CHANSON DOUCE
(Leïla Slimani, Paris, Gallimard, 2016)
« Le bébé est mort ».
Dès la première phrase l’auteure nous révèle la fin de l’histoire. Le livre est un flash back des évènements qui ont conduit à cet épilogue.
Myriam, avocate, mère de Mila et d’Adam décide, malgré l’avis de son mari Paul, de retourner au travail après quelques années passées à élever ses enfants. Le couple se met en quête d’une nounou, le choix est difficile mais finalement Louise s’impose. C’est une perle, les enfants l’adorent ; petit à petit elle devient indispensable à toute la famille.
Louise est une jeune veuve, démunie, sans papiers sur laquelle Myriam et Paul posent un regard admiratif mais qui, par subtiles petites touches, laisse deviner le rapport de classe entre ces deux mondes parallèles.
Leïla Slimani nous distille avec talent, pudeur et tendresse dans un style sec et simple, tous les ingrédients du drame à venir et la psychologie des personnages. Aucun jugement n’est émis. Des faits seulement mais des faits ressentis de façons différentes par le couple et par la nounou.
On pense bien sûr à « l’analphabète » de Ruth Rendell ; mais « Chanson douce » n’est pas un thriller, il dresse le tableau de notre société.
Un très beau roman, doux amer.
Mi