenue bordée d’immeubles modernes, nous arrivons en vue des ponts qui s’élancent au dessus de la rivière pour accéder au « casco antiguo ». Plusieurs ponts franchissent le ravin : nous empruntons le viaduc ancien, ou viaducto Fernando Hué, une construction de 1929 aujourd’hui réservée aux piétons, un accès royal à la vielle ville, avec une première découverte la statue de l’Ange et du taureau.
En ce premier mai, la ville est très animée ; il ne fait pas trop chaud, mais beau et il y a foule dans les rues. Les gens musardent, se font plaisir et cela se voit. Nous aussi ; la bonne humeur est contagieuse.
Nous enchaînons les sites remarquables en suivant notre plan de découverte : la plaza del Torico, bordée de superbes maisons rococos,
la cathédrale Santa Maria, aux nombreux éléments mudéjares. Encore plus belle est la tour de l’église San Martin, avec ses motifs géométriques, ses entrelacs gracieux et ses incrustations de céramiques.